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Dans les séries indiennes, une émancipation sous condition, par Clea Chakraverty (Le Monde diplomatique, avril 2024)

ByVeritatis

Avr 22, 2024


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« Kerala : As Seen On TV » (Le Kerala : comme à la télé) cc Thejas Panarkandy, 2008.

Décors en carton-pâte, méchants aux sourcils broussailleux, épouse pudique effondrée dans ses plis de sari : le temps est bel et bien révolu où Doordarshan, la chaîne d’État, illuminait chaque dimanche d’un épisode en Technicolor du Ramayana, le « feuilleton du siècle ». Désormais, les vilains ont le visage épilé, les muscles huileux ; l’héroïne maîtrise l’AK-47 aussi bien que les cours du Nasdaq ; et les épisodes peuvent être visionnés sur Internet, à volonté.

En Inde, le secteur des médias et du divertissement affiche actuellement plus de 898 chaînes télévisées privées et au moins 40 plates-formes de streaming. Parmi ces dernières, la licence locale Disney+ Hotstar domine, avec 60,3 millions d’abonnés en Asie (principalement en Inde), suivie par Amazon Prime, Netflix, ZEE5 et Sony LIV. Le marché des plates-formes, estimé à environ 1,5 milliard de dollars, pourrait tripler d’ici à 2030. En moins d’une décennie, un nombre important de nouvelles productions sont apparues : elles modifient le paysage audiovisuel d’un pays qui fut longtemps le premier producteur mondial de films (une place qu’il a récemment cédée au Nigeria) ; elles perturbent également les codes qui avaient contribué à cimenter une forme d’identité politique et religieuse au sein d’une nation caractérisée par sa nature protéiforme.

« Ces plates-formes ont permis aux auteurs de s’émanciper un peu des schémas narratifs chers à Bollywood, même si le consommateur indien reste d’abord attiré par les stars qui composent le casting. Il faut donc trouver un juste équilibre entre formes nouvelles et visages connus », analyse la productrice Roopa De Chowdury. Les registres demeurent familiers (policier, satire, récit choral), mais les auteurs visent désormais une audience aussi locale qu’internationale, à l’instar des séries sud-coréennes, au succès assuré.

On filme ainsi des visages connus, dans un New Delhi ou un Mumbai (Bombay) assez lisses, où l’on parle aussi bien un hindi argotique qu’un anglais d’Oxford. Mais on dépeint (…)

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