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La France des nouveaux « nouveaux pauvres », par Maëlle Mariette (Le Monde diplomatique, mai 2024)

ByVeritatis

Mai 14, 2024


« Ce ne sont pas les aides qui sont trop élevées mais les salaires qui sont trop bas »

Le gouvernement français annonce davantage d’austérité. Ses propres statistiques établissent pourtant que de plus en plus de ménages ne parviennent pas à couvrir plusieurs dépenses de la vie courante — chauffage, alimentation ou entretien du véhicule. Parcourir la Bretagne permet d’apprécier l’ampleur des dégâts, notamment en milieu rural et périurbain.

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Martin Bertrand. – Sur la dalle Kennedy dans le quartier populaire de Villejean, Rennes, 2018

© Martin Bertrand / Hans Lucas

Un samedi matin glacial de janvier, dans la zone commerciale de Saint-Renan (Finistère). Mme Christine Floch va acheter « deux, trois bricoles » au magasin Action. On la croise au parking, elle nous montre son smartphone. « Tous les jours, je vais sur l’application EDF, pour vérifier ma consommation. Voyons… Bon… On est seulement le 20, j’ai déjà atteint le montant de ma facture du mois dernier… » Elle range l’appareil, dépitée, puis se frotte les mains, pour les réchauffer. « Ils annoncent encore une hausse de 10 % en février ? Ça va durer jusqu’à quand ? On nous parle de sobriété énergétique, mais nous ça fait longtemps qu’on est en dessous des 19 degrés ! On aimerait bien pouvoir se les payer, les 19 degrés… » La sobriété des uns devient le luxe des autres. « Il y a deux ans, je vivais avec ma fille. Maintenant je suis toute seule, mais ma facture d’électricité a doublé. » Mme Floch va encore baisser le chauffage, porter un pull supplémentaire, espacer les machines à laver.

« Il faut être futée pour s’en sortir, résume cette aide à domicile d’une soixantaine d’années, mais je ne sais vraiment pas comment font les familles. » Les personnes âgées chez qui elle travaille « ne chauffent souvent qu’une seule pièce ». Et elles sont de plus en plus nombreuses à chercher à retravailler, constate Mme Cendrine Perquis, conseillère à la Maison de l’emploi dans une commune voisine. « Pas plus tard qu’hier par exemple, un couple de septuagénaires est arrivé après avoir reçu sa facture d’électricité, qui avait explosé. Nombreux sont ceux qui, au minimum vieillesse [1 012 euros], ne font plus trois repas par jour et ne peuvent pas se restreindre davantage de ce côté. » Du reste, « ici à la campagne, la plupart des gens vivent dans des maisons, parfois anciennes, difficiles à chauffer, souvent sans les moyens de faire les travaux, donc de vraies passoires thermiques ».

« On veut que les enfants se sentent comme les autres »

« Tout flambe ! (…)

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