• dim. Sep 29th, 2024

Reporterre, un média indépendant en pleine santé


L’écologie n’a pas toujours eu bonne presse. Vous vous en souvenez, vous, de cette une du Time en 1989 qui décernait à la Terre le titre de personnalité de l’année ? Dans l’euphorie de la fin de la guerre froide et de l’apaisement des relations internationales, voilà qu’une nouvelle menace venait planer au-dessus de nos têtes.

C’est dans ce contexte que nous avions créé Reporterre, l’un des premiers magazines papier dédiés à l’écologie. Le succès avait été au rendez-vous, avec 26 000 ventes en moyenne chaque mois, mais le manque cruel de capitaux nous avait contraints à l’arrêt.

En 2007, dans un contexte tout différent, j’avais relancé Reporterre sur internet : un modeste site au design sommaire, pour présenter les principales nouvelles de l’écologie, en montrant comment elles croisaient les questions sociales. Et en 2013, nous avons fait le grand saut, avec l’ambition d’en faire un véritable média d’information sur l’écologie. Pourtant, nos moyens étaient… à peu près nuls. Nous ne pouvions compter que sur la bonne volonté des amis avec qui nous avons créé La Pile — l’association pour la presse indépendante, libre et écologique —, sur l’aide de quelques bénévoles, et sur notre travail.

© Reporterre

Mais peu à peu, parce que nous produisions de bonnes informations, nos lecteurs et lectrices ont commencé à nous envoyer de l’argent pour nous soutenir et nous avons pu embaucher un autre journaliste. Un cercle vertueux s’était enclenché : l’information a continué à s’améliorer, plus de dons sont arrivés, l’équipe a grandi, le trafic a augmenté… Voilà, c’étaient les prémices du développement de Reporterre, un développement qui n’a cessé de progresser depuis. Cela paraît si loin, déjà…

Reporterre, un média à part

Dès le début, nous avons fait le choix d’un modèle unique en France : nous diffusons nos articles en accès libre, refusons toute publicité et comptons uniquement sur les dons de nos lectrices et lecteurs pour nous financer.

Sans actionnaire ni propriétaire milliardaire, nous sommes farouchement attachés à notre indépendance. Loin d’être un frein, nous pensons que cet engagement est la clé de notre succès.

Aujourd’hui, Reporterre emploie 19 journalistes professionnels et 6 salariés dédiés à la gestion, au support informatique et à la communication. Sans oublier la quinzaine de rédacteurs, photographes ou dessinateurs indépendants avec lesquels nous collaborons régulièrement.

© Reporterre

Près de 2 millions de lectrices et lecteurs comme vous nous font confiance chaque mois pour s’informer. Notre budget mensuel, de 200 000 euros, provient à plus de 98 % de leurs dons. Les 2 % restants sont issus des droits de reproduction des articles et des droits d’une collection de livres édités au Seuil. Et comme vous le découvrirez dans ce rapport d’activité, l’association est en excellente santé financière, avec un budget de 2,7 millions d’euros et un excédent d’exploitation de 407 000 euros. Ainsi, nous allons pouvoir continuer à améliorer le site, informer et enquêter toujours mieux, lancer de nouveaux projets. À l’heure d’une perte de confiance généralisée dans les médias, où l’on décrète partout la presse en crise, c’est un succès dont nous sommes fiers.

Aujourd’hui devenus un des premiers médias indépendants de France, aux côtés de Mediapart ou d’Alternatives économiques, nous avons pleinement conscience de la responsabilité particulière que cela place entre nos mains. Il faut dire que l’époque est plus inquiétante que jamais. Alors que l’on pensait avoir enfin assis la question écologique comme un objet prioritaire du débat public, nous faisons face à un violent retour de bâton.

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Le climatoscepticisme regagne du terrain ! La prétendue « écologie punitive » fait florès chez les démagogues… L’extrême droite gagne en puissance et en popularité, favorisée par les médias détenus par des milliardaires et la duplicité de la droite. Bernard Arnault, Vincent Bolloré, Rodolphe Saadé, Daniel Kretinsky — et bien d’autres —, orientent toujours plus les médias à leurs bottes vers une vision réactionnaire du monde. Même Radio France, après avoir proclamé à grands sons de trompe son grand « tournant » sur l’écologie en 2022, sabre désormais les émissions sur l’environnement de sa grille.

Pourtant, plus que jamais, l’écologie est urgente. Plus que jamais, l’information sur l’écologie est urgente. Plus que jamais, ouvrir un horizon émancipateur, juste et désirable est urgent. Avec ténacité, obstination et droiture, c’est cette ligne que tiendra Reporterre.

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Nous souhaitons rester un cœur vibrant d’énergie et d’imagination, en amitié et alliance avec tous les autres médias indépendants. Ensemble, nous formons la digue de la résistance aux pulsions mortifères que les dominants veulent injecter dans la société.

En dix ans, grâce à vous, nous avons fait grandir notre petit journal en un média de l’écologie fort, indépendant et avec lequel les puissants doivent compter. Dans les dix ans à venir, avec vous, Reporterre va continuer de s’épanouir. Si l’époque est inquiétante, il n’est pas question de sombrer dans la morosité. Tout un monde est à construire, à réinventer ensemble : il est temps de faire fleurir les bouquets de l’espoir.

Téléchargez le rapport d’activité 2023 de Reporterre :

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