Ainsi donc, un élégant goret sanguinaire compulsif et un fringant mérou haineux à la bouche ouverte ont été l’objet de mandats d’arrêt internationaux requis pour crime contre l’humanité par la plus haute juridiction internationale. Autant vous le dire tout de suite, l’essence de l’humanité est définitivement morte. Mais comment diable en est-on arrivé à cette dernière ignominie ?! Je sens que je vais craquer. Reprenons depuis le début, revenons au b.a-ba de la justice, au principe de base : un nourrisson palestinien dans son berceau qui crie et pleure sous les nobles bombardements de Sion est assurément un nourrisson antisémite, qui doit être condamné au Tribunal Pénal International pour crime contre l’humanité, tel est le fondement de la justice, la vraie. Fermez vos gueules. On ne peut rien bâtir de vrai ni de juste hors ce sublime fondement. Mais je sens que vous allez me demander d’où je tiens cette sagesse millénaire. Votre question est légitime et je me fais fort d’y répondre. Un jour de grâce de l’année deux-mille vingt quatre, j’ai eu l’insigne privilège d’entendre une conversation céleste dans un café environné de plantes odoriférantes, une discussion lumineuse de sagesse entre une espèce de sanglier à lunettes criant à la trahison de l’Executif, et une sorte de mandrill aux cheveux bouclés bavant de rage. Je compris à cette instant que la postérité de Sion est la plus haute noblesse de l’humanité. Ce fut véritablement pour moi une révélation, une illumination. Ma nuit de Pascal, mon chemin de Damas ! Deum meum et Deum vestrum. Je compris précisément que cette noblesse de l’humanité avait légitimement tous les droits. La vérité simple et limpide m’apparut enfin dans toute son évidence : les maîtres de l’humanité ne peuvent être que les maîtres de l’art le plus subtil, qui est l’art du mensonge sur des rivières de sang. J’étais transfiguré, bouleversé dans mon tréfonds devant ma tasse de thé à la menthe. Des perspectives inouïes de sagesse s’ouvraient à moi alors que les deux bestiaux de lumières quittaient leur table dans un boucan phénoménal. S’il est vrai que jadis des ignorants osèrent ériger l’inscription « Le travail rend libre » à l’entrée d’un camps de travail, en réalité je vous le dis, c’est le mensonge subtil qui rend libre. Seuls les esprits nobles peuvent le comprendre. Et avoir des soupçons ou des présomptions à l’encontre d’esprits nobles est déjà un crime contre l’humanité. Ne vous méprenez pas hommes de peu de foi, la postérité de Sion a été plus que patiente. Soumettez-vous ou périssez. Le tribunal Pénal International antisémite de La Haye sera noblement bombardé par les F-16 de Tsahal, qui complétera sa mission céleste en bombardant également la Norvège, l’Espagne et l’Irlande qui viennent dans une ultime outrance de reconnaître antisémitiquement l’État antisémite de Palestine. Non mais vous croyez quoi ? Tant qu’il restera un bébé antisémite qui pleurera sous les bombes de Sion, Tsahal bombardera glorieusement. Et avec les lauriers de la victoire on fera des boulettes casher, façon Apolline de Mauvaiseherbe, pour l’honneur de la France. La noblesse triomphera, que vous le vouliez ou non. Et ce ne sont pas les charmes antisémites d’une brillante avocate libanaise qui viendront ternir les éloquents miasmes d’une vieille actrice française décrépit. Nous vivons sans doute le plus émouvant moment de l’histoire de l’humanité, le moment où l’humanité va révéler sa plus haute noblesse sur un magnifique champ de ruines ensanglantées. C’est beau, merde c’est beau. Mes amis, vous voulez que je vous dise, je crois que la beauté va enfin triompher de la laideur. Ça y est, après tant de millénaires d’espérances et de pleurs, nous y sommes ! Plus rien ne nous arrêtera pour accomplir l’amour universel par le mensonge cosmique. Nous n’oublierons jamais les lueurs étincelantes du sillage messianique des héros de Sion resplendissantes sous le soleil de l’éternité.
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