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Un rapport britannique veut « étouffer » les mouvements écologistes


23 mai 2024 à 09h54

Durée de lecture : 3 minutes

Au Royaume-Uni, le conseiller indépendant du gouvernement sur la violence politique, John Woodcock, a rendu public mardi 21 mai un rapport qui préconise de « restreindre l’activité » de certaines organisations écologistes ou solidaires du peuple palestinien.

Les activistes du mouvement écologiste Extinction Rebellion ou de la plateforme Just stop oil, qui réclament l’abandon de l’exploitation des énergies fossiles, ou encore le collectif Palestine Action, qui dénonce l’implication des entreprises d’armement britanniques dans les massacres en cours à Gaza, sont notamment ciblés par ce document. Leurs actions, considérées comme « disruptives », peuvent prendre la forme de blocages d’entreprises ou d’autoroutes, d’envahissements d’aéroports et parfois de sabotage.

Dans son rapport intitulé « Protéger notre démocratie de la coercition » comprenant quarante-et-une recommandations, John Woodcock demande « aux autorités locales et nationales de ne pas financer ou consulter » ces organisations militantes, recommande « d’élargir la liste des motifs d’interdiction de manifestation » et réclame que « les organisateurs contribuent aux dépenses de maintien de l’ordre liées à une mobilisation ».

Un conseiller « tout sauf indépendant »

Le conseiller, dont le rapport était commandé par le gouvernement conservateur, souhaite par ailleurs que soient facilitées les poursuites judiciaires menées par les entreprises ciblées par les activistes et plaide pour l’instauration d’un « droit de réparation » afin que les citoyens ayant subi « un préjudice personnel ou économique » à la suite d’une action militante puissent « réclamer des dommages et intérêts aux organisateurs de la manifestation ».

Les manifestations de soutien au peuple palestinien sont également dans le viseur du rapport remis au gouvernement britannique.
Flickr / CC BYSA 2.0 DEED / Alisdare Hickson

« Ce rapport est une honte ! » a réagi vivement Graham Buss, porte-parole de Just stop oil. « John Woodcock est tout sauf indépendant, pointe l’activiste. Il siège à la Purpose Defense Coalition, un consortium de fabricants d’armes », dont est membre par exemple le groupe italien Leonardo, qui fournit Israël, et il est « rémunéré par des compagnies pétrolières et gazières ».

« John Woodcock est conseiller du cabinet de lobbyistes Rud Pedersen, dont un des clients est Glencore, une multinationale des énergies fossiles », complète Tim Crosland, porte-parole de Plan B, une organisation britannique qui défend des militants du climat ou solidaires de la Palestine poursuivis devant les tribunaux. « Toutes ces informations sont publiques, ont été médiatisées et sont issues de la déclaration d’intérêts que John Woodcock a fait au Parlement, indique-t-il. À partir de là, comment considérer que ce rapport est indépendant ? »

« Le contenu de ce document est terrifiant pour l’avenir de notre démocratie »

« User de dispositifs de police pour réprimer les manifestations politiques pourrait servir les intérêts des entreprises qui rémunèrent Woodcock, mais cela porterait gravement atteinte à des principes démocratiques établis de longue date », a estimé dans un communiqué Palestine Solidarity Campaign, l’une des plus importantes organisations britanniques de soutien au peuple palestinien.

Le devenir de ce rapport, qui n’a pas été précisé à ce stade, inquiète les militants : « Le contenu de ce document est terrifiant pour l’avenir de notre démocratie, c’est un véritable poison », s’alarme Tim Crosland, qui craint que certaines recommandations du rapport ne se retrouvent à terme dans la loi. « Il y a une volonté d’étouffer les mouvements écologiste et de solidarité avec Gaza, alors qu’il faudrait que ces initiatives soient soutenues », constate Tim Crosland, de Plan B, qui s’interroge : « Qu’est-ce que cela dit de notre société ? »

Début mai, la Haute Cour de justice de Londres a jugé que le plan d’action climatique du gouvernement britannique était illégal, considérant les politiques mises en œuvre insuffisantes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans le même temps, le gouvernement de Rishi Sunak autorisait l’exploitation des combustibles fossiles sous les sites d’éoliennes en mer.



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