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vers une catastrophe comparable à Katrina ?


23 mai 2024 à 17h56
Mis à jour le 23 mai 2024 à 20h37

Durée de lecture : 4 minutes

Rio de Janeiro (Brésil), correspondance

162 morts, 82 disparus, 580 000 déplacés, 178 000 personnes sans électricité… Les inondations en cours dans le Rio Grande du Sud, dans le sud du Brésil, sont encore loin d’être finies, mais elles sont déjà l’une des plus graves catastrophes naturelles de l’histoire du pays.

Après une brève accalmie, les pluies intenses ont repris mercredi 22 mai, atteignant jusqu’à 50 mm, selon l’Institut national de météorologie brésilien. Entre le 26 avril et le 4 mai, certaines des principales villes de l’État ont enregistré des précipitations allant jusqu’à 533 mm, presque quatre fois plus que la moyenne attendue pour le mois d’avril, rapporte la BBC Brasil.

Maladies et montagnes de déchets

La catastrophe pourrait en outre déclencher une crise sanitaire. Les autorités craignent notamment une hausse des cas de leptospirose, directement liée à la montée des eaux. Cette maladie se transmet après exposition à l’urine d’animaux infectés. Depuis le 19 mai, deux personnes en sont déjà mortes, tandis que dix-neuf malades et 304 cas probables ont été enregistrés, alerte le Correio Braziliense.

Les risques sanitaires sont également accrus par l’afflux inouï de déchets provoqué par les intempéries. La mairie de Canoas, voisine de Porto Alegre, la capitale de l’État, s’attend ainsi à devoir collecter plus de 120 000 m3 de déchets, là où elle n’en collecte d’ordinaire qu’entre 8 000 et 9 000 m3 par mois, détaille la Folha de São Paulo.

Dérèglement climatique et déforestation

Pourquoi les inondations ont-elles pris une telle ampleur ? Du point de vue météorologique, c’est une vague de chaleur concentrée dans le centre du pays qui empêche les pluies de quitter le sud du Brésil. Ces dernières sont elles-mêmes alimentées par un courant humide venu du nord du pays, ainsi qu’à l’ouest par le phénomène El Niño, explique la BBC.

À l’échelle locale, les conséquences catastrophiques s’expliquent également par la déforestation massive entreprise depuis des décennies dans le Rio Grande du Sud. La seule région du Guaíba, qui représente environ 30 % du territoire de l’État, a perdu 1,3 million d’hectares de végétation naturelle entre 1985 et 2022.

« La transformation des sols en terres cultivées favorise l’érosion et le ruissellement »

Or, c’est une des zones les plus touchées : « La végétation naturelle […] protège les sols et leurs capacités d’absorption des eaux de pluie » explique Valério Pillar, professeur à l’université fédérale du Rio Grande du Sud, sur le site d’infos environnementales O Eco. « La transformation des sols en terres cultivées favorise l’érosion et le ruissellement en surface », poursuit-il.

Depuis juin 2023, le Rio Grande du Sud a connu trois autres épisodes d’inondations, laissant soixante-quinze morts derrière eux. En un an, le bilan humain s’élève donc — pour l’instant — à 237 morts, soit bien plus que les quatorze décès enregistrés entre 2003 et 2021, souligne le site UOL. Encore une preuve, s’il en fallait, de l’accélération de la crise climatique.

Impréparation aux catastrophes climatiques

Dans ce contexte, la presse brésilienne n’hésite pas à comparer les inondations aux ravages causés par l’ouragan Katrina, qui avait dévasté les États-Unis en 2005. Pour l’ampleur des dégâts, mais aussi pour les failles dans l’organisation des secours.

Eduardo Leite, le gouverneur de l’État du Rio Grande du Sud, est pointé du doigt pour sa gestion défaillante des inondations.
Flickr / CC BYNC 2.0 Deed / Gabriel Souza

Un homme en particulier est visé par les critiques : Eduardo Leite, le gouverneur de l’État du Rio Grande du Sud. Affilié à la droite libérale, il s’est notamment illustré dans les premiers jours de la crise en faisant appel aux dons… pour un organisme privé, « avec une gestion publique », a-t-il ensuite tenté de se justifier. Six jours plus tard, Leite prenait à nouveau la parole pour mettre en garde contre le trop-plein de dons aux victimes, prétextant des potentielles conséquences pour le « commerce local ».

Les médias dénoncent particulièrement l’impréparation des pouvoirs publics depuis des années. En 2012, le gouvernement fédéral avait débloqué 241 millions de reais (43,2 millions d’euros) pour le financement de digues et de stations de pompage, qui auraient pu servir lors des inondations actuelles. Des travaux jamais entrepris.





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