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Des marées noires d’un nouveau genre, par Mohamed Larbi Bouguerra (Le Monde diplomatique, juillet 2023)

ByVeritatis

Mai 28, 2024


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Fabrice Hyber. — « M-onde », 2019

© ADAGP, Paris, 2023

Le 20 mai 2021, un incendie se déclare à bord du MV X-Press Pearl, un porte-conteneurs singapourien qui croise à 18 kilomètres au large de Colombo, la capitale du Sri Lanka. Long de 186 mètres, construit aux chantiers navals de Zhoushan en Chine, le navire appartient alors à la X-Express Feeder de Singapour, un des vingt premiers opérateurs de cargos du monde. Il vogue depuis quatre mois seulement. Le vaisseau brûle durant douze jours avant que les pompiers indiens et sri-lankais ne viennent à bout des flammes. On tente ensuite de le remorquer vers le port pour récupérer ce qu’il reste de la cargaison, mais il sombre le 17 juin 2021 avec ses 348 tonnes de mazout lourd et 50 tonnes de gazole. Sur le plancher marin repose désormais une bombe toxique face à la ville la plus peuplée du Sri Lanka.

Conséquence de ce naufrage, des marées noires d’un nouveau genre s’annoncent, composées de produits chimiques toxiques et de granulés de plastique déversés en mer. Leur combinaison provoque des réactions chimiques aux effets à long terme délétères sur tout l’écosystème. En cause : le transport maritime de marchandises en progression constante, et la taille croissante des bateaux.

Le X-Press Pearl transportait 187 tonnes de plomb, de cuivre et d’aluminium ainsi que 1 486 conteneurs dont 81 renfermaient des produits dangereux (1 040 tonnes de soude caustique et 25 tonnes d’acide nitrique). Se trouvaient également à bord 210 tonnes de méthanol, de l’urée (un engrais), 9 700 tonnes de résine époxy, un conteneur de batteries au lithium. Et, enfin, 28 conteneurs renfermant 1 680 mètres cubes de granulés de plastique industriels, soit 84 milliards de microbilles de 5 millimètres de diamètre, parfois appelées « larmes de sirène ».

Une gigantesque marée de ces pellets — la plus importante jamais observée dans le monde — allait déferler sur les côtes sri-lankaises. Le plastique n’étant pas biodégradable, l’impact de l’événement s’étalera sur le très long terme. « Il y a une phase aiguë et (…)

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Mohamed Larbi Bouguerra

Universitaire, membre de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts Beït Al-Hikma, Carthage.



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