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il existe et en même temps, il n’existe pas

ByVeritatis

Mai 29, 2024


par Jorge Majfud

Les Palestiniens n’ont jamais existé en tant que peuple lorsqu’ils revendiquent leurs droits humains. Ils ont existé en tant que peuple Amalek il y a trois mille ans, quand il faut les massacrer.

Les Palestiniens sont un peuple très étrange. Comme les particules subatomiques, selon la physique quantique et selon les sionistes, ils ont la capacité d’exister sous deux formes différentes et dans des lieux différents en même temps. Ils sont et ils ne sont pas.

Ils n’existent pas, mais «tuez-les tous», comme l’a dit la députée Andy Ogles à Washington. «Effacez tout Gaza de la surface de la terre», a insisté la députée israélienne Galit Distel Atbaryan, «toute autre chose est immorale». Le ministre israélien de la Défense, Ben-Gvir, a été clair : «Pourquoi y a-t-il tant d’arrestations ? Ne pouvez-vous pas en tuer quelques-uns ? Qu’allons-nous faire de tant d’arrestations ? C’est dangereux pour les soldats». Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré lors d’un téléconseil des ministres : «Rafah, Deir al-Balah, Nuseirat, tout doit être anéant», conformément à l’ordre de Dieu : «Vous effacerez la mémoire d’Amalek sous les cieux». À plusieurs reprises, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a répété, en parlant des Palestiniens : «Vous devez vous souvenir de ce qu’Amalek vous a fait, dit notre Sainte Bible». Motti Inbari, professeur d’études juives, a précisé les propos de Netanyahou : «Le commandement biblique est de détruire complètement tout Amalek. Et quand je parle de détruire complètement, il s’agit de tuer chacun d’entre eux, y compris les bébés, leurs biens, les animaux, tout». Danny Neumann, membre du Likoud, a déclaré à la télévision : «Tous les habitants de Gaza sont des terroristes. Nous aurions dû en tuer 100 000 le premier jour. Très peu d’habitants de Gaza sont des êtres humains». Le ministre du Patrimoine, Amihai Eliyahu, a proposé de gagner du temps et de larguer une bombe atomique sur Gaza pour accomplir le mandat divin.

Au cours des sept premiers mois de bombardements, 40 000 hommes, femmes et enfants ont été détruits par les bombes, sans compter les disparus, les déplacés, les affamés, les malades, les mutilés et les traumatisés irréversibles. Mais de Netanyahou au président Joe Biden, «ce que fait Israël n’est pas un génocide, c’est de l’autodéfense». Si un groupe armé répond par la violence (ce qui est reconnu comme un droit par le droit international), il s’agit alors de terroristes.

Ceux qui ne se laissent pas tuer sont des terroristes. Ceux qui critiquent le massacre, comme les étudiants usaméricains, sont des terroristes. C’est pourquoi, en Europe et aux USA, les manifestations contre le massacre de Gaza sont repoussées par la police militarisée, tandis que les violentes attaques sionistes et les défilés nazis sont observés avec respect. C’est parce que les puissants sont si lâches. Sans armes puissantes, sans médias dominants et sans capitaux saisis, ils ne sont personne. Un bras raide pour le salut fasciste et une main tremblante pour remettre en question un massacre contre l’humanité perpétré contre ceux qui ne peuvent pas se défendre.

Selon les sionistes, la Palestine n’a jamais existé et les Palestiniens n’ont jamais existé. Lorsque, par l’accord des sionistes avec Hitler, les Palestiniens inexistants devaient accueillir les réfugiés du nazisme en Europe, les inexistants constituaient l’écrasante majorité de la population, du fleuve à la mer. Les bateaux arrivant «avec du bon matériel génétique» selon les sionistes, arrivaient sur des navires battant pavillon nazi et britannique. Lorsqu’en 1947, l’Exodus, transportant 4500 réfugiés, s’est approché de Haïfa, le capitaine britannique a averti ses passagers qu’ils seraient arrêtés à l’arrivée, car l’Empire britannique n’autorisait pas l’immigration illégale. «Si vous résistez à l’arrestation, nous devrons recourir à la force». À leur arrivée en Palestine, les réfugiés déploient une pancarte sur laquelle on peut lire : «Les Allemands ont détruit nos familles. S’il vous plaît, ne détruisez pas nos espoirs». De nombreux réfugiés restent en détention, mais un quart de million réussit à entrer en Palestine, dont au moins 70 000 illégalement et par la force.

Bientôt, une partie (nous ne savons pas quel pourcentage) des victimes de l’Europe deviendront les bourreaux du Moyen-Orient. Le plan sioniste a été soutenu par une campagne d’attentats terroristes en Palestine qui a fait sauter des hôtels, des postes de police et massacré des centaines de Palestiniens. Folke Bernadotte, le diplomate suédois qui a facilité la libération de plusieurs centaines de juifs des camps de concentration nazis en 1945, a été assassiné à Jérusalem deux ans plus tard par le Lehi (bande Stern), un groupe sioniste qui se décrivait comme des terroristes et des «combattants de la liberté». Le Lehi, une faction d’un autre groupe terroriste, l’Irgoun, avait négocié avec les nazis allemands la création d’Israël en tant qu’État totalitaire allié au Reich d’Hitler. Cette alliance ayant échoué, ils ont essayé Staline, avec le même résultat. L’un des (ex-)terroristes de l’Irgoun, le Biélorusse Menahem Begin, est devenu Premier ministre d’Israël en 1977. L’un des (ex-)terroristes, également biélorusse, Isaac Shamir, lui a succédé et est devenu Premier ministre d’Israël en 1983. Naturellement, ils ont tous changé leurs noms et prénoms de naissance.

Dès avant la création de l’État d’Israël, les habitants inexistants de la Palestine ont commencé à être dépossédés de leurs maisons pour accueillir des réfugiés. Certains réfugiés juifs et certains Palestiniens inexistants ont résisté à la dépossession et à l’exil, si bien qu’il a fallu recourir à la force, forme particulière d’un droit à l’existence non reconnu par le reste de l’humanité, et à la colère d’un dieu impitoyable, redouté par le reste de l’humanité elle-même. Début 2024, la réalisatrice israélienne Hadar Morag se souvient : «Lorsque ma grand-mère est arrivée en Israël après l’Holocauste, l’Agence juive lui a promis une maison. Elle n’avait rien. Toute sa famille avait été exterminée. Elle a attendu longtemps, vivant dans une tente dans une situation très précaire. Puis ils l’ont emmenée à Ajami, à Jaffa, dans une magnifique maison sur la plage. Elle a vu que sur la table se trouvaient encore les plats des Palestiniens qui avaient vécu là et qui avaient été expulsés. Elle est retournée à l’agence et a dit : «Ramenez-moi à ma tente, je ne ferai jamais à personne ce qu’on m’a fait». C’est mon héritage, mais tout le monde n’a pas pris cette décision ; comment pouvons-nous devenir ce qui nous a opprimés ? C’est une grande question».

Certains des Palestiniens, qui n’existent pas, ont accueilli des réfugiés juifs alors que même les USA n’en voulaient pas, alors qu’un président comme Roosevelt avait renvoyé sur le Saint-Louis près d’un millier de réfugiés juifs pour qu’ils meurent dans des camps de concentration en Europe. Lorsqu’en 1948, les Nations unies ont créé deux États, Israël et la Palestine, Israël a décidé que ni la Palestine ni les Palestiniens n’existaient, même si, pour que le miracle quantique se produise, ils ont dû voler leurs maisons et leurs terres, les déplacer en masse et les tuer avec joie. En même temps, ils déploraient le sale boulot qu’ils avaient à faire. «Nous ne pardonnerons jamais aux Arabes de nous avoir forcés à tuer leurs enfants», a déclaré l’immigrante ukrainienne Golda Meir, qui deviendra plus tard Premier ministre. «Les Palestiniens n’ont jamais existé», a-t-elle déclaré en 1969. «J’ai été Palestinienne de 1921 à 1948 parce que j’avais un passeport palestinien», a-t-elle ajouté un an plus tard. C’est comme dire que l’Allemagne est une invention d’Hitler et de von Papen ou que la Grande-Bretagne est la Prusse parce que son hymne («God save the Queen») sonne de la même manière que l’hymne de la Prusse («Gott mit uns»).

Les références aux Arabes et aux Palestiniens en tant qu’animaux ou sous-hommes n’ont rien de nouveau. Il s’agit d’un genre classique de racisme suprémaciste sioniste qui ne choque personne dans le monde impérial et civilisé. Ce même monde civilisé qui ne tolère pas d’entendre le mot «nègre» mais qui ne veut pas se souvenir ou reconnaître (et encore moins indemniser) les centaines de millions de noirs massacrés pour la prospérité de ses peuples élus. Comme les nazis l’ont fait avec les juifs, avant de les massacrer sans remords, il fallait déshumaniser l’autre.

En 1938, l’un des chefs du groupe terroriste sioniste Irgoun, le Biélorusse Yosef Katzenelson, déclarait : «Nous devons créer une situation où tuer un Arabe est comme tuer un rat. Qu’il soit bien entendu que les Arabes sont des déchets et que c’est nous, et non eux, qui gouvernerons la Palestine». En 1967, le diplomate israélien David Hacohen a déclaré : «Ce ne sont pas des êtres humains, ce ne sont pas des gens, ce sont des Arabes». En novembre 2023, l’ancien ambassadeur d’Israël aux Nations unies, Dan Gillerman, a déclaré : «Je suis très perplexe quant à l’intérêt constant que le monde porte au peuple palestinien et, en fait, à ces animaux horribles et inhumains qui ont commis les pires atrocités que ce siècle ait connues». Mais si quelqu’un remarque qu’il s’agit de racisme pur et simple, il est accusé d’être antisémite, c’est-à-dire raciste.

Les Palestiniens n’existent pas, mais s’ils se défendent, ce sont de mauvais terroristes. S’ils ne se défendent pas, ce sont de bons terroristes. S’ils se laissent massacrer, ce sont des terroristes inexistants. À Gaza, «toute personne âgée de plus de quatre ans est un partisan du Hamas» a déclaré Rami Igra, ancien agent du Mossad, à la télévision d’État. «Tous les civils de Gaza sont coupables et méritent d’être confrontés à la politique israélienne de punition collective, qui les empêche de recevoir de la nourriture, des médicaments et de l’aide humanitaire». Il a laissé tomber la phrase concernant le bombardement systématique et aveugle qui, chaque jour, décapite et détruit des dizaines d’enfants, même âgés de moins de quatre ans, qui seraient des sous-hommes, des animaux, des rats, mais pas encore des terroristes diplômés.

Israël a le droit de se défendre, ce qui inclut tous les autres droits humains et divins : le droit de déplacer, le droit d’occuper, le droit d’enlever, le droit d’emprisonner et de torturer sans limites des mineurs d’un peuple qui n’existe pas.

Le droit à ce que personne ne critique leur droit.

Le droit de se considérer comme un peuple supérieur, par la grâce de Dieu et par la grâce de sa nature particulière, de son esprit supérieur, là jusqu’où les goys n’iront jamais.

Le droit de pleurer les victimes causées par cette supériorité ethnique et le droit de pleurer les victimes causées par les sous-hommes, les rats humains.

Le droit d’acheter des présidents, des sénateurs, des représentants et des rédacteurs en chef d’autres pays, comme les USA.

Le droit de ruiner la carrière et la vie de quiconque ose remettre en cause l’un de ces droits sous l’accusation d’antisémitisme.

Le droit de massacrer lorsqu’il le juge nécessaire.

Le droit de tuer même pour le plaisir lorsque les soldats s’ennuient.

Le droit de danser et de faire la fête lorsque dix tonnes de bombes massacrent des dizaines de réfugiés dans un camp rempli de gens affamés.

Tout cela parce que les Palestiniens sont et ne sont pas. Selon ce récit suprémaciste et messianique, les Palestiniens n’ont jamais existé en tant que peuple lorsqu’ils revendiquent leurs droits de l’homme. Ils ont existé en tant que peuple Amalek il y a trois mille ans, en tant qu’habitants d’un peuple qui devait être déplacé et exterminé «jusqu’à ce qu’il ne reste plus un seul» de ces êtres fictifs et inexistants.

Si vous ne croyez pas à cette histoire, il vous suffit de la répéter un nombre infini de fois pour comprendre qu’il s’agit de la vérité. Si vous osez remettre en question cette vérité, vous devenez un terroriste, comme la femme de Lot est devenue une colonne de sel pour avoir osé désobéir et regarder en arrière, là où, dit-on, Dieu massacrait un peuple à cause de l’orientation sexuelle de certains de ses membres.

La plus ancienne carte connue de Palestine figure dans le traité de Géographie du savant gréco-égyptien
Claude Ptolémée (100-168 ap. J.-C.), qui fut traduit en arabe par Al-Khwarizmi entre 813 et 833 ap. J.-C.,
au sein de Beit El Hikma à Bagdad. La version ci-dessus est une copie grecque byzantine, sans doute
retraduite de l’arabe en grec, et tirée du Codex Vaticanus Urbinas Graecus 82, Constantinople vers 1300.
L’ouvrage, produit par Maximus Planudes, fut plus tard en possession du banquier philosophe
Palla Strozzi (1372-1462) puis de Federico da Montefeltro, duc d’Urbino. Encore une preuve,
vieille de près de 2000 ans, de l’inexistence du peuple palestinien… [NdT]

source : Escritos Criticos via Tlaxcala

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