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Pogote, camarade…, par Daniel Paris-Clavel (Le Monde diplomatique, juin 2024)

ByVeritatis

Mai 29, 2024


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Raniero. – « Petit agité », 2022

«Les Bérus sont-ils “les Beatles de l’underground” ? », se demande en 1986 le fanzine Les héros du peuple sont immortels. À l’époque, le « troupeau d’rock » Bérurier noir — « les Bérus », formés autour du chanteur FanXoa et du guitariste Loran — connaît un succès populaire qui prend de court les institutions médiatiques et musicales françaises. Absents du lénifiant Top 50, des groupes enragés se fédèrent aux quatre coins du pays (OTH à Montpellier, Babylon Fighters à Saint-Étienne, Nuclear Device au Mans…). Les punk-rockeurs ruent dans les brancards, s’emparent des jeunes radios libres, créent leur propre presse (les fanzines), font hurler les guitares dans toutes les friches. Inventent une scène alternative dans le hors-champ des œillères de la culture officielle.

En mai 1982, pour exiger l’ouverture de salles de concert à Montpellier, OTH organise une manifestation perturbant l’inauguration de la ligne TGV. À Paris, l’association PariBarrocks branche ses amplis dans les troquets (d’où émergeront Les Wampas, Los Carayos, Les Garçons bouchers…) tandis que les Bérus jouent dans les squats, la rue, le métro, en manif ou sur les marchés… avant de remplir le Zénith à prix cassé. Caisses de résonance de cette libération par le rock, les labels indépendants se multiplient : VISA, Rock Radical Records devenu Bondage Records, Gougnaf, Boucherie Productions… « L’idée, c’est de provoquer un large mouvement de création, de prise en charge individuelle, d’échange et d’entraide », résumaient les Bérus dans leur dossier de presse  A BieN MärréR HiieR Souàr ! », 1986).

Refus pour certains d’adhérer à la Sacem ; rejet des récompenses honorifiques célébrant les ventes ; concerts au prix d’entrée maîtrisé, aux tables de presse engagées et au « service d’ordre » autogéré… Le « rock alternatif » refuse de se plier aux convenances d’un divertissement policé et aux lois du marché. Une ligne de conduite résumée en 1986 par le fanzine Dead Zone : « En fait, l’attitude des Béruriers démontre (…)

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