Ce sont deux alpinistes qui ont cette fois-ci trouvé la mort au sommet de l’Everest, au Népal. Depuis 30 ans, le nombre de candidats pour cette ascension mythique n’a de cesse de croître, jusqu’à doubler de nos jours.
Suite à la diffusion d’une vidéo filmée le 21 mai au sommet de l’Everest, le scandale ressurgit. Sur les images, nous apercevons certains alpinistes tentés de repartir, tandis que d’autres se retrouvent bloqués sur place, faisant la queue pour accéder au plus haut sommet du monde. Un engorgement sur un lieu étroit et risqué qui a provoqué un terrible drame : le déboitement d’un morceau de corniche, emportant avec lui six alpinistes. Quatre ont heureusement pu remonter, mais deux autres y ont perdu la vie. Des drames qui ne font que s’accumuler dans une saison déjà meurtrière. Depuis le début de l’année, ce sont quatre personnes qui sont décédées, et trois autres personnes sont quant à elle toujours recherchées.
Parce que la fenêtre la plus propice pour escalader le mont est entre avril et début juin, d’impressionnantes files d’attente se constituent et des vidéos circulants sur les réseaux émergent. Le meilleur mois resterait celui de mai, les journées les plus favorables mènent jusqu’à la présence de « 200, 300 ou 400 personnes au sommet » explique l’alpiniste François Carrel, auteur du livre Himalaya Business.
Depuis avril, ce ne serait pas moins de 500 alpinistes qui auraient atteint le sommet de l’Everest selon les décomptes de l’AFP. Pour l’année 2023, plus de 600 alpinistes avaient risqué l’ascension, aux périls de leur vie, avec 18 personnes y ayant trouvé la mort, marquant ainsi un funeste record pour le mont.
Ce ne sont plus seulement les alpinistes chevronnés qui entament cette ascension. Les amateurs de sensations fortes s’immiscent aussi dans la brèche et des Youtubeurs relatent aujourd’hui leur expédition. Le dernier en date, le français Inoxtag, a fait grand bruit en se lançant cette année.
Mais ce « produit touristique », comme le déclare François Carrel, n’est pas anodin. Il faut compter 30 000 euros minimum pour effectuer la montée avec un sherpa, le guide népalais expérimenté qui porte le matériel et l’oxygène pour le client. Un métier à la mortalité malheureuse. Un tiers des morts dans l’Everest sont en fait ces guides.
Activité onéreuse, elle vient aussi transformer la montagne en poubelle. Les camps de base permettant d’accueillir les grimpeurs deviennent de petites villes, où la surfréquentation entraîne d’importants déchets.
Devenue une activité de riches, l’expédition britannique dirigée par le général John Hunt et accompagnée par le sherpa Tensing Norgay n’est plus qu’un vaste souvenir.