Une étude parue dans la revue PLUS ONE signale chaque année le déversement des déjections humaines dans les océans. Ces déversements ajouteraient environ 6,2 millions de tonnes d’azote dans les écosystèmes côtiers. Les deux tiers de ces quantités proviendraient des systèmes d’égouts traités. Alors que 5% viendraient des fosses septiques, 32% seraient des rejets non traités. Ces derniers sont alors directement déversés dans les océans.
Les raisons de ces déversement seraient issues de 25 bassins versants. En effet, ces derniers seraient responsables de près de la moitié de tout l’azote provenant des eaux noires, soient les eaux issues du réseau d’évacuation des eaux domestique. Ces bassins versants prennent principalement pour source l’Inde, la Corée et la Chine. Le fleuve Yangtze par exemple en Chine contribuerait à lui seul à 11% du total mondial. La plupart de ces eaux noires subissent un certain traitement. Cependant, les eaux usées brutes continuent d’être un problème dans certains pays comme la Chine, l’Inde ou des pays d’Afrique.
Les auteurs de l’étude ont déclaré dans un communiqué que « l’ampleur de l’impact des eaux usées sur les écosystèmes côtiers du monde entier est stupéfiante ». Ils cartographient en effet ces flux d’eaux usées dans les océans en prenant en compte plus de 130 000 bassins versants. Les résultats obtenus permettent de mettre en lumière les zones prioritaires, où des mesures de protections environnementales sont nécessaires pour le devenir de nos océans.
Les chercheurs de l’Université de Californie à Santa Barbara pointent que cela pourrait avoir des conséquences sur la santé publique, mais pas que. En effet, un impact néfaste se ferait aussi, sans surprise, sur la vie marine. Bien que l’azote soit l’un des nutriments nécessaires, sa concentration en trop fortes quantités pourrait à l’inverse devenir préjudiciable. Entre autres, la prolifération des algues nocives qui provoquent par la suite l’eutrophisation et forment des zones mortes.
Les premiers dans le viseur seraient alors les coraux. Les chercheurs voient en effet une corrélation entre les points chauds de production d’azote et les coraux affectés dans ces zones. Cependant, les scientifiques soulignent que ces découvertes pourraient n’être qu’une petite partie du problème. En effet, des répercussions pourraient être généralisées sur l’écosystème marin dans son ensemble.
L’étude conclut sur le fait que « les déversements d’eaux usées dans les océans côtiers, chargés en agents pathogènes et en azote, posent des défis évidents pour les écosystèmes côtiers, la santé publique et les économies mondiales. En plus de ces effets directs, nos recherches suggèrent que ces déversements sont susceptibles d’interagir avec de nombreux autres facteurs de stress d’origine humaine sur les écosystèmes côtiers. Cela pourrait entraîner un déclin des activités de pêche, la perte et la dégradation des habitats, ainsi que des impacts sur la santé humaine. »
Tandis que dans de nombreuses régions du monde les eaux usées sont traitées dans des stations d’épuration, avec un traitement complexe pouvant inclure un processus chimique, les zones rurales ou avec des infrastructures précaires peuvent quant à elles présenter des traitements plus rudimentaires.
En plus d’une surabondance de nutriments et d’une présence de produits chimiques, ces eaux usées peuvent également présenter des agents pathogènes provenant des matières fécales. De quoi provoquer à nouveau un phénomène d’eutrophisation, ce qui entraîne une diminution de l’oxygène dissous dans l’eau lorsque les algues formées meurent et se décomposent. Au bout de la chaîne, les agents pathogènes contaminants les animaux marins peuvent également infecter les humains qui viendraient consommer des fruits de mers contaminés. Sans une action à large échelle pour enrayer ce problème, les eaux usées continueront donc d’affecter même ceux qui se montrent bon élève en la matière.