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El Niño s’achève, pas le réchauffement mondial


5 juin 2024 à 10h06

Durée de lecture : 5 minutes

El Niño n’est plus, vive La Niña ? Ce phénomène climatique naturel apparaissant tous les trois à sept ans « montre à présent des signes de déclin », assure l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dans un bulletin publié le 3 juin. D’après cette étude, il est ainsi « probable » que « l’enfant terrible du Pacifique », dont le dernier épisode a débuté en juin 2023, soit remplacé par un épisode La Niña. Une bonne nouvelle ? El Niño, qui correspond à une anomalie de forte chaleur dans l’océan Pacifique équatorial, a contribué « à faire flamber les températures mondiales et à intensifier les phénomènes météorologiques extrêmes dans le monde entier ». Son départ, pourtant, n’améliorera pas le climat.

La Niña, qui le succède, a pour conséquence le « refroidissement à grande échelle des eaux de surface dans le centre et l’est du Pacifique équatorial », selon l’OMM. Le phénomène pourrait faire son apparition entre juin et août 2024 (à 50 % de chance) ou entre août et novembre 2024 (à 70 % de chance). Mais son arrivée ne baissera pas pour autant les températures mondiales de façon drastique, comme l’a souligné Ko Barrett, secrétaire générale adjointe de l’institution : « La fin de l’épisode El Niño ne s’accompagnera pas d’une pause dans le changement climatique à long terme, car notre planète continuera de se réchauffer sous l’effet des gaz à effet de serre, dont la spécificité est de piéger la chaleur. Les températures de surface de la mer exceptionnellement élevées continueront de jouer un rôle important ces prochains mois. »

« Les effets d’El Niño ne vont pas disparaître aussi rapidement »

L’océanographe et climatologue Éric Guilyardi abonde : « Les effets d’El Niño sur les autres bassins ne vont pas disparaître aussi rapidement : des “effets mémoire” de l’événement El Niño dureront encore quelques mois. » Ainsi, selon le directeur de recherche au CNRS, ces effets « peuvent venir compenser, au début de l’épisode La Niña, l’arrivée d’une anomalie froide dans le Pacifique ».

D’autant que, d’après lui, le refroidissement des eaux apporté par La Niña ne sera que « relatif » du fait du réchauffement climatique : « Aujourd’hui, la température moyenne de la Terre pendant les épisodes La Niña les plus forts reste supérieure à celle enregistrée il y a vingt ans, lorsque les événements El Niño étaient extrêmes. » L’OMM note en effet que « les neuf dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, malgré l’effet de rafraîchissement d’une longue La Niña, de 2020 à 2023 ».

Après les sécheresses, les tempêtes et cyclones

2023 est d’ailleurs l’année la plus chaude jamais observée, avec des températures qui ont atteint des sommets. En 2023, il a fait en moyenne 14,98 °C dans le monde, soit 1,48 °C de plus que le niveau préindustriel de 1850-1900, selon Copernicus, le programme européen d’observation du climat.

« Plusieurs facteurs expliquent ces températures : le réchauffement climatique et El Niño ont bien sûr eu un rôle, mais d’autres phénomènes ont pu avoir des effets. En ce moment, la recherche scientifique travaille à déterminer lesquels et quels impacts chacun a eu sur la hausse des températures », explique Éric Guilyardi.

Reste que le dernier El Niño, classé comme fort parmi les modérés, a eu cette année de nombreuses conséquences climatiques, environnementales et sociales. « Ces épisodes viennent perturber les zones où il pleut ou non. Ainsi, dans certaines zones où, d’habitude, les précipitations sont faibles, elles ont été élevées, et inversement », note le climatologue. En 2023, la sécheresse s’est ainsi abattue en Indonésie, en Inde ou encore aux Philippines tandis que le Brésil, l’Afrique de l’Est ou l’Amérique du Sud ont subi des inondations massives.

« El Niño contribue aussi au blanchissement des coraux et, en augmentant l’humidité et la chaleur dans certains pays, favorise les moustiques et a fortiori les épidémies de dengue », ajoute le directeur de recherche au CNRS.

Le nombre de cyclones dans l’océan Atlantique devrait augmenter.
Pxhere/CC0

Le prochain épisode La Niña, lui, devrait avoir « les conséquences miroir d’un El Niño » : « Il y aura plus d’humidité et de précipitations dans l’ouest du Pacifique, et a priori il faut s’attendre à des sécheresses dans la corne de l’Afrique, là où, récemment, on a justement vu des inondations très importantes. » Selon Éric Guilyardi, avec la fin d’El Niño, nous devons en outre nous attendre à une augmentation du nombre de cyclones dans l’océan Atlantique.

L’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) prévoit de son côté, de juin à novembre 2024, entre 17 et 25 tempêtes suffisamment conséquentes pour recevoir un nom. 8 à 13 d’entre elles pourraient se transformer en ouragans (c’est-à-dire avec des vents supérieurs à 119 kilomètres/heure) et entre 4 et 7 atteindront plus de 179 kilomètres/heure. Sans lutte efficace contre le réchauffement climatique, l’OMM l’assure : « Nos conditions météorologiques continueront d’être plus extrêmes. »



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