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Comment la Russie surmonte les sanctions, par David Teurtrie (Le Monde diplomatique, juin 2024)

ByVeritatis

Juin 7, 2024


Autonomie financière et alimentaire, keynésianisme militaire

En lui imposant des mesures coercitives d’une ampleur inédite, les pays occidentaux entendaient faire reculer Moscou en Ukraine. C’était sans compter sur la robustesse de l’économie russe, dont les revenus pétroliers ont retrouvé leur niveau d’avant-guerre. La politique de substitution aux importations, le commerce avec des pays émergents et le développement d’un système financier autonome ont fait le reste.

«Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe », déclarait M. Bruno Le Maire début mars 2022. Douze trains de sanctions plus tard, la Russie connaît une croissance économique supérieure à celle de l’Union européenne et des États-Unis pour la deuxième année d’affilée : après 3,6 % de hausse du produit intérieur brut (PIB) en 2023, l’économie devrait croître de 3,2 % en 2024 d’après le Fonds monétaire international (FMI), qui a revu une nouvelle fois ses prévisions à la hausse. Certes, la militarisation de l’économie tout comme les pénuries de main-d’œuvre ou les difficultés d’accès aux technologies occidentales pourraient avoir un effet négatif à moyen terme. Mais les performances de l’économie russe, reconnues par la grande majorité des analystes et confirmées par les institutions internationales, ont constitué une surprise de taille pour l’Occident. En effet, les propos de M. Le Maire faisaient écho à des prises de position similaires du président américain, M. Joseph Biden, ou de la présidente de la Commission européenne, Mme Ursula von der Leyen. Ils reflétaient une opinion consensuelle au sein des élites occidentales selon laquelle l’armée russe, bientôt dépourvue d’armements faute de composants électroniques et privée de financements par manque de pétrodollars, serait défaite en Ukraine. Deux ans plus tard, on en est très loin. Dans ces conditions, comment interpréter l’énorme décalage entre les résultats pour le moins décevants de la politique de sanctions et les attentes initiales ?

La première erreur est d’avoir traité l’économie russe en quantité négligeable. Pour résumer ce sentiment, M. Clément Beaune, alors secrétaire d’État en charge des affaires européennes, déclarait en février 2022 : « La Russie, c’est le PIB de l’Espagne. » L’affirmation est à la fois approximative et réductrice. Selon la Banque mondiale, le PIB nominal de ce pays se situait au huitième rang en 2022 (quinzième place pour l’Espagne) tandis que, calculée en parité de pouvoir (…)

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David Teurtrie

Maître de conférences à l’Institut catholique d’études supérieures (ICES) et chercheur associé à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), auteur de Russie. Le retour de la puissance, Armand Colin, Malakoff, 2021.



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