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La question palestinienne vue de Moscou, par Irina Zviagelskaïa (Le Monde diplomatique, juin 2024)

ByVeritatis

Juin 8, 2024


Les bons offices russes bridés par Washington

En raison de son histoire diplomatique, la Russie figure parmi les rares puissances à entretenir des relations avec l’ensemble des parties du conflit israélo-palestinien, y compris avec le Hamas. Son rôle de médiateur reste cependant restreint dans le contexte de confrontation russo-occidentale en Ukraine et de monopolisation du dossier par les États-Unis.

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Mordecai Ardon. – « Timepecker » (Pic de temps), 1963

© Ardon Estate – Photographie © 2006 Christie’s Images Limited – www.ardon.com – Bridgeman Images

L’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre, la guerre lancée par l’armée israélienne contre Gaza, combinée à la répression en Cisjordanie, ont replacé la question palestinienne au centre de l’attention internationale. De nombreux observateurs l’avaient crue marginalisée depuis la normalisation des relations entre Tel-Aviv et certains États arabes dans le cadre des accords Abraham signés en 2020. La perspective de ce même processus entre Israël et l’Arabie saoudite semblait confirmer ce jugement.

À Moscou, les spécialistes comme les responsables politiques ne partageaient pas cet avis : traditionnellement, la Russie place la création d’un État palestinien au cœur de la question sécuritaire au Proche-Orient. Aussi, après le 7 octobre, la réaction de Moscou comprenait une égale condamnation de l’attaque du Hamas « à laquelle il n’y a aucune justification » et des « bombardements indiscriminés contre les quartiers résidentiels de Gaza » ; des appels réitérés à un cessez-le-feu — y compris par le dépôt d’une proposition de résolution au Conseil de sécurité, dès le 13 octobre (rejetée par le veto américain) — et, surtout, une exhortation au règlement politique de la question palestinienne.

Cette position d’équilibre s’explique, notamment, par la crainte d’une contagion dans les républiques musulmanes de la Fédération, comme l’ont montré les événements du 29 octobre 2023, à l’aéroport de Makhatchkala, au Daghestan, lorsqu’un vol en provenance de Tel-Aviv a été accueilli par une foule en colère. Plus fondamentalement, la position russe est le fruit d’une histoire diplomatique dense, marquée par des revirements spectaculaires durant la période soviétique, suivis d’un rééquilibrage « à équidistance » des différents acteurs régionaux dans les décennies suivantes.

L’Union soviétique a joué un rôle majeur, quoique inattendu, dans la création de l’État d’Israël. Officiellement, Moscou défend au sortir de la seconde guerre mondiale l’idée d’un « État palestinien indépendant et démocratique » où (…)

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Irina Zviagelskaïa

Historienne, directrice du Centre pour les études sur le Proche-Orient au sein de l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales (Imemo), Académie des sciences de Russie.



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