Essayons, en passant outre l’anachronisme, et dites-moi si l’image de « l’apôtre de la paix », assassiné parce qu’il s’opposait à la guerre en Europe, en sort intacte (1).
Jean Jaurès a eu un parcours chaotique, papillonnant sur l’échiquier politique, flirtant avec Sarkozy avant de se poser sur le PS qui en a fait son chef de file aux élections européennes de 2019 et 2024. Il est membre de cercles néo-conservateurs français, comme le Cercle de l’Oratoire, la revue Le Meilleur des Mondes, qui soutiennent toutes les guerres des États-Unis. Qu’il s’agisse de l’Ukraine, du Xinjiang ou de Taïwan, l’Oncle Sam peut compter sur lui pour expliquer que les méchants sont les Russes et les Chinois, même si leurs pays sont phagocytés par des bases militaires états-uniennes.
En octobre 2011, il organise le voyage de Nicolas Sarkozy à Tbilissi la capitale de la Géorgie pour une rencontre avec le président Mikhaïl Saakachvili. Jean Jaurès est alors le conseiller officiel du président géorgien (« Mon ami », dit-il), il participe à l’écriture de ses discours il publiera même avec lui un livre d’entretiens. Le 25 août 2008 Jean Jaurès publie une tribune dans Libération où il fait l’éloge de Saakachvili. Il y concède néanmoins que son ami « n’est pas Gandhi », sage précaution car le despote se heurte à des manifestations de rues, brutalement réprimées. Pendant que les prisons se remplissent, Jean Jaurès se tait. À cette époque, la vice-ministre de l’Intérieur est Ekaterina Zguladze… épouse de Jean Jaurès. Jean Jaurès vivait au cœur du pouvoir en Géorgie mais il ne savait rien (sinon il nous l’aurait dit) sur la police de sa femme, police qui rackettait les entreprises, volait les petites gens, persécutait les partis d’opposition, assassinait dans la rue et torturait en prison, broutilles qui finirent par obliger le président Mikhaïl Saakachvili, la chef de la répression et son époux, Jean Jaurès, à fuir précipitamment la Géorgie en 2012 pour échapper à leur arrestation. Ils filèrent en Ukraine où elle abandonna la nationalité géorgienne, devint vice-ministre de l’Intérieur avant d’être arrêtée à l’aéroport de Kiev-Boryspil alors qu’elle essayait de faire sortir 4 millions de dollars (plutôt 10 à 14 millions, d’après des sources aéroportuaires. Mais, passons : les chiffres ici importent moins que l’intention). Le ministre de l’Intérieur ukrainien la fera libérer et l’aidera à fuir, cet argent, dit-elle, étant destiné à payer… ses frais d’accouchement en France. Puisqu’on vous le dit !
Dès les premières lignes de sa préface d’un livre de Laurence Defranoux (chargée de la question ouïghoure à Libération), Jean Jaurès écrit : « Les grands silences permettent les grands crimes. Et le silence qui entoura pendant longtemps la déportation du peuple ouïghour fut assourdissant. Des années durant, le plus grand internement de masse du XXIème siècle resta dans l’ombre. Des millions d’êtres humains furent arrêtés, jetés en prison, torturés, parqués dans des camps, réduits en esclavage simplement parce qu’ils étaient Ouïghours ». Des millions d’hommes enfermés, donc. Pour leur religion ? Non, pour leur ethnie. Par racisme, quoi.
Ce : « Des millions d’êtres humains furent arrêtés, jetés en prison, torturés, parqués dans des camps, réduits en esclavage simplement parce qu’ils étaient Ouïghours » suffit à ruiner le reste de la préface et le livre qui s’ouvre par cette grossière insulte à la vérité, proférée par un « enquêteur » qui, échaudé par sa mésaventure géorgienne, ne s’aventure guère en dehors des studios de télévision, du train Paris/Strasbourg et de l’avion Paris/Bruxelles d’où il échappe au spectacle affligeant de la Picardie qui tant l’indispose (2).
Sur le site franceforuyghurs, Jean Jaurès s’est lâché : « 3 millions de musulmans Ouïghours sont enfermés et torturés en Chine. Non pour ce qu’ils font, mais pour ce qu’ils sont. » Donc, 3 millions de torturés à présent et quasiment pour délit de sale gueule. Lors de la session plénière du Parlement européen (16 au 19 décembre 2019) il avait expliqué comment on est happé par l’univers concentrationnaire au Xinjiang : « Madame la Présidente, tu lis le Coran, tu vas en camp ; tu portes une barbe, tu vas en camp ; tu envoies des vœux pour l’Aïd, tu vas en camp. Voilà la terreur qui s’abat sur les Ouïghours de Chine en ce moment, et les grands silences permettent les grands crimes. Force est de constater que, jusqu’ici, le monde a été très silencieux. Nous avons brisé ce silence en donnant le prix Sakharov à Ilham Tohti, mais cela ne suffit pas. Il faut désormais passer aux actes, il faut des sanctions contre les dirigeants chinois qui sont directement impliqués dans ce qui est aujourd’hui la plus grande politique d’internement de masse dans le monde. Il faut aussi des sanctions contre les entreprises qui participent à cette politique concentrationnaire. Et il faut enfin que les entreprises européennes appliquent le devoir de vigilance, et en particulier que les entreprises textiles ne bénéficient pas de ce qui est aujourd’hui une politique inadmissible ».
Trois fois sur place au Xinjiang, j’ai constaté que pareilles affirmations de Jean Jaurès sont de pures inventions. L’élite (sic) politico-médiatique le sait, elle se tait.
Les accusations grotesques de Jean Jaurès ne sont alors contestées que par trois députés européens, qui prennent la parole pour se démarquer. Ils sont affiliés au groupe GUE/NGL (gauche) : une Espagnole et deux Irlandais dont l’un, Mick Wallace, déclare : « Madame la Présidente, qu’il s’agisse de la Chine, de l’Arabie saoudite, de la Palestine ou de l’incarcération de la communauté noire en Amérique, nous devons condamner les violations des droits de l’homme partout. Mais lorsque vous voyez des gouvernements occidentaux et des politiciens soi-disant libéraux se lamenter sur le sort des musulmans persécutés quelque part, c’est très probablement lié à des raisons géopolitiques. Où étaient-ils lorsque des millions de musulmans étaient bombardés au Moyen-Orient ? Où étaient-ils lorsque des djihadistes armés par l’Occident persécutaient les chrétiens en Syrie ? La défense des droits de l’homme dans le monde entier en tant qu’arme pour saper certains États n’est pas la voie à suivre. Il n’y a aucun doute à ce sujet, mais l’initiative « Belt and Road », pour laquelle le Xinjiang est crucial, est définitivement dans le collimateur de l’Amérique. Les Américains ont admis qu’ils étaient très désireux de déstabiliser la région, car ils ne veulent pas que l’initiative « la Ceinture et la Route » que les Chinois ont planifiée depuis si longtemps se concrétise ».
Jean Jaurès a parlé des « entreprises textiles » dont nos médias nous apprirent qu’elles fonctionnaient grâce à du coton récolté par 500 000 esclaves. Libération, par exemple, le 14 décembre 2020 : « OUÏGHOURS. Esclavage moderne dans les champs de coton chinois ». « Un rapport révélé en exclusivité par Libération, la BBC et la Süddeutsche Zeitung montre comment Pékin, pour atteindre ses objectifs d’expansion industrielle, organise le travail forcé de centaines de milliers de personnes pour la récolte au Xinjiang », etc.
Hélas, il n’y a pas eu dans nos médias un seul journaliste pour se demander :
— Pourquoi ce grand pays s’expose-t-il aussi bêtement au scandale par l’emploi d’esclaves, aussi nombreux et en plein air, de surcroît, sous l’œil des satellites ?
— Pourquoi découvre-t-on cela maintenant, alors que la récolte est à plus de 70 % mécanisée (90 % au moment où j’écris) et pas dans le passé où elle était essentiellement manuelle ?
Le Xinjiang est limitrophe de huit pays : l’Afghanistan, l’Inde, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Mongolie, le Pakistan, le Tadjikistan, la Russie. Pourquoi aucun de ces 500 000 malheureux esclaves n’a réussi à s’exfiltrer pour se confier à nos médias tellement sensibles aux questions des conditions de travail ?
— Pourquoi n’a-t-on aucune vue satellite des esclaves au travail, aucune trace des milliers de gardes, des baraquements ?
— Pourquoi, en décembre 2023, la récolte de coton ayant commencé en octobre, les médias unanimes ne nous alertent-ils plus sur ce colossal esclavagisme ? Zéro esclave, cette année ? En vérité, des queues de comète sont observables sur le sujet dans quelques médias, mais on n’entend plus un roulement de tambour mondial. De plus, la Chine invite les entreprises à venir voir. Aïe ! La réponse à ces questions est ici : les trois principaux producteurs mondiaux de coton sont l’Inde, la Chine et les États-Unis. Une étude du FAO (ONU) annonce pour les années à venir une offre supérieure à la demande. La fable visait à éliminer un concurrent en dissuadant les acheteurs de coton du Xinjiang. Toujours chercher à qui profite le bobard. « De quel lieu me parles-tu ? » demandaient les sages grecs. En août 2023, j’ai vu, en bordure d’immenses champs de coton, sous des hangars, d’impressionnants mastodontes mécaniques : des « cueilleuses » (ou « récolteuses ») de coton. Un directeur de journal disait à ses journalistes : « N’oubliez pas que les lecteurs ne relisent jamais le journal de la veille ». Ils ont donc oublié en 2023 leur tapageuse campagne de 2022 sur l’esclavage dans les champs de coton. Le procédé par lequel on pilonne une information avant de l’abandonner s’appelle « rupture narrative ». Exemples : les prélèvements d’organes sur des Ouïghours, le trou dans la couche d’ozone, les EHPAD, les punaises de lit, etc.
Evidemment, en France, une campagne servile propagée par nos médias contre l’achat de vêtements contenant du coton chinois a été aussitôt enclenchée, avec quelques conséquences. Par exemple, le célèbre footballeur Antoine Griezmann a rompu son partenariat publicitaire avec Huawei « afin de défendre les droits de la minorité musulmane ouïghoure ». Il n’est, semble-t-il, venu à l’idée de personne que, pour la partie non mécanisée de la récolte, des ouvriers ouïghours ou autres ont été embauchés, attirés par des meilleurs salaires, comme cela se produit en France au moment des vendanges ou pour d’autres récoltes qui ne souffrent pas d’être étalées dans le temps. Cela s’appelle de la main-d’œuvre saisonnière.
Un autre exploit mystificateur de Jean Jaurès a été chaudement promu par la chaîne franco-allemande Arte le 14 novembre 2023 dans un documentaire de 95 minutes, diffusé à 20 h 55 sous le titre « Travail forcé, le SOS d’un prisonnier chinois ». Télérama encense l’annonce en y consacrant deux articles, dont l’un d’une page dans son numéro du 11 au 17 novembre 2023. On y apprend que Jean Jaurès a brandi le 30 mai 2023 au Parlement européen à Bruxelles, « une pièce à conviction inédite : un test de grossesse acheté en 2015 dans une pharmacie parisienne et dans lequel a été découvert, sous le blister, le SOS anonyme d’un prisonnier incarcéré dans un “camp de rééducation par le travail” ». Il s’agit « d’une petite feuille manuscrite clandestine, venue du bout du monde, froissée et passée entre plusieurs paires de main… ». Il faut assurément avoir mauvais esprit pour faire un rapprochement avec le canular, daté de novembre 2020, que je signalais au début de cet ouvrage : « une photo d’une chaussure de marque The North Face, contenant un mot d’un ouvrier ouïghour appelant depuis sa prison (et en anglais) à « aider les Ouïghours ». Hélas, l’usine qui fabrique ces chaussures est au Vietnam ». Ce sont là des « preuves » qui vaudraient une inculpation pour outrage à magistrat à celui qui les brandirait dans un tribunal.
Jean Jaurès, dont je prouve à l’aide d’intellectuels états-uniens, d’avocats états-uniens, d’un juriste international trois fois « nominé » pour le prix Nobel de la paix, du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, qu’il ne cesse de mentir, bénéficie chez nous d’un havre de paix inespéré. En effet, la France est un des rares pays du monde (peut-être le seul), ou pas un média, pas un journaliste, pas un élu, pas un parti, n’a émis le moindre doute sur la véracité des bobards made in USA. Mélenchon, peut-être, sceptique, qui avance que, s’il y a génocide, pourquoi n’est-il pas poursuivi par les instances internationales adéquates ?
Glucksmann (je le nomme à présent par son nom, celui de Jaurès ayant été assez souillé dans ce texte), n’aurait sans doute pas recueilli 14 % des voix aux européennes du 9 juin 2024 si son passé d’aventurier, ses mensonges sur le Xinjiang (dont on dit qu’ils lui ont été électoralement profitables), ses compromissions avec un despote géorgien (aujourd’hui en prison) avaient été connues des électeurs. Je parle de cela dans mon livre (« Ouïghours, l’horreur était dans nos médias » mars 2024, Editions Delga) et j’en parlais déjà dans mon précédent sur le même sujet (« Ouïghours,pour en finir avec les fake news ») décembre 2020, éditions la Route de la soie).
J’ai, par tous les moyens dont je dispose, informé les dirigeants et les élus de LFI. J’ai même remis, avant parution, le manuscrit de mon premier livre sur les Ouïghours au responsable des affaires internationales du Parti de Gauche.
Il y a quelques mois, inquiet par l’activisme antichinois de plusieurs figures de LFI à propos des Ouïghours (Autain, Aubry…) j’ai fait remettre mon livre paru en 2020 en main propre à Jean-Luc Mélenchon par le député LFI de mon coin (une vieille connaissance : Christophe Bex). Je n’ai pas eu d’accusé de réception et, pour tout dire, tous les liens (parfois amicaux) que j’avais avec des dirigeants et élus de la LFI sont rompus. Le constat est le suivant : quiconque (moi) s’aventure à lancer l’alerte après une étude pointue du dossier (depuis 2015) et après 3 voyages sur place, va subir un déluge de calomnies, dénigrements, menaces des médias (3) et connaîtra le silence de la gauche et, chez ses amis de LFI, une pratique que les trotskistes reprochent aux staliniens : la disparition des importuns sur les photos.
Le dimanche 5 mai 2024 sur BFM-TV, Rima Hassan, qui fut brillante, a bafouillé quand Benjamin Duhamel l’a titillée sur les Ouïghours. Elle a été infoutue de citer la Haut-commissaire Michelle Bachelet (ONU) dont je rapporte dans mon livre les déclarations sur les Ouïghours. Elle fut incapable de citer le document du 31 août 2022 produit pas l’ONU a l’issue d’une enquête au Xinjiang, qui balaie les accusations de génocide et autres bobards. Or, j’informais LFI depuis 2020, j’avais fait une fiche sur le sujet (voir plus bas) que j’avais envoyée à tous les responsables et tous les élus de LFI. Deux m’ont accusé réception. Les autres ont probablement trouvé dans mon document un moyen inespéré de caler leur table bancale, ou pire encore.
Et voilà pourquoi votre fille Manon est fluette, masquée par la stature d’un imposteur nommé Glucksmann, aussi socialiste que je suis décoré d’un tatouage qui représente « la cueillette des olives en Basse-Provence et un épisode de la prise de la Smalah d’Abd-El-Kader par les troupes du duc d’Aumale en mil huit cent quarante-trois », visible par mes femmes et mes docteurs là où il est recommandé de me parler quand ma tête est malade, comme elle l’est en ce lendemain des élections européennes et à l’approche de l’entrée des fascistes au gouvernement.
Maxime VIVAS
Note
(1) Des informations de ce texte ironique sont extraites de mon livre « Ouïghours, l’horreur était dans nos médias » mars 2024, Editions Delga).
(2) Il a déclaré au « 28 minutes » d’Arte, 22 octobre 2018 : « Quand je vais à New-York ou à Berlin, je me sens plus chez moi culturellement, que quand je me rends en Picardie. »
(3) France Inter, Radio France International, Libération, le Monde, l’Obs, Arrêt sur images, BFM-TV, Le Canard enchaîné, TMC-TF1, Charlie Hebdo, le Point, Le Média, Blast, etc.
FICHE COMPACTE SUR LES OUIGHOURS (communiquée aux élus et dirigeants de LFI)
Maxime Vivas
Ouïghours, fiche argumentaire :
Le 23 août 2018, Lawrence Wilkerson, ancien chef d’état-major du secrétaire d’État Colin Powell révèle que la CIA voudrait déstabiliser la Chine, via le Xinjiang.
Notre classe politico-médiatique dénonce alors un « génocide des Ouïghours, la persécution de la religion et de la culture musulmanes, l’interdiction de parler ouïghour, les camps de concentration, la stérilisation des femmes, la récolte de coton par 500 000 esclaves ».
Le 20 janvier 2022, les députés français votent à une écrasante majorité une résolution PS de condamnation du « génocide »(abstention de LFI) .
En mai 2022, le Haut Commissariat des Droits de l’Homme de l’ONU enquête au Xinjiang. Avant d’en repartir, sa présidente, Michelle Bachelet, (ex-présidente du Chili) fait une déclaration qui ne reprend AUCUNE des accusations sus-mentionnées.
Le 31 août 2022, l’ONU produit les résultats de son enquête qui n’en reprend pareillement AUCUNE. Mon livre « Ouïghours, l’horreur était dans nos médias » (Editions Delga, mars 2024) l’analyse sur 50 pages.
En mars 2024, après un troisième voyage au Xinjiang, je publie ce livre . J’alerte sur la catastrophe humanitaire que serait la création d’une théocratie (le « Turkestan oriental ») en remplacement du Xinjiang laïque où les nombreuses ethnies non ouïghoures (environ la moitié de la population) et non musulmanes peuvent aujourd’hui pratiquer leur propre religion, utiliser leur langue et où les femmes sont épargnées de l’oppression subie par leurs sœurs de l’autre côté de la frontière (Afghanistan).
Le Xinjiang (qui n’a jamais été soumise à la politique de l’enfant unique) est une région autonome, pluri-ethnique, pluri-culturelle, pluri-religieuse.
AUCUN pays musulman ne s’associe à la cabale antichinoise sur une prétendue persécution des Ouïghours. Aux Etats-Unis, le cabinet d’avocats qui conseille le Département d’État, de prestigieux intellectuels conseillers du Parti démocrate et/ou du secrétaire général de l’ONU nient l’existence d’un génocide.
La France est le seul pays au monde où la classe médiatique soutient UNANIMEMENT le bobard des Ouïghours martyrs.