Les Israéliens affirment que le Hamas a rejeté la proposition américaine d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Une affirmation démentie par le mouvement islamiste qui accuse l’État hébreu de vouloir se soustraire aux obligations de l’accord.
Branle-bas de combat pour arriver à une trêve dans la bande de Gaza. Antony Blinken effectue sa huitième tournée au Moyen-Orient depuis le 7 octobre pour arracher un accord de cessez-le-feu dans l’enclave gazaouie. «Tout le monde a dit oui, sauf le Hamas», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse le 11 juin à Tel-Aviv. Une manière de mettre la pression sur le mouvement islamiste gazaoui et de lui faire porter la responsabilité en cas d’échec des négociations.
Selon le média qatari Al Jazeera ce 12 juin, les différents groupes palestiniens gazaouis, à savoir le Jihad islamique et le Hamas, se sont mis d’accord sur une réponse commune à la proposition américaine datant du 31 mai. Les deux mouvements ont notamment répondu à l’offre israélienne, tout en apportant des amendements sur la question du cessez-le-feu. Toujours selon la même source, ils ont à ce titre insisté sur le retrait israélien de la bande de Gaza, y compris du terminal de Rafah, dans le sud de l’enclave, et de l’axe Philadelphie, couloir de 14 kilomètres qui était géré par l’Égypte depuis 2005.
Les deux belligérants s’accusent mutuellement
John Kirby, le porte-parole de la Maison Blanche, refusant tout commentaire détaillé, a déclaré dans la soirée du 11 juin : «Nous avons appris que le Hamas a soumis sa réponse au Qatar et à l’Égypte et nous l’évaluons. Il est utile que nous ayons obtenu la réponse du Hamas et nous réservons nos commentaires jusqu’à ce qu’elle soit examinée.»
Toujours est-il que la réponse du Hamas, dont le contenu n’a pas été annoncé, donne lieu aujourd’hui à différentes interprétations, des médias israéliens et le site américain Axios (citant des sources israéliennes) affirmant que le mouvement palestinien avait rejeté le plan.
Ce qui a poussé un dirigeant du Hamas, Izzat al-Rishq, à publier un bref communiqué ce 12 juin pour affirmer que la réponse était à la fois «responsable, sérieuse et positive» et qu’elle «ouvrait la voie à un accord». «Les allégations de médias israéliens quant à la réponse du Hamas témoignent de tentatives visant à soustraire Israël aux obligations de l’accord», a-t-il écrit en arabe, suggérant par là que ces indications de presse permettaient à Israël de poursuivre ses frappes, comme le rapporte le média Al-Sabil.
Le 6 juin, un haut cadre du Hamas, Ossama Hamdane, avait déclaré à l’AFP : «La vérité, c’est qu’il n’y a aucune nouvelle proposition présentée au Hamas», affirmant ainsi que Joe Biden aurait «essayé de dissimuler le rejet israélien» d’un autre accord, présenté début mai, qui avait été accepté par le mouvement palestinien.
De son côté, Washington envisagerait un accord unilatéral avec le Hamas en cas d’échec des négociations. En effet, d’après deux hauts fonctionnaires américains actuels et deux autres anciens officiels qui se sont exprimés auprès de la chaîne NBC News le 10 juin, l’administration Biden envisagerait la possibilité de conclure un deal pour obtenir la libération de cinq citoyens américains retenus en otage à Gaza ainsi que la dépouille de trois de leurs ressortissants morts le 7 octobre.
Les hostilités dans l’enclave gazaouie ont fait plus de 37 000 morts côté palestinien, 1 170 personnes ayant également été tuées le 7 octobre dernier dans l’attaque du Hamas en Israël, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir des chiffres de la sécurité sociale israélienne.