TRIBUNE – Comme on l’a avancé, c’est probablement un joli coup personnel qu’E. Macron a tenté lorsqu’il a décrété la dissolution de l’Assemblée nationale. A la sorte de gifle que les élections européennes ont infligé à sa personne et à sa manière de faire (ou de ne pas savoir faire), s’est substitué un pugilat auquel les politiciens français se livrent avec ardeur. Péripéties qui occupent désormais les esprits des citoyens.
Certains de nos politiciens en mal de réélection, avaient commencé (ou poursuivi) leur carrière comme soutiens du général de Gaulle. Ils l’ont continuée sous des étiquettes diverses, en changeant de maître et de principes (on se rappelle Sarkozy et le traité de Lisbonne), pour continuer à avoir un job. Certains furent socialistes et finirent par se convertir aux dogmes contraires de Maastricht. Les Communistes qui pesèrent lourd jadis, finirent par devenir une chapelle dont le chef appela à voter Macron.
Aujourd’hui, tous ces personnages étalent sur la place publique leurs calculs électoraux : avec quelle organisation convient-il de se partager les circonscriptions soit au moment des investitures, soit à l’issue du premier tour du scrutin, compte tenu du vote prévisible des électeurs, considérés plus que jamais et ouvertement comme une masse à manipuler ? Les demandeurs de postes de chaque camp se contentant à cet effet et pour l’essentiel, de dénoncer l’épouvantable odeur qu’ils prêtent à l’autre (fascisme ou antisémitisme).
Dans le contexte actuel, personne n’émerge pour rassembler les Français autour d’une perspective d’avenir qui leur soit commune. Et qui soit articulée autour de la notion d’intérêt général. Et de bonheur, auquel chaque être humain, qui ne vit pas longtemps, pourrait nécessairement être intéressé … Qu’il soit riche ou pauvre. Personnage derrière lequel les parlementaires, nouveaux ou reconvertis, auraient intérêt à faire un bout de chemin (1).
Mais ceux qui connaissent l’histoire constitutionnelle, savent que notre pays a connu plus d’une fois des situations dans laquelle la classe politique du moment faisait ses affaires, était égoïste, veillait à sa reproduction, constituait un monde à part, avec ses réseaux déconnectés des citoyens, et était – pour partie – intellectuellement … nulle (2). Situations qui ont engendré un sursaut (1).
On ne sait pas quand, on ne sait pas à la suite de quel fait, on ne sait pas par qui, … Mais les êtres humains finissent toujours (3), quand la classe politique ne les représente plus, par faire tourner une page à leur Histoire.
Attendons … juste un peu.
Marcel-M. MONIN
Maitre de conférence honoraire des universités
- Ne serait-ce que pour une période limitée, à l’issue de laquelle les mêmes travers individuels des êtres humains occupant ce même type de fonctions auront probablement les mêmes conséquences sur le fonctionnement des institutions.
- Appréciation facilitée de nos jours par l’existence des moyens modernes de communication (radio, télévision) qui leur donnent quotidiennement la parole
- Voir dans notre : « Textes et documents constitutionnels depuis 1958. Analyses et commentaires ». Dalloz-Armand Colin.