• ven. Sep 20th, 2024

Les défenseurs des animaux se dressent contre l’extrême droite


À chacun de faire son propre choix. Le 10 juin, au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale, le Parti animaliste a annoncé qu’il ne donnerait pas de consigne de vote, en amont des élections législatives des 30 juin et 7 juillet. « Compte tenu de notre positionnement transpartisan, et du fait que les animaux sont encore les grands absents des annonces d’alliance, […] nous invitons les électeurs à voter en leur âme et conscience en prenant en compte au maximum les intérêts des animaux », a-t-il écrit dans un communiqué.

Pour une fois, le Parti animaliste ne présentera pas ses propres candidats au scrutin : les élections européennes ont endetté la structure, et la dissolution de l’Assemblée nationale a été trop brutale pour lui laisser le temps de se relever. Il a donc choisi de ne pas guider ses électeurs et électrices, et leur laisser le soin de décider eux-mêmes entre les différents bulletins de vote. « Nous sommes convaincus que nos électeurs sont capables, par eux-mêmes, de faire un choix éclairé, tant pour les animaux humains que non humains », a affirmé le parti sur le réseau social X, le 17 juin — redirigeant tout de même les internautes vers le comparateur Politique et Animaux de l’association L214.

Cet observatoire recense les prises de position des personnalités et partis politiques sur les animaux, pour ensuite leur attribuer une note. Les meilleurs élèves ? Écologie au centre (le mouvement de Jean-Marc Governatori, qui se revendique ni de droite ni de gauche) avec 19,6/20 ; le Parti animaliste avec 19,5/20 ; Révolution écologique pour le vivant (le parti politique d’Aymeric Caron, affilié à La France insoumise) avec 18,8/20 ; Les Écologistes (17,8/20) et La France insoumise (16,7/20). Les principaux partis de droite et d’extrême droite font figure de cancres, avec 7,5/20 pour le Rassemblement national (RN) ; 6,4/20 pour Les Républicains et 3,4/20 pour Reconquête !.

« Irresponsable »

Des internautes, électeurs du Parti animaliste ou non, se sont réjouis de la position du parti sur les réseaux sociaux. « C’est heureux, vous vous décrédibiliseriez en [appelant à voter pour une formation politique], après avoir brandi votre indépendance vis-à-vis des clivages politiques traditionnels », a commenté un internaute. « Enfin quelqu’un qui ne nous dit pas ce que l’on doit faire ! Merci à vous », a abondé un autre. D’autres — plus nombreux — se sont levés contre cette non-consigne de vote.

« On retiendra que votre transpartisanisme vous pousse à avoir, en des temps d’urgence démocratique, des mots tièdes et vagues sans rediriger les intentions de vote. Irresponsable », peut-on lire sur X. Ou encore : « Ne rien dire, c’est être OK avec le RN au pouvoir, [c’est] une catastrophe pour le droit des animaux. »

Des voix contre le RN

Des associations de défense des droits des animaux sont également sorties de leur réserve habituelle pour se positionner très clairement contre l’extrême droite. Dans un communiqué commun, publié le 24 juin, les organisations One Voice, l’Aspas, Focale pour le sauvage et le Pôle grands prédateurs ont déclaré s’opposer « fermement [au] programme écologique de façade porté par l’extrême droite, et appellent chaque citoyen à soutenir les candidats réellement engagés pour le vivant ».

Lire aussi : Le RN et l’écologie : tout pour les riches, rien pour le vivant

Rappelant les votes du Rassemblement national au Parlement européen — contre le Pacte vert, contre la loi sur la restauration de la nature —, les quatre associations ont estimé qu’elles ne pouvaient « pas rester indifférentes » face à la menace de voir l’extrême droite arriver au pouvoir en France. Les organisations dénoncent en outre les prises de position de représentants du RN pour défendre « des pratiques de chasse ou d’élevage les plus cruelles, telles que la chasse à courre, la vénerie sous terre, le piégeage ou l’industriel ».

L’association de défense des animaux L214 a organisé une action pour pointer du doigt les pratiques de la marque Le Gaulois.
© NnoMan Cadoret/Reporterre

« Les animaux, y compris les humains, seraient en danger si le RN accédait au pouvoir », a aussi affirmé Brigitte Gothière, présidente de l’association L214, lors de la soirée « L’écologie contre l’extrême droite », organisée par Reporterre le 24 juin. Elle a poursuivi : « Verra-t-on la répression augmenter, grimper en flèche ? C’est un danger bien réel si le Rassemblement national et Les Républicains étaient majoritaires. Ils portent depuis plusieurs années de façon récurrente des amendements dictés par la FNSEA [le syndicat agricole favorable à l’élevage intensif] pour criminaliser les lanceurs d’alerte et couper les ressources d’associations comme L214. »

Appels pour le Nouveau Front populaire

Certains militants et associations sont même allés plus loin, en appelant ouvertement à voter pour la coalition des partis de gauche, le Nouveau Front populaire. « Nous avons conscience que, sur la question animale, bien peu sont à la hauteur des enjeux. Le chantier est immense et les animaux sont trop souvent mis de côté, voire systématiquement éclipsés », peut-on lire dans une tribune parue le 24 juin sur le média en ligne Blast, signée par des personnalités comme l’humoriste Guillaume Meurice, le groupe de musique Shaka Ponk et l’autrice Fatima Ouassak.

Ils poursuivent : « Nous savons aussi […] que l’extrême droite est depuis toujours une ennemie naturelle et acharnée des groupes infériorisés, animaux compris, et que dans un pays fasciste, notre puissance d’agir pour eux a toutes les chances d’être réduite à néant. » Ils appellent donc « à une mobilisation convergente, massive et sans ambiguïté contre l’extrême droite, ainsi qu’à un vote en faveur du Nouveau Front populaire ».

« Hurlons que toutes les vies comptent »

« L’antispécisme est un mouvement égalitaire qui porte un projet de transformation sociale et qui s’inscrit dans une lutte contre les systèmes de domination. L’extrême droite nous mène à l’opposé de nos aspirations révolutionnaires », a aussi insisté Tiphaine Lagarde, cofondatrice du collectif 269 Libération animale, lors de la soirée organisée par Reporterre le 24 juin. Et de poursuivre : « Là où le fascisme estime que seules certaines vies sont dignes d’être vécues, hurlons que toutes les vies comptent. N’en déplaise à Hugo Clément [un journaliste qui milite pour que tous les partis politiques s’engagent pour les animaux], nous ne voulons pas que le RN parle de la question animale, nous voulons qu’il disparaisse. »

Les promesses « les moins pires pour les animaux »

De son côté, face aux vives réactions, le Parti animaliste s’est fendu d’un nouveau communiqué, le 27 juin. « Que les choses soient claires : le Parti animaliste porte intrinsèquement des valeurs fondamentales de démocratie et des exigences républicaines, combattant toutes les formes de domination et de discrimination, notamment le racisme, l’antisémitisme et le sexisme », pouvait-on y lire. Sous-entendu : aucun soutien à l’extrême droite.

Le bureau national a toutefois également rappelé que la création du parti était due « à l’indifférence totale des autres partis politiques » sur la question animale, et qu’il n’avait donc pas vocation à « faciliter l’accession au pouvoir de formations de gauche ou de droite, qui auraient prétendument les promesses électorales “les moins pires pour les animaux” ».

Dans une déclaration commune, les commissions luttant pour les droits des animaux dans les partis du Nouveau Front populaire ont d’ores et déjà prévenu, le 28 juin, qu’elles resteraient « vigilant[e]s » à ce que les députés élus tiennent leurs promesses. Le programme prévoit notamment la fin des fermes-usines et de l’élevage en cage, et le doublement des surfaces des aires marines protégées.



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