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Une certaine danse se pointe aux Jeux olympiques

ByVeritatis

Juin 30, 2024


« Cette entrée a autant surpris le monde du break que celui du sport, résume Gilbert Avanzini, directeur technique national pour le breaking à la Fédération française de danse. Les danseurs comprenaient mal que le break devienne un sport et les sportifs jugeaient cet art trop subjectif. Mais sitôt intégrés à l’Insep [l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance – ndlr], les danseurs les ont subjugués»  

Ils sont six danseurs et danseuses à pouvoir prétendre, d’ici à la fin juin, aux quatre places potentiellement disponibles dans l’équipe de France : deux b(reak)-boys et deux b-girls. Pour l’heure, seul le b-boy Danny Dann (ils et elles ont tous des noms de scène) est déjà sélectionné, ayant été sacré champion d’Europe en 2023.

À 36 ans, il est le doyen d’un sport-danse dont les acteurs et actrices ont des âges très hétéroclites, puisque celle qui incarne le grand espoir français, b-girl Sissy, n’a que 16 ans. Les filles sont de plus en plus présentes, et de facto plus jeunes aussi.  

Une séance de formation de breaking à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), à Paris, le 28 septembre 2022. © Photo Anne-Christine Poujoulat / AFP

S’il n’y aura curieusement pas d’épreuves paralympiques en breaking, et si tous les entraîneurs sont des hommes (« les coachs féminins sont très rares en France », constate Gilbert Avanzini), il y a cependant une stricte parité homme-femme chez les 32 futur·es engagé·es.

« C’est une obligation désormais dans les nouveaux sports olympiques », relève Dorine Besson, journaliste chargée du breaking au quotidien L’Équipe. Mieux encore : l’égalité est également de mise lorsqu’il s’agit des rémunérations.

« L’État veille à ce que les athlètes ne gagnent pas en dessous de 40 000 euros par an, pour cette année olympique », précise Gilbert Avanzini. « Sans oublier qu’ils ont aussi pu signer des contrats avec des équipementiers et bénéficier d’un entraînement collectif et d’un suivi médical à l’Insep, là où le travail était jusqu’alors assez solitaire », relève Dorine Besson.

Les règles de jugement aux JO ? « Il y a des critères précis, explique la journaliste. La technique, l’amplitude, l’originalité du vocabulaire et la musicalité. Mais pas de figures imposées comme au patinage. » Les jurés, déjà bien connus et respectés, ne devraient pas modifier leurs critères de notation, largement usités dans les grandes « battles ».  

Libre et contraint

Côté musique, les DJ qui accompagneront les danseurs et danseuses sont eux aussi dans les starting-blocks. Deux musiciens seront choisis parmi les quatre actuellement en lice pour les Jeux : un Américain, un Japonais, un Polonais, et le Français Nicolas Guilloteau, alias DJ One Up, basé à Nantes, et qui couvre les grandes « battles » internationales depuis quinze ans.

Le cahier des charges de ces DJ est à la fois libre et contraint. « Nous devons donner des “temps” compris entre 100 et 125 bpm (battements par minute). Aux JO, la compétition sera un face-à-face entre deux danseurs et danseuses, où chaque passage dure entre 45 secondes et 1 minute et 15 secondes », précise le musicien français. 

L’étonnant, dans ces épreuves gérées par un maître de cérémonie (le MC) qui met l’ambiance et fait le lien entre les mouvements et les sons, est que les danseurs et danseuses vont improviser sur une musique qu’ils ne connaissent pas, même s’ils sont habitués aux sons de la quinzaine de DJ incontournables qui courent la planète avec eux dans les compétitions.

« Ils vont chercher à mieux connaître ma signature, bien sûr, observe DJ One Up. Dans ce que je créais chez moi puisque je mixe en battle avec platines de vinyles et table de mixage, je suis plutôt dans un mélange de funk des années 1970, de hip-hop des années 1990 et une fusion de standards brésiliens, électro, rock progressif, musiques du monde, notamment du Moyen-Orient, mais aussi du jazz, voire de la chanson francophone… » 

Autant de richesses et de connaissances musicales que les DJ transmettent rarement dans les conservatoires, faute de propositions. La demande, pourtant, est sûrement là.



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