• lun. Juil 8th, 2024

Les circonscriptions à surveiller pour l’écologie


La bataille du second tour, dimanche 7 juillet, s’annonce difficile pour le Nouveau Front populaire (NFP). Après la clôture des candidatures, le 2 juillet, la gauche affrontera dans 116 duels et 95 triangulaires ses adversaires, avec un scrutin à l’issue plus qu’incertaine.

Reporterre s’est penché sur les circonscriptions clés où des personnalités mobilisées sur l’écologie jouent leur avenir politique. La prise en compte du climat et les débats sur l’environnement au sein de la prochaine mandature dépendront évidemment de la composition générale de l’Assemblée nationale, mais aussi des intérêts et de l’engagement individuel des députés élus, de leur expertise et capacité à porter haut ces sujets.

Quelques victoires déjà acquises

Sur ce point, et malgré le marasme actuel avec l’arrivée en tête du Rassemblement national (RN) au premier tour, il existe quelques raisons de se réjouir. Plusieurs figures des combats environnementaux ont déjà été élues. À La France insoumise (LFI), l’ancienne porte-parole d’Attac et ex-députée Aurélie Trouvé a remporté 63,19 % des voix dans sa circonscription de Seine-Saint-Denis. Mathilde Panot, qui avait fait des questions écologiques un axe majeur de son travail lors des précédentes mandatures, a également été élue avec 59,27 % des voix. Tout comme Clémence Guetté (55 %), engagée sur les mégabassines, ou Aymeric Caron (50,38 %), très impliqué pour les droits des animaux.

Chez Les Écologistes, l’économiste Éva Sas (50,72 %) et l’écoféministe Sandrine Rousseau (52,13 %) sont également assurées de retrouver leur siège à l’Assemblée. Tout comme la jeune députée de 28 ans issue de la génération climat Marie-Charlotte Garin (51,51 %). Pouria Amirshahi, qui a remplacé Julien Bayou dans la 5ᵉ circonscription de Paris, l’a aussi remporté avec 54,27 %. Du côté du Parti communiste français (PCF), Elsa Faucillon, qui avait déjà montré une sensibilité écologique lors des précédentes mandatures, en portant notamment une proposition de loi contre le financement des énergies fossiles, a été réinvestie.

Mathilde Panot, qui a fait des questions écologiques un axe majeur de son travail lors des précédentes mandatures, a été élue dès le premier tour.
© Mathieu Génon / Reporterre

En Gironde, deux autres députés très mobilisés sur l’écologie ont frôlé la réélection dès le premier tour. Il manquait à peine 100 voix à Loïc Prud’homme pour être élu. Lors de ses deux derniers mandats, le député LFI siégeait à la Commission du développement durable et avait fait de la transition agricole sa principale marotte politique. L’écologiste Nicolas Thierry, qui a pris la lumière grâce à son combat contre les polluants éternels PFAS, est également bien placé pour gagner. Avec 49,45 % des voix, il devance de 20 points son concurrent de l’ex-majorité présidentielle.

Des scrutins plutôt favorables

Pour le second tour, de nombreuses circonscriptions sont à surveiller. Plusieurs candidats sont en bonne position. Dans les Deux-Sèvres, l’ex-ministre de la Transition écologique Delphine Batho est en tête avec 38,57 %. En Haute-Garonne, l’écologiste Christine Arrighi dépasse les 47 % face au RN (24,89 %) et Renaissance (22,36 %), qui se maintiennent tous les deux. Rapporteuse de la commission d’enquête sur le montage juridique et financier du projet d’autoroute entre Toulouse et Castres, Christine Arrighi est fermement opposée à l’A69. Dans le Bas-Rhin, l’écologiste Sandra Regol (47,6 %), à l’initiative d’une proposition de loi contre l’importation des trophées de chasse des espèces menacées de disparition, devance largement son concurrent Renaissance (24,26 %).

Chez les Verts, l’Isère et la Drôme font figure de bastion. À Grenoble, l’ancienne présidente du groupe Les Écologistes à l’Assemblée, Cyrielle Chatelain (42,17 %), est bien positionnée pour remporter la victoire face au RN (30,5 %). Dans une circonscription limitrophe, son collègue Jérémie Iordanoff, qui avait notamment bataillé sur le droit à l’accès à la nature, est également en tête avec 36,42 % face au RN (30,8 %). Dans la Drôme, Marie Pochon, très impliquée sur l’écologie en milieu rural, est aussi en première position avec 37,96 %.

L’écologiste Marie Pochon est arrivée en tête du premier tour de sa circonscription, et compte bien transformer l’essai le 7 juillet.
© Estelle Pereira / Reporterre

À Lyon, le gendre de Jean-Luc Mélenchon, Gabriel Amard, a de grandes chances de l’emporter et d’être réélu. Engagé contre le Lyon-Turin, spécialiste des questions de l’eau, il dépasse largement l’ancien maire socialiste Jean-Paul Bret (19,94 %) avec 46,29 % des voix.

En Essonne, Pierre Larrouturou (divers gauche) se retrouve en duel face au candidat Renaissance. L’économiste qui prône l’instauration d’une taxe sur les transactions financières pour financer la transition énergétique a recueilli 37,9 % des suffrages le 30 juin, devançant de plus de cinq points son opposant.

Le barrage républicain face au RN

Certains pourraient aussi bénéficier du désistement de dernière minute des macronistes. À Rouen, Alma Dufour — l’ancienne salariée des Amis de la Terre, ennemi jurée d’Amazon — arrive derrière le RN avec 32,65 % des voix contre 39,08 %, mais le candidat Horizon (24,71 %) a abandonné la course. Dans le Val-d’Oise, l’ex-député européen divers gauche Emmanuel Maurel, qui avait pris position sur la protection des forêts, est devant (35,63 %) contre le RN (27,59 %) et profitera sans doute du report de voix d’Ensemble (23,52 %). Dans la 2e circonscription du Doubs, l’ancienne ministre de l’Écologie Dominique Voynet arrive en première position (34,16 %) contre le RN (30,12 %). Le candidat Ensemble (26,79 %) s’est finalement désisté le 2 juillet.

Dans le Val-d’Oise, Aurélien Taché (LFI), engagé contre les mégabassines en Île-de-France, est lui aussi en tête au premier tour (43,1 %). Avec plus de vingt points d’avance sur la candidate RN (22,7 %), il a de grandes chances de l’emporter face à elle. La candidate macroniste éliminée a appelé à faire barrage contre l’extrême droite.

En Ille-et-Vilaine, le duel entre la candidate LFI et ouvrière agricole Mathilde Hignet (32,1 %) et son concurrent RN (32,3 %) pourrait aussi obtenir une issue favorable. 136 bulletins la séparent de l’extrême droite, mais la candidate de l’ex-majorité présidentielle (24,06 %) s’est rétractée. En Haute-Garonne, l’ex-député LFI Christophe Bex va également avoir besoin du report de voix de Renaissance pour battre le Rassemblement national. Avec 33,17 %, le député très mobilisé dans la lutte antinucléaire et contre le projet Cigéo à Bure affronte un RN très bien placé avec 40,37 % des voix.

Dans la Somme, François Ruffin (33,9 %) est en ballottage défavorable contre le RN (40,69 %). Le député sortant qui a perdu six points par rapport à 2022 devrait néanmoins bénéficier du désistement de la candidate de la majorité présidentielle, arrivée troisième (22,6 %). Dans le Tarn, l’ex-députée LFI Karen Erodi (31,63 %), très engagée dans la lutte contre l’A69, devrait profiter d’un report de voix du candidat Ensemble (21,7 %) contre le RN (37,94 %).

Benoît Biteau, en Charente-Maritime.
© Yohan Bonnet / Reporterre

En Charente-Maritime, jusqu’à la dernière minute le 2 juillet, la députée MoDem a fait planer le doute sur son désistement en faveur de l’éleveur en agriculture biologique Benoît Biteau. Le fer de lance de la lutte contre les mégabassines arrive en seconde position (26,94 %) face au RN (34,41 %), mais on ne sait pas s’il obtiendra un report des voix du MoDem, étant donné que la candidate n’a pas donné de consigne de vote.

Dans l’autre sens, plusieurs candidats engagés sur le front écologique ont déjà fait les frais du barrage républicain, notamment l’écologiste Noé Petit (19,55 %), très mobilisé contre l’artificialisation des sols et la logistique, qui s’est rangé en troisième position derrière le RN (41,06 %) et Ensemble (36,25 %). Noé Gauchard, dans le Calvados, s’est lui aussi désisté au profit d’Élisabeth Borne. Le jeune homme de 24 ans, encarté à LFI, était issu de la jeunesse engagée pour le climat et ancien de l’organisation Youth for Climate. En Charente-Maritime, l’écologiste Jean-Marc Soubeste s’est finalement retiré de la course dans la première circonscription (La Rochelle – Île-de-Ré), au profit du candidat Renaissance-Ensemble Olivier Falorni, en tête avec 45,64 % des voix. Celui défend qui défend un moratoire sur les bassines et l’arrêt des pesticides dans l’agglomération voulait d’abord se maintenir mais il a fait volte-face mardi en fin de journée.

Des duels difficiles

Quelques duels seront compliqués. Amine Kessaci, le militant écologiste de 20 ans issu d’un quartier populaire, dont Reporterre avait dressé le portrait, arrive en deuxième position (35,6 %) derrière la candidate RN avec sept points d’écart. En Meurthe-et-Moselle, Dominique Potier, agriculteur bio, divers gauche, très impliqué sur la transition agricole et la lutte contre l’accaparement des terres, est en tête avec 43,47 % — soit plus de treize points au-dessus de son adversaire RN. Mais le report des voix de droite sur ce dernier augure une bataille difficile.

Dans le Val-de-Marne, la situation est plus floue pour Rachel Keke. Si la première femme de chambre entrée à l’Assemblée a recueilli 43,6 % des suffrages au premier tour, elle va affronter le maire LR de L’Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun (34,6 %), dont le domicile avait été attaqué durant les émeutes de juin 2023.

Dans les Hauts-de-Seine, l’Écologiste Francesca Pasquini, à l’initiative d’une proposition de loi contre les cigarettes électroniques jetables, est elle aussi engagée dans un duel difficile. Avec 39,53 % des suffrages, la députée écologiste sortante est menacée par le candidat LR, qui la devance de deux points (41,59 %).

François Ruffin est en ballotage très défavorable dans sa circonscription de la Somme.
© François Nascimbeni / AFP

À La Réunion, Alexis Chaussalet (LFI) est arrivé en seconde position (23,8 %), plus de sept points derrière le candidat du Rassemblement national. Le militant altermondialiste engagé contre la Nouvelle route du littoral sur l’île, un « grand projet inutile », n’a pas pu compter sur le soutien de la candidate de l’ex-majorité présidentielle, qui n’a donné aucune consigne de vote.

Dans l’Aude, Philippe Poutou du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) est très mal engagé. Il rassemble 18 % des voix contre 49,33 % pour le RN. À Paris, Raphaël Kempf, avocat des Soulèvements de la Terre et des militants à Bure, est en seconde position (32,09 %) avec dix points d’écart face à Renaissance. En Seine-et-Marne, la militante contre les violences policières Amal Bentounsi se situe, elle aussi, dix points en dessous de sa concurrente RN.

Face aux triangulaires

Différents cas de figure se présentent pour les triangulaires à venir. Certaines personnalités écologistes ont malgré tout des chances de l’emporter. À Poitiers, Lisa Belluco, mobilisée en faveur des luttes locales et soutien des Soulèvements de la Terre, est en bonne position (33,14 %) contre le RN (28,93 %). Ensemble est juste derrière avec 28,85 % des voix et a décidé de se maintenir. En Essonne, la candidate LFI Claire Lejeune, figure des marches pour le climat, est aussi en tête au premier tour (40,8 %). Le 7 juillet, elle affrontera le candidat Renaissance (30 %) et celle du Rassemblement national (25 %).

La situation est dangereuse pour certains candidats. En Seine-et-Marne, Arnaud Saint-Martin (33,3 %), sociologue en histoire des sciences et techniques qui critique le capitalisme spatial, fait face au MoDem (23 %) et au candidat RN (32, 9 %).

L’insoumise Carole Ballu, qualifiée pour le second tour en troisième position, a retiré sa candidature pour faire barrage au Rassemblement national.
© Yohan Bonnet / Reporterre

En Creuse, l’ex-députée Catherine Couturier, à l’origine d’une proposition de loi transpartisane sur la forêt, est en difficulté. Arrivée en seconde position (23,47 %), elle devra affronter le RN (33,35 %) et une candidate divers droite (22,12 %). Dans la Haute-Vienne, la candidate LFI et ex-députée de 28 ans Manon Meunier est là aussi concurrencée. Avec 35,18 % des voix, elle est en tête seulement de quelques centaines de voix face au RN (34,85 %) et un candidat divers centre (26,65 %). Cette ingénieure agronome, spécialiste de l’économie circulaire, est issue de la génération climat.

Les « écologistes » de la majorité en mauvaise passe

Chez les macronistes, les figures en charge de l’écologie ne sont pas nombreuses à se présenter. Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu n’a pas été candidat, Barbara Pompili et François de Rugy n’ont plus. L’ancien président de la commission développement durable Jean-Marc Zulesi est en difficulté avec à peine 26,23 % des voix dans les Bouches-du-Rhône face au RN Romain Tonussi (44,63 %). Même avec le report des voix du Nouveau Front populaire, sa victoire n’est pas acquise. En Haute-Marne, l’ancienne secrétaire d’État à la biodiversité, Bérangère Abba, est mal partie. Elle a vingt points de retard sur le RN (28,05 % contre 48,83 %), un écart difficile à combler malgré le désistement du candidat PS (20,38 %).

Dans les Côtes-d’Armor, Hervé Berville, le secrétaire d’État chargé de la Mer et de la Biodiversité, très décrié sur l’écologie pour sa défense de la pêche industrielle, arrive en tête (33,6 %), talonné par le RN (30,9 %). L’ex-secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Bérangère Couillard, est dépassée par le PS et risque de perdre sa circonscription.



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