• sam. Sep 21st, 2024

L’Europe conservatrice qui vient, par Frédéric Lebaron (Le Monde diplomatique, juillet 2024)

ByVeritatis

Juil 6, 2024


De quoi Ursula von der Leyen est-elle le nom ?

Le scrutin européen du 9 juin dernier n’a pas modifié les équilibres politiques au Parlement. Les droites nationalistes progressent mais restent désunies, libéraux et écologistes reculent, sociaux-démocrates et Parti populaire conservent leur position dominante. Mais derrière cette apparente continuité émerge un bloc idéologique néoconservateur incarné par Mme Ursula von der Leyen.

JPEG - 122.6 ko

Ray Smith. – « Fighting Dogs » (chiens de combat), 1989

© Ray Smith

Quand Mme Ursula von der Leyen obtient en juillet 2019 la courte majorité qui la propulse au poste de présidente de la Commission européenne, chacun imagine que cette figure plutôt centriste de la démocratie chrétienne allemande se contentera de remplir le traditionnel cahier des charges associé à sa fonction : incarner une bureaucratie bruxelloise parfois soupçonnée de vivre sur une exoplanète ; avancer d’un pas prudent sur la corde raide des équilibres entre Parti populaire européen (PPE) et sociaux-démocrates qui, avec les libéraux, cogèrent le Parlement. Mais la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont changé la donne. Profitant des béances institutionnelles de l’Europe politique, Mme von der Leyen a imposé de nouvelles orientations en matière de défense, d’environnement et d’immigration sans trop heurter les convictions des partisans les plus zélés de l’Europe fédérale ni froisser les sensibilités progressistes et conservatrices. Au prix de louvoiements : après son plan de relance économique de mai 2020, elle a semblé réorienter l’Union vers un développement plus durable en se faisant le chantre du Green Deal (« pacte vert ») avant de faire machine arrière devant la fronde généralisée de son propre courant politique et du monde agricole.

De toutes les considérations qui déterminent une candidature à la tête de la Commission, celle de la proximité avec le cultivateur bavarois ou l’éleveur béarnais a manifestement été écartée. Issue d’une lignée patricienne de la Hanse, Mme von der Leyen se jette en politique au début des années 2000 dans les pas et sur les terres de son père, ministre-président de Basse-Saxe, vice-président de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et haut fonctionnaire européen à la direction générale de la concurrence. Habituée aux pages des magazines depuis l’enfance, élevée dans le respect des valeurs conservatrices et de la prière à table, étudiante à la London School of Economics sous un nom d’emprunt pour fuir des menaces d’enlèvement par la Fraction armée rouge, (…)

Taille de l’article complet : 2 446 mots.

Cet article est réservé aux abonnés

Lycées, bibliothèques, administrations, entreprises,
accédez à la base de données en ligne de tous les articles du Monde diplomatique de 1954 à nos jours.
Retrouvez cette offre spécifique.



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *