Les combats, qui se sont concentrés au sud de Gaza depuis début mai, se propagent à nouveau à travers le territoire palestinien. Des bombardements israéliens ont visé la semaine écoulée de nombreuses zones au nord et au sud de l’enclave, faisant des dizaines de victimes, particulièrement à Gaza ville où une opération de Tsahal est toujours en cours. Des dizaines de milliers d’habitants ont de nouveau été contraints de fuir de la guerre, qui entame sa “phase III” selon une annonce du Premier ministre Benjamin Netanyahou. Le Hamas et Tel Aviv semblent se diriger vers un énième round de négociation tandis que la situation à la frontière libanaise s’embrase.
Pas de répit à Gaza. Les combats se sont poursuivis cette semaine avec la même intensité que la semaine d’avant. Vendredi dernier, des bombardements ont visé la ville de Gaza (centre), où deux soldats de Tsahal sont morts lundi, portant à 319 le nombre de militaires tués depuis le 27 octobre. Selon des responsables locaux de la santé, huit Palestiniens ont été tués et des dizaines d’autres ont été blessés par ces bombardements, menés par l’aviation israélienne en guise de soutien aux troupes au sol, déployées pour une opération contre le Hamas dans la principale ville du territoire palestinien.
Deux millions de déplacés, des conditions humanitaires “désastreuses”
Des témoins ont rapporté que les escarmouches se poursuivaient encore le lendemain, samedi. Mardi, parallèlement à ces opérations au nord et au centre de Gaza, le sud de l’enclave a été bombardé par l’armée israélienne, qui a émis de nouveaux ordres d’évacuation. Des frappes de Tsahal ont fait 8 morts et 30 blessés à Khan Younes et Rafah, si l’on se réfère au Croissant rouge palestinien.
La veille, c’est-à-dire lundi dernier, Benjamin Netanyahou a pourtant annoncé que la phase “intense” de la guerre touchait à sa fin. “Nous progressons vers la fin de la phase d’élimination de l’armée terroriste du Hamas”, a-t-il déclaré. “Nous avons entendu les Israéliens parler d’une baisse significative de leurs opérations (…) Cela reste à voir”, réagit Antony Blinken, chef de la diplomatie américaine.
Le même jour, des dizaines de prisonniers palestiniens ont été libérés. Parmi eux figure le directeur de l’hôpital al-Chifa de Gaza-ville, Mohammed Abou Salmiya. Ce dernier a révélé avoir été soumis à “de sévères tortures” pendant ses sept mois de détention. “Les prisonniers sont soumis à toute sorte de torture. De nombreux prisonniers sont morts”, a-t-il dénoncé. Sa libération est une “grave erreur” pour le PM israélien, qui estime que la “place de cet homme, sous la responsabilité duquel nos otages ont été tués et retenus, est en prison”. Le renseignement israélien intérieur justifie sa décision par l’obligation de “libérer des places”, ce qui suscite des interrogations sur le nombre de palestiniens faits prisonniers.
L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) estime à 250 000 le nombre de personnes déplacées. Mardi, Sigrid Kaag, coordinatrice humanitaire de l’ONU pour Gaza, a exprimé sa “vive préoccupation” suite aux nouveaux ordres d’évacuation. “Plus d’un million de personnes sont une fois encore à nouveau déplacées, en quête d’un abri et de sécurité. Ceci porte à 1,9 million le nombre de personnes déplacées à travers Gaza”, a-t-elle regretté.
A ces déplacements massifs s’ajoutent les conditions humaines “désastreuses”. Le manque de nourriture et d’eau se propagent au rythme des combats et des opérations israéliennes, qui sont actuellement menées aussi bien au nord qu’au sud.
Selon l’OMS, le système de santé est réduit à néant. Un total de 32 hôpitaux sur les 36 que compte la bande de Gaza ont été endommagés depuis le début de la guerre. Une vingtaine est désormais hors-service, poursuit-on.
Les structures de santé sont HS tandis que le nombre de blessés ne cesse d’augmenter chaque jour. Jeudi, un nouveau bilan de 38.011 morts a été annoncé. Au moins 58 personnes ont été tuées en 24 heures, selon le ministère gazaoui de la Santé. Le nombre de blessés s’élève à 87 445 depuis le 07 octobre.
Une “opportunité importante” pour une trêve
Le risque d’escalade du conflit à la frontière libanaise est l’autre source d’inquiétude des Nations Unies et de la communauté internationale. Israel et le Hezbollah se sont échangés des tirs de missiles cette semaine et le mouvement libanais affirme avoir lancé “plus de 200 roquettes de différentes sortes” et des drones explosifs sur des positions israéliennes. Il s’agit de ripostes après la mort dans le sud du Liban d’un haut commandant du mouvement chiite, ciblé et tué par une frappe israélienne.
Le Hezbollah, qui entretient depuis toujours des relations tendues avec Israel, a intensifié ses attaques depuis le début du conflit à Gaza en représailles à des actions militaires israéliennes tout en se voulant solidaire avec le Hamas, son allié.
Ce mouvement palestinien a de nouveau rendez-vous avec Tel Aviv pour un autre round de négociation. Le PM israélien a annoncé hier avoir mobilisé une délégation pour négocier la libération des otages encore retenus à Gaza. Jusque-là, plusieurs semaines de négociations, de propositions et de contre-propositions, tantôt israéliennes, tantôt palestiniennes, quand elles ne sont pas formulées par les pays médiateurs, à leur tête les États-Unis, ont échoué.
“Le Premier ministre a fait part au président Biden de sa décision de dépêcher une délégation pour poursuivre les négociations en vue de la libération des otages”. “Il a rappelé qu’Israël était avant toute chose déterminé à mettre un terme à la guerre seulement si tous ses objectifs sont remplis”, précise le gouvernement Netanyahou.
Pour Washington, les deux belligérants ont une “opportunité importante” d’arriver à un accord sur un cessez-le-feu à Gaza et une libération des otages. Le Hamas a affirmé avoir envoyé aux médiateurs de nouvelles “idées” pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza. Israël “évalue” les “commentaires” du Hamas sur un accord visant à une libération des otages et répondra aux médiateurs.