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Pro et antimégabassines, le dialogue impossible ?


Débat entre Julien Le Guet (Bassines non merci) et Patrick Franken, porte-parole de la Coordination rurale 47, Julie Trottier, chercheuse au CNRS spécialiste de l’irrigation.

16 juillet 2024 à 17h05

Durée de lecture : 3 minutes

Couthures-sur-Garonne (Lot-et-Garonne), reportage

Pour la première fois sans doute, un débat direct a eu lieu entre un opposant aux mégabassines et un partisan de cette technique de stockage d’eau. L’événement a eu lieu à Couthures-sur-Garonne (Lot-et-Garonne), lors du Festival international de journalisme organisé par le groupe Le Monde, samedi 13 juillet. Un débat d’anthologie, devant une assistance très fournie, entre Julien Le Guet (Bassines non merci) et Patrick Franken, porte-parole du syndicat agricole pro bassines Coordination rurale 47, venu en remplacement de Serge Bousquet-Cassagne, du même syndicat, qui s’était décommandé. Julie Trottier, chercheuse au CNRS spécialiste de l’irrigation, participait aussi au débat.

Celui-ci a été tout sauf apaisé, mais a permis de saisir la psychologie de certains adeptes des bassines, telle qu’exprimée par M. Franken. Face à Mme Trottier, qui avait souligné qu’« il y a un enjeu existentiel, la survie du vivant sur la planète, qui implique d’optimiser l’organisation des flux d’eau », il a affirmé que « seule l’irrigation a permis de multiplier la production alimentaire et de nourrir la population humaine ». Affichant « le devoir de nourrir la population mondiale », le porte-parole de la Coordination rurale a défendu un système agricole recourant à la mécanisation généralisée et aux mégabassines. « L’eau stockée, c’est pour vous nourrir, a-t-il lancé à l’assistance, c’est noble, ça ! »

Rejet de la science

Patrick Franken, vice-président de la Chambre d’agriculture — tout comme Serge Bousquet-Cassagne — avait été condamné à dix mois de prison avec sursis. Leur tort ? Avoir construit sans autorisation le barrage de Caussade dans le Villeneuvois, une retenue d’eau pour l’irrigation de 920 000 m3. Julien Le Guet, lui, a été condamné à un an de prison avec sursis pour l’organisation de manifestations interdites contre les mégabassines.

Le plus frappant était l’attitude agressive du représentant de la Coordination rurale, affirmant plusieurs fois que ce qu’avançait la scientifique Julie Trottier — qui invoquait de nombreux travaux de recherche — était « faux », disant que « tout ce qui est dit ici n’est pas étayé », voire parlant d’ « arguments factieux ». Il a aussi pris à partie le paysan et député écologiste Benoit Biteau, présent dans l’assistance, en affirmant que « Chez toi [sur ton exploitation], c’est la misère ! »

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Face à ce comportement provocateur, la salle exprimait son désaccord, le huant plusieurs fois tandis que certains spectateurs partaient, exaspérés. Durant ce temps, Julie Trottier gardait un calme remarquable, déroulant des faits et des exemples avec un sens aigu de la pédagogie, malgré les interruptions et bougonnements de M. Franken. De son côté, Julien Le Guet alignait ses arguments avec une sérénité amusée. « Ce n’est pas avec vous, les agriculteurs, qu’on est en opposition », a-t-il notamment dit, « c’est contre l’État, qui n’applique pas la loi ». Réponse du porte-parole de la Coordination rurale : « Vous appelez à démanteler des installations privées, les mégabassines, on vous en empêchera. »

« Les agriculteurs se tiendront aux côtés des forces de l’ordre »

M. Le Guet a retendu une perche : « Retrouvons-nous autour du revenu paysan », a-t-il proposé à M. Franken. « Je vous lance un appel à l’apaisement. »

Mais il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. La Coordination rurale a incité les agriculteurs à « aller soutenir et défendre nos amis paysans » dans les Deux-Sèvres, assurant que « les agriculteurs […] se tiendront aux côtés des forces de l’ordre ». Du 16 au 21 juillet, les opposants aux mégabassines organisent un Village de l’eau et des manif’actions dans les Deux-Sèvres et dans la Vienne.



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