19 juillet 2024 à 10h15
Mis à jour le 19 juillet 2024 à 12h03
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Retour à la case départ. La macroniste Yaël Braun-Pivet a été réélue présidente de l’Assemblée nationale dans la soirée du 18 juillet. Elle a obtenu 220 voix à l’issue du troisième tour, devançant le communiste André Chassaigne (désigné candidat unique pour le Nouveau Front populaire), qui n’a recueilli que 207 voix, et Sébastien Chenu (Rassemblement national), avec ses 141 voix.
Alors que six députés étaient candidats au premier tour, le résultat de ce scrutin reflète les trois blocs politiques qui s’affrontent désormais en France : le clan présidentiel, qui réunit les députés Renaissance et Horizons, mais aussi ceux des Républicains, les élus de ce parti ayant tous voté — sans s’abstenir — pour Yaël Braun-Pivet ; la coalition du Nouveau Front populaire ; et le Rassemblement national.
C’est donc une forme de victoire pour les macronistes, alors qu’ils avaient enchaîné les défaites aux élections européennes et aux élections législatives anticipées, et n’étaient pas parvenus à obtenir une majorité de députés le 7 juillet. C’est bien grâce à un jeu d’alliance avec la droite des Républicains que Yaël Braun-Pivet a pu être réélue, faisant revenir l’Assemblée à la situation antérieure, comme si rien n’avait changé depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, et que le Nouveau Front populaire n’était pas arrivé en tête des élections législatives — même s’ils n’ont certes pas réussi à obtenir une majorité absolue de députés.
« Manœuvres élyséennes »
Dans un communiqué intitulé « Une dissolution pour rien », le représentant du Nouveau Front populaire André Chassaigne a dénoncé « les manœuvres élyséennes avec les LR », qui ont donné lieu selon lui à « un véritable coup de force démocratique qui trahit le verdict des urnes ».
La gauche déplore également une situation qu’elle juge anticonstitutionnelle : 17 députés macronistes fraîchement élus ont voté pour Yaël Braun-Pivet, alors qu’ils sont toujours ministres, chargés des affaires courantes (comme Gabriel Attal ou Gérald Darmanin), un nouveau gouvernement n’ayant toujours pas été nommé. L’article 23 de la Constitution interdit pourtant d’être à la fois membre du gouvernement et parlementaire. Mais l’interprétation de ce point, dans le cas d’un gouvernement démissionnaire, est sujette à débat. Interrogée le 19 juillet sur TF1, la députée écologiste Sandrine Rousseau a affirmé que le Nouveau Front populaire allait étudier « tous les recours possibles » devant le Conseil constitutionnel.
Répartition des commissions permanentes
Maintenant que le perchoir a été attribué, les 577 députés vont choisir le 19 juillet le bureau de l’Assemblée nationale, en votant pour six vice-présidents, trois questeurs et douze secrétaires. Ce bureau fait appliquer le règlement intérieur de l’institution.
Enfin, le 20 juillet, les huit commissions permanentes (affaires culturelles et de l’éducation, affaires économiques, affaires étrangères, affaires sociales, défense, développement durable, finances et lois) seront réparties entre les différents groupes.
Qui sera Premier ministre ?
La présidence de l’Assemblée nationale ne revenant pas à un représentant du Nouveau Front populaire, la gauche s’inquiète désormais que le poste de Premier ministre lui échappe. « Il est à craindre que la forfaiture à l’égard des électeurs se poursuive et que le président de la République trouve dans cette élection [au perchoir] un prétexte pour nommer un Premier ministre issu de ses rangs », a écrit André Chassaigne dans son communiqué.
« Non, ce n’est pas fichu », assure Alexis Corbière, député de Seine-Saint-Denis, ex-LFI, désormais membre du groupe écologiste, interrogé par le journal Le Monde. Les négociations entre les quatre partis formant la coalition du Nouveau Front populaire patinent cependant depuis le 7 juillet, les insoumis et les socialistes ne réussissant pas à se mettre d’accord sur un candidat à proposer à Emmanuel Macron pour Matignon.