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Des militants antibassines agressés en route vers le Village de l’eau


18 juillet 2024 à 12h54
Mis à jour le 19 juillet 2024 à 16h02

Durée de lecture : 3 minutes

Dans la nuit de mardi 16 à mercredi 17 juillet, un convoi de cyclistes roulant vers le Village de l’eau à Melle (Deux-Sèvres) a été violemment attaqué. Venu de Bordeaux, le groupe faisait étape sur le terrain d’un pépiniériste, dans le village de Saint-Loup (Charente-Maritime), lorsque les évènements se sont produits.

Aux alentours de 22 h 30, Rémi, l’un des membres du convoi, a été alerté par des cris provenant des tentes. « En arrivant, on a trouvé un copain la tête en sang », raconte-t-il à Reporterre. Une autre militante, Mélodie, a été heurtée dans la chute délibérée de l’un des agresseurs alors qu’elle venait de rentrer dans sa tente. Évacuée sur une civière, elle a été emmenée aux urgences par les pompiers et en ressort avec un gros hématome sur la jambe. Depuis, la retraitée de 68 ans se déplace avec une canne.

Lire aussi : Le zèle (obsessionnel) de Darmanin contre les antibassines

Au total, selon les témoins, deux personnes ont été blessées, des vélos et des tentes ont été subtilisés, et des pneus crevés. Même si l’agression n’a pas été revendiquée, tous soupçonnent un acte délibéré et ciblé « d’agriculteurs probassines ».

Les Soulèvements pointent Darmanin du doigt

« Choqués par l’idiotie brutale de cet agissement, nous portons plainte et nous exprimons notre indignation face à ce passage à l’acte, le condamnant fermement. Nous apportons notre soutien total et inconditionnel aux paysannes qui nous ont accueillis et à toutes les personnes surveillées, harcelées, et mises sous pression. Nous reprenons la route soudées. Nous ne nous arrêterons pas, ils ne passeront pas », écrit Nico, militant contre les mégabassines dans un communiqué publié sur le site des Soulèvements de la Terre.

Le mouvement estime qu’« il en va de la responsabilité de Gérald Darmanin qui attise les tensions depuis plusieurs jours et justifie ces passages à l’acte », ainsi que de la Coordination rurale, « syndicat agricole acquis au RN » (Rassemblement national). Les Soulèvements accusent également certains médias qui déroulent le tapis rouge à leur discours probassines, sans contradiction.

Depuis le départ, les militants des convois de l’eau sont contrôlés, leurs sacs fouillés plusieurs fois par jour par les gendarmes, qui les surveillent constamment jour et nuit. Visiblement, ce dispositif surveille les convois… mais pas ceux qui les attaquent.

« Des black blocks qui vont arriver en masse ! »

Contactée par Reporterre, la direction générale de la Coordination rurale ne se prononce pas sur l’agression de mardi soir. « Nous ne sommes pas sur le terrain, nous ne sommes pas à l’ère de savoir qui a agressé ces personnes, mais il est fort possible que des gens soient fortement engagés, sur place, pour faire entendre la parole des agriculteurs qui nous nourrissent et qui ont besoin d’eau », indique ce haut responsable de la Coordination rurale, qui ne souhaite pas être cité. Il soutient fermement les propriétaires de « bassins de rétention » qui seraient la cible de « black blocks [1] qui vont arriver en masse ».

Un Village de l’eau se tient à Melle (Deux-Sèvres) du 16 au 21 juillet.
© Pierre-Yves Lerayer / Reporterre

« Nous sommes en contact avec le ministre et il ne sait plus quoi faire. Les forces de l’ordre ont un vrai sujet et craignent les violences de Sainte-Soline ou de Sivens. » À Sainte-Soline, en mars 2023, plusieurs militants avaient failli perdre la vie du fait des tirs des forces de l’ordre, comme Serge Duteuil-Graziani. À Sivens, dans le Tarn, un écologiste, Rémi Fraisse, était mort à cause d’une grenade tirée par un gendarme.

Le syndicat agricole appelle à revendiquer le droit aux bassines sans violence physique. Mais étrangement propose d’aller vandaliser l’espace public pour se faire entendre : « Des pots de peinture pour bâcher des radars, vous allez en voir beaucoup ! »



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