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La plume et le prétoire, par Anne Mathieu (Le Monde diplomatique, août 2024)

ByVeritatis

Août 4, 2024


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Couverture de l’ouvrage de Géo London, « Les Gaietés du prétoire », 1933

«Alors que jadis le chroniqueur judiciaire suivait paisiblement l’audience en prenant des notes et ne rédigeait son compte rendu que lorsque celle-ci était levée, il lui faut, dans la plupart des cas, faire son papier pendant le cours des débats et au fur et à mesure qu’ils se déroulent. » En 1937, le célèbre chroniqueur judiciaire Géo London réfléchit dans l’hebdomadaire Presse Publicité sur les évolutions de son métier. Plume attendue et redoutée du quotidien de droite Le Journal, il peut en effet prétendre à une observation avisée.

La chronique judiciaire revêt alors une place de choix dans les journaux. Elle occupe souvent la « une ». On la suit tel un feuilleton. Des rédacteurs talentueux s’en emparent, dont l’héritage s’ancrera dans la profession, y compris à la radio ou à la télévision. S’émancipant peu à peu du simple compte rendu, la chronique judiciaire devient un genre aux codes discursifs spécifiques. Elle emprunte toutefois au reportage, et certains journalistes vont pratiquer l’une et l’autre en alternance.

Tout comme le reporter, son homologue du Palais doit brosser une atmosphère. Le huis clos de la salle du tribunal favorise l’expression intense des sens, la solennité du décor, sa pesanteur. Chaque attitude est interprétée, chaque parole est décisive, chaque éclat de voix résonne. En 1935, Stéphane Manier suit pour Paris-Soir le procès de l’escroc Alexandre Stavisky : « Dans l’atmosphère surchauffée, des gouttes de sueur perlent aux fronts ; les silences se chargent d’impondérables, des tourments refoulés ravagent les traits des inculpés du box, des détenus ; les regards des avocats s’entrecroisent, s’interrogent anxieusement : “Sommes-nous joués ?” »

Mais l’atmosphère d’un procès, c’est aussi ce qui se déroule alentour, dans la salle des pas perdus, dans les couloirs, sur les marches du Palais, sur son parvis. En 1946, Francine Bonitzer, de L’Aurore, assiste au procès du docteur Marcel Petiot, accusé du meurtre d’une vingtaine de personnes (…)

Taille de l’article complet : 2 490 mots.



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