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Buenos Aires, capitale de la psychanalyse, par Anne-Dominique Correa (Le Monde diplomatique, août 2024)

ByVeritatis

Août 5, 2024


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Marcos Lopez. – « Freud, ojo, oreja » (Freud, œil, oreille), 1995

© Marcos Lopez – marcoslopez.com

Il y en a à tous les coins de rue. María Bondoni, 33 ans et passionnée de littérature, accueille ses patients sur un canapé gris et austère, orné de quelques coussins jaune et rouge, tout près d’une petite place au pied d’une église. Cinq minutes de marche plus loin, dans une rue parallèle, Nora Silvestri, la soixantaine, propose une thérapie d’orientation lacanienne, au premier étage d’un élégant immeuble haussmannien, à l’ombre d’un jacaranda. Quant à Lucila Aranda, qui se décrit comme « féministe » et « péroniste » sur son compte Instagram, elle est spécialiste des crises d’angoisse qu’elle traite dans son cabinet de l’avenue Santa Fe, à trois cents mètres de là.

Le vaste choix de « psys » qui exercent dans ce petit quartier bourgeois de Buenos Aires, surnommé la « Villa Freud », témoigne de la passion argentine pour le divan. Selon des statistiques de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de 2016, l’Argentine compte le plus grand nombre de psychologues par habitant au monde : 222 pour 100 000 personnes, soit au moins quatre fois plus qu’en France.

En Argentine, prendre soin de sa santé mentale n’est pas un tabou. « Ici tu es bizarre si tu ne te fais pas analyser », explique M. Ezequiel Berretta. Vendeur à Letra Viva, une librairie incontournable du quartier, l’homme nous tend un livre récemment publié et intitulé ¿ Qué es esa cosa llamada psicoanálisis ? (Cascada de Letras, 2023, « Quelle est cette chose appelée psychanalyse ? »). Écrit par le psychanalyste argentin Hernán José Molina, il vulgarise les concepts de base de la discipline : « inconscient », « blessures narcissiques », « abréaction », « complexe d’Œdipe », « pulsion », « attention flottante », « suggestion », « resignification », « association libre » ou encore « transfert ». Selon M. Berretta, la maîtrise de ce vocabulaire est indispensable pour s’intégrer à la vie « porteña » (de Buenos Aires). « Si vous vous posez deux heures sur le banc de la place Güemes [au cœur du quartier] pour écouter les gens discuter, vous (…)

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