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Arte à l’avant-garde du conformisme, par David Garcia (Le Monde diplomatique, août 2024)

ByVeritatis

Août 7, 2024


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Alan Rath. – « Vanity III » (Vanité 3), 1993

© Alan Rath – Hosfelt Gallery, San Francisco

Friande de ses séries sophistiquées, son cinéma d’auteur et ses documentaires fouillés, la bourgeoisie progressiste plébiscite la chaîne culturelle franco-allemande. Choix exceptionnel sur le Vieux Continent, Arte ne diffuse pas de série produite aux États-Unis. « C’est la plus grosse entreprise culturelle jamais conçue entre deux pays et la seule chaîne intégralement bilingue au monde », remarquait en 2022 M. Patrick Démerin, ex-responsable adjoint des soirées « Thema » d’Arte.

Malgré ou grâce à des audiences structurellement modestes (2,9 % de parts de marché en France, 1,2 % en Allemagne), elle a gagné ses galons d’institution consensuelle, par défaut en quelque sorte. Méconnue du très grand public, la chaîne n’est ni spécialement aimée ni franchement détestée, au-delà de son cercle de fidèles. « Elle est installée dans le paysage, les gens sont contents de l’existence d’Arte, même s’ils ne la regardent pas », résume son fondateur et ex-président Jérôme Clément, qui l’a dirigée pendant vingt ans. Apprécier une chaîne de télévision sans la regarder, est-ce bien raisonnable ? « Dire du bien de la chaîne culturelle et du mal des télévisions commerciales, c’est le pont aux ânes de ceux qui veulent paraître amis des arts et de l’intelligence, quand bien même ils regarderaient beaucoup plus souvent les secondes que la première », ironisait en 2002 Philippe Meyer, alors animateur et producteur à France Culture.

Conseiller culturel du premier ministre socialiste Pierre Mauroy de 1981 à 1984, M. Clément incarne à la perfection la distinction culturelle propre aux concepteurs d’Arte et à son public. Dans son autobiographie, ce haut fonctionnaire confie son goût pour les arts picturaux, hérité de son éducation. « J’ai toujours été intrigué par la peinture. Enfant, je passais des heures à regarder les toiles ou les gravures dans les maisons familiales. Chez mon grand-père paternel, le style était très classique, plutôt napoléonien, métissé de IIIe République, meubles en acajou, bibliothèques (…)

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