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Xavier Bertrand, futur Premier ministre ? Dans sa région, un bilan écolo « catastrophique »


13 août 2024 à 09h36

Durée de lecture : 5 minutes

Lille (Nord), correspondance

Plus d’un mois après le second tour des élections législatives, la France attend toujours le ou la future locataire de Matignon. Peu désireux d’y accueillir Lucie Castets, candidate du Nouveau Front populaire, la Macronie et une partie de la droite plébiscitent ces derniers jours la candidature de Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France.

Loué pour son appartenance à une droite « sociale », son intransigeance face à l’extrême droite et son côté « bosseur » et proche des gens, Xavier Bertrand possède également « de vraies qualités humaines. Il n’y a pas de faux-semblant, il affirme en plénière ses positions, même quand elles peuvent poser problème », reconnaît Alexandre Cousin, conseiller régional écologiste des Hauts-de-France. Qui ajoute : « L’écologie et la biodiversité sont ses points noirs. »

Xavier Bertrand ne peut pas être qualifié de climatosceptique – il a reconnu, à plusieurs reprises, le rôle du réchauffement climatique lors des inondations dans le Pas-de-Calais ou des récoltes catastrophiques de la pomme de terre il y a deux ans. Mais ses prises de position sur l’environnement, l’énergie et le vivant ont de quoi donner des maux de tête aux écologistes en cas de nomination à Matignon. « Le bilan environnemental de la Région est catastrophique, nous arrivons en dernière position des régions sur la transition écologique », dénonce Karima Delli, présidente écologiste du groupe « Pour le climat, pour l’emploi » au conseil régional, en référence à l’Enviroscore, publié en 2021 par l’Observatoire de la transition écologique. Les Hauts-de-France avaient notamment obtenu la note de 4/20 sur l’agriculture.

« Les chasseurs sont des écologistes de bon sens »

Élu en décembre 2015 face à Marine Le Pen à la tête des Hauts-de-France, Xavier Bertrand a tout de suite donné les clefs de la politique écologique aux chasseurs : les subventions aux associations écologistes – comme le Groupement ornithologique naturaliste (GON) – ont été réduites à portion congrue. À l’inverse, les chasseurs ont obtenu des subventions et un pouvoir décisionnel important – à l’instar de Jean-Michel Taccoen, vice-président de la fédération de chasse du Pas-de-Calais et président de la commission environnement de la Région. « [Xavier Bertrand] ne considère pas que l’écologie soit un sujet, et quand il considère que c’est un sujet, il laisse les chasseurs le traiter », résume Alexandre Cousin.

Cette position est fidèle à la rhétorique pompidolienne – « arrêter d’emmerder les Français » – du président de Région et à sa vision de la chasse comme partie intégrante des traditions rurales. « Ils [les ruraux] veulent tout simplement qu’on leur fiche la paix (…). Les chasseurs sont des écologistes de bon sens, parce qu’ils savent aussi qu’il faut respecter la nature », affirmait-il en 2021.

Près de Dunkerque (Nord), la centrale nucléaire de Gravelines est la plus puissante d’Europe occidentale. Pour Xavier Bertrand, cette centrale est un « bijou de famille » à conserver à tout prix, et à moderniser. « Je veux que la Région accueille 2 EPR. Gravelines a une durée de vie limitée, et nous devons anticiper. Le nucléaire est une énergie décarbonée et une filière créatrice d’emplois en Hauts-de-France », déclarait-il dans un tweet du 23 juin 2021.

Une politique d’artificialisation des sols

Au niveau national, Xavier Bertrand souhaite développer le parc nucléaire, et le maintenir au-dessus de 50 % du mix énergétique. « Je le dis sans ambages : moi, je suis pronucléaire », affirmait-il lors d’une vidéoconférence le 20 mars 2021. Une position qui fait bondir Karima Delli. « Gravelines est sur une zone inondable. Le nucléaire est un gouffre financier, un péril qui menace la sécurité de notre région. Regardez l’EPR de Flamanville, qui a coûté 19 milliards d’euros ! C’est autant d’argent qu’on ne mettra pas dans les énergies renouvelables ! »

L’un des combats les plus marquants de Xavier Bertrand à la tête de la Région est justement la lutte contre l’implantation de nouvelles éoliennes. Pour preuve, il a subventionné l’association Stop éoliennes Hauts-de-France avec l’argent de la Région – à hauteur de 40 000 € pour l’année 2022. Xavier Bertrand ne semble pas considérer l’éolien comme une option d’avenir. « On a pourtant le premier centre de formation des métiers des énergies renouvelables [le Windlab, à Amiens (Somme)], on devrait être fiers ! », s’indigne Karima Delli.

À l’hiver 2023-2024, le Pas-de-Calais a subi de terribles inondations. Si Xavier Bertrand a été présent sur le terrain et s’est dit prêt à prendre en main le curage des canaux – réclamé par de nombreux agriculteurs, mais pas de la compétence de la Région –, il ne considère pas l’artificialisation des sols comme une cause sérieuse d’inondations. « Ce n’est pas dans les zones industrielles qu’il y a des inondations, il suffit de venir voir sur place », disait-il à Politico début janvier. Une déclaration cohérente avec la tiédeur de Xavier Bertrand à mettre en œuvre la loi zéro artificialisation nette dans la région qu’il dirige, pourtant très exposée aux inondations. « Il n’y a aucune politique de prévention de ces risques, regrette Karima Delli. Xavier Bertrand n’a pas fait de moratoire sur la politique d’artificialisation qu’il mène depuis 8 ans. »

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