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L’Estonie sur le pied de guerre, par Damien Lefauconnier (Le Monde diplomatique, juillet 2023)

ByVeritatis

Août 18, 2024


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Jérémie Jung. — De la série « Setomaa, un royaume sur le fil ». Gardes-frontières estoniens à la frontière russe, Estonie, 9 février 2015

© Jérémie Jung – Signatures

La vidéo amateur a fait le tour des réseaux sociaux et des médias estoniens. Le 9 mai dernier, la commune russe d’Ivangorod, qui jouxte l’Estonie, commémore, comme tout le reste de la Russie, l’anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie, avec écran géant et concerts. Depuis les remparts de la ville de Narva, de l’autre côté du fleuve, côté estonien, la séquence montre un homme d’une cinquantaine d’années agressant un manifestant alors que ce dernier brandit un drapeau ukrainien visible de l’autre rive du cours d’eau. « Enlève-le, enlève-le », tempête l’individu en russe, avant de pousser violemment le jeune homme, qui chute sur les marches d’un escalier.

« La plupart des gens autour soutenaient mon agresseur », raconte par la suite la victime, militant au sein de l’organisation non gouvernementale estonienne Avatud Vabariik (« Une république ouverte »), qui agit pour l’intégration des jeunes issus de la minorité russe, aux médias venus l’interroger. Le jeune homme, lui aussi russophone, n’a souffert que de quelques ecchymoses, son assaillant a été condamné à de la prison avec sursis. À Narva, 90 % des habitants sont issus de la minorité russe, qui représente un quart de la population de l’État balte. En 2022, selon l’agence officielle des statistiques d’Estonie, 31,5 % des résidents estoniens pratiquaient le russe à la maison.

Cet incident s’est accompagné d’une initiative aux conséquences plus inquiétantes. Le même jour, celui de la fête nationale russe, le musée de la ville, installé dans la forteresse médiévale qui fait face à la frontière, accroche sur son mur une affiche à l’effigie de M. Vladimir Poutine, avec ces mots : « criminel de guerre ». L’acte provoque une confrontation entre les gardes-frontières des deux pays, les Russes exigeant, en vain, le retrait de l’affiche auprès de la police estonienne.

Les deux événements racontent l’atmosphère électrique qui règne en Estonie depuis l’invasion de l’Ukraine. En premier lieu au sommet de l’État. La première ministre Kaja Kallas (…)

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