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Impossible recentrage du Parti populaire espagnol, par Maëlle Mariette (Le Monde diplomatique, juillet 2023)

ByVeritatis

Août 19, 2024


À l’heure où la droite s’allie avec la formation d’extrême droite Vox

Longtemps considérée comme une exception en Europe, l’Espagne doit compter désormais avec l’influence électorale croissante de Vox, fondé en 2013. L’émergence de ce mouvement, qui devrait peser sur le scrutin législatif anticipé du 23 juillet, doit beaucoup aux divisions internes et à l’évolution idéologique versatile de la droite postfranquiste.

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Equipo CrónicA. — « Après le massacre », non daté

© Adagp, Paris, 2023 – Photographie : Archives Alinari, Florence, Dist. RMN-Grand Palais / Fratelli Alinari

La mine grave, M. Pedro Sánchez a annoncé le 29 mai dernier, lors d’une allocution télévisée, la convocation d’élections générales. Au pouvoir depuis 2018, le chef du gouvernement espagnol a choisi d’avancer au 23 juillet prochain la tenue d’un scrutin initialement prévu à la fin de l’année. Son annonce-surprise intervient au lendemain d’une déroute du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), dont il est le secrétaire général, lors des élections municipales et régionales. Le Parti populaire (PP), principale organisation conservatrice espagnole, a en effet obtenu le plus de suffrages dans six des dix régions jusqu’alors dirigées (directement ou au sein d’une coalition) par les socialistes. Dans cinq d’entre elles, toutefois, la droite devra s’assurer l’appui du parti d’extrême droite Vox, car elle n’y dispose pas de la majorité absolue — des pourparlers ont parfois déjà abouti. Le PP a également conquis les mairies de Valence et de Séville, troisième et quatrième villes du pays.

De façon à discréditer le PP, conduit par M. Alberto Núñez Feijóo depuis 2022, la gauche répète à l’envi qu’il faut arrêter ce « courant réactionnaire », stopper la « vague ultraconservatrice », ou encore faire « barrage à l’extrême droite ». Si la stratégie n’a pas jusqu’à présent fonctionné davantage en Espagne qu’en France ou en Italie, qu’en est-il du fondement de cette accusation ?

Le PP trouve ses origines dans le franquisme, le système instauré par le général Francisco Franco et ses partisans après avoir remporté une sanglante guerre civile (1936-1939). La majorité des dirigeants du parti sont des enfants ou des petits-enfants des élites politiques franquistes, et notamment de leur frange réformiste, pour laquelle l’Espagne devait s’engager dans la voie démocratique après la mort de Franco en 1975. Ancien ministre de l’information et du tourisme sous la dictature, Manuel Fraga Iribarne fonde, en octobre 1976, Alianza Popular (AP), qui deviendra une dizaine d’années plus tard l’actuel PP. L’objectif était de fédérer sept (…)

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