• dim. Sep 29th, 2024

des agriculteurs bloquent un rassemblement du parti REV


Des bottes de paille, des pancartes, et un site bloqué durant plusieurs heures. Le parti politique antispéciste Révolution écologique pour le vivant (REV), composante du Nouveau Front populaire, devait lancer ses universités d’été à Ouches (Loire) le 23 août à 13 h 30. Mais l’accès au domaine, un site privé entouré de champs, a été obstrué par des agriculteurs locaux de 11 h 30 à 16 h 30, affirment des adhérents du parti.

« Avec un tracteur, ils ont contourné le barrage mis en place par la gendarmerie nationale, qui visait à sécuriser les riverains et les participants de l’événement, raconte Fiona Vanston, chargée de campagne pour la REV. Ils ont donc traversé les champs — qui leur appartiennent — et ont empilé des bottes de paille devant l’entrée du site, qui ne leur appartient pas. On a été complètement bloqués pendant des heures. » Elle rapporte également avoir entendu des « détonations » à intervalles réguliers, comme l’atteste par exemple cette vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Plus d’une centaine de personnes — intervenants, bénévoles, associations — ont d’abord été bloquées à l’intérieur du domaine privé, tandis que les futurs participants étaient empêchés d’entrer. Le parti politique avait prévu d’accueillir 300 à 400 personnes jusqu’au 25 août. « Les gens ont été inquiets au début, notamment les enfants. Certaines personnes ont fait des crises d’angoisse à cause des détonations », témoigne Fiona Vanston. La tension est toutefois retombée vers 16 h 30, quand les forces de l’ordre ont rétabli l’accès au site. Des militants ont ensuite tentés d’aller ouvrir le dialogue avec les agriculteurs.

La REV accuse cependant les forces de l’ordre présentes sur place de ne pas avoir débloqué l’accès au site et à la voie publique plus tôt, et d’avoir « laissé faire » les agriculteurs mécontents. Contactée, la préfecture de la Loire n’a pas répondu aux questions de Reporterre.

« Pas de véganes dans nos campagnes »

Les agriculteurs se dressent contre ce parti politique, et plus globalement contre l’antispécisme, une idéologie s’opposant à la discrimination et la domination des animaux. Ils ont installé autour du site des pancartes, comme « Pas de véganes dans nos campagnes », ou « Écologie radicale, famine totale ».

Cela faisait plusieurs semaines que la tension montait dans la région, autour de cet événement. « Quand j’ai appris [que les universités d’été de la REV allaient se tenir à Ouches], ça m’a profondément agacé », affirmait par exemple François Garrivier, le président de la filière bovine au syndicat FDSEA (une antenne locale de la FNSEA) de la Loire, au micro de France Bleu Saint-Étienne Loire. Il poursuivait : « Aymeric Caron est le personnage politique qui haït notre profession, qui déteste nos savoir-faire, nos traditions culinaires et culturelles. Qu’il vienne dans notre zone en plein cœur de l’élevage charolais, c’est provocant. Les éleveurs, les bouchers, les gens qui travaillent dans des abattoirs sont très choqués de cette venue. »

La fédération de chasse a aussi mobilisé ses troupes

Il avait demandé au préfet de la Loire l’annulation de cet événement politique, selon France Bleu. « Aymeric Caron prône la désobéissance civile quand il s’agit d’aller défoncer des terres agricoles dans le but d’interdire l’irrigation, par exemple, alors cette désobéissance civile, il faut aussi se la prendre dans la figure quelques fois », prévenait François Garrivier. La REV affirme aujourd’hui que des agriculteurs locaux, dont des représentants de la FDSEA avaient été conviés à intervenir lors de tables rondes de ces universités d’été, sans réponse.

Le parti politique refuse l’accusation de « provocation ». « On a choisi un territoire rural parce que la majorité de nos membres sont issus de territoires ruraux, et on décide de respecter ces identités, dit Fiona Vanston. On est légitimes. De plus, l’Auvergne-Rhône-Alpes est la région où on a le plus de membres, on voulait donc leur permettre d’accéder à l’événement plus facilement. »

Les éleveurs ne sont pas les seuls à vouloir perturber l’événement politique. La fédération des chasseurs de la Loire a également appelé ses adhérents à venir sur place, à l’occasion d’une table ronde animée par le naturaliste Pierre Rigaux, le 24 août. Ce dernier publie régulièrement des enquêtes vidéo sur des pratiques de chasse cruelles. « C’est le moment de leur rappeler que la chasse est un art de vivre que nous comptons défendre. Pour l’organisation, venir en tenue fluo pour être identifié et trompe de chasse », écrit la fédération des chasseurs.



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