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Attal sort la cisaille et sacrifie (encore) l’écologie


30 août 2024 à 09h13
Mis à jour le 30 août 2024 à 17h50

Durée de lecture : 4 minutes

Grande braderie de rentrée : les ambitions écologistes de l’État mises au placard avec l’été. Alors que le président se refuse toujours à nommer la Première ministre proposée par la composante majoritaire de l’assemblée, le Premier ministre — démissionnaire — Gabriel Attal, a envoyé le 20 août des courriers à tous les ministères. Son ambition : « Geler » le projet de budget 2025 par rapport à 2024.

Pour y parvenir, le Premier ministre a mécaniquement besoin de 10 milliards d’économies supplémentaires — du fait de l’inflation — mais ne s’arrête pas là. Car ces « lettres-plafond », comme on désigne ces documents de travail, esquissent la répartition des dépenses au sein de chaque ministère, avant le vote du budget par les parlementaires en fin d’année.

Marche arrière sur MaPrimeRénov et les voitures électriques

Sauf que, comme le révèle le média indépendant Contexte, la lettre-plafond reçue par le ministère de l’Écologie cet été envisage un retour en arrière sur quatre grands dossiers : la rénovation énergétique des logements, l’électrification des véhicules, les financements pour la biodiversité et le « Fonds vert ». Au total, cela représenterait une baisse de crédit de paiement de 1,3 milliard d’euros par rapport à 2024 sur le poste « écologie ».

Plus précisément, selon les informations de Contexte, la rénovation énergétique des logements sera désormais rattachée au ministère de la Cohésion des territoires en 2025 — alors même que les contours des futurs ministères sont très incertains. Au passage, MaPrimeRénov — principal financement public pour la rénovation énergétique des logements — perdrait encore près d’1,7 milliard d’euros, après avoir déjà renoncé à un milliard d’euros en décembre. Maigre consolation : les crédits ouverts en 2024 mais non utilisés pourraient être reportés.

Pour les transports, la lettre-plafond suggère d’enlever un tiers du milliard et demi d’euros destiné à financer le bonus écologique, la prime à la conversion et l’achat en « leasing » d’un véhicule électrique. Lancée en janvier dernier, cette dernière mesure a profité à près de 50 000 personnes et touche prioritairement les jeunes actifs et les personnes aux faibles revenus, une population souvent contrainte d’utiliser une voiture.

Encore plus d’austérité pour la biodiversité

Autre victime potentielle : le « Fonds vert », qui finance pour sa part la transition écologique des collectivités notamment par la rénovation des bâtiments publics ou la modernisation de l’éclairage public. Déjà, en avril, ce fonds avait été ramené de 2,5 à 2 milliards d’euros. Il est envisagé de le réduire à 1 milliard pour 2025. Enfin, la biodiversité, déjà sous-financée, se verrait privée de 140 millions d’euros, soit près d’un quart de son budget, moins d’un an après le lancement de la nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité.

Contacté, le ministère de la Transition écologique comme le secrétariat général à la planification écologique — qui dépend du Premier ministre — n’ont pas donné suite à nos demandes d’entretien. Difficile d’en savoir plus à ce stade. Même la commission des finances du Sénat ne semble pas parvenir à obtenir une copie de ces documents. Tout au plus, on sait que le ministère du Travail devra économiser 3 milliards — notamment sur l’apprentissage et la validation des acquis.

Sur l’écologie, c’est en tout cas une trahison nette des engagements du pouvoir macroniste, y compris très récents puisqu’en mai dernier Bruno Le Maire s’engageait à des financements pérennes pour la transition dans l’automobile. Un « énième revirement » pour Pierre Leflaive, responsable transports au sein du Réseau Action Climat : « On aide moins ceux qui ont le plus besoin de changer de mobilité, ou les communes qui veulent massivement investir. Et on ne fait toujours rien sur la fiscalité des secteurs qui ont des moyens de faire autrement. » Et de déplorer « des arbitrages politiques soumis aux aléas de l’actualité et qui s’adaptent au sens du vent ».

Absence de cap

« Tenir le cap » était paradoxalement l’intitulé du rapport annuel du Haut conseil pour le climat paru au début de l’été. L’instance indépendante y recommandait de mettre en place « une stratégie pluriannuelle des financements de la transition écologique ».

Le sujet était même au programme des travaux de l’ex-Assemblée nationale en cette fin d’été, jusqu’à la dissolution qui a tout arrêté, comme les travaux sur la programmation pluriannuelle de l’énergie ou la nouvelle stratégie nationale d’adaptation au changement climatique. Après avoir dynamité l’équilibre démocratique du pays, le pouvoir sortant semble désormais accepter de détruire lui-même ses propres ambitions sociales et écologiques.

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