• jeu. Sep 19th, 2024

de la France à l’Italie, la convergence des luttes pour l’eau


Une « Traversée de l’eau », du Marais poitevin jusqu’à Venise, en Italie. À l’initiative du collectif Bassines non merci et dans le cadre de la saison 7 des Soulèvements de la Terre, une délégation d’une trentaine de personnes partira en convoi motorisé le 2 septembre de la commune de Magné (Deux-Sèvres), dans le Marais poitevin, deuxième plus grande zone humide de France, pour une traversée de 1 300 km, afin de mettre en lumière les mouvements de défense de l’eau.

Ce n’est pas la première fois que des militants français se rendent sur des luttes italiennes, et inversement ; mais avec cette traversée, les militants souhaitent bâtir une véritable « culture de la résistance transfrontalière », et acter le lien entre deux « territoires d’eau », la « Venise verte » du Marais poitevin et la lagune de Venise, « reconnus mondialement pour la richesse de leur biodiversité et la beauté de leur architecture », et pourtant « menacés par l’industrialisation et l’accaparement de l’eau », explique Noé, membre des Soulèvements de la Terre et coorganisateur de la traversée.

Carte de la « Traversée des luttes de l’eau », du 2 au 8 septembre 2024.
© Les Soulèvements de la Terre

Des plaines d’Auvergne aux montagnes alpines

À chacune de leurs étapes, les militants rejoindront une lutte locale pour la défense de l’eau. Le 2 septembre, la délégation sera dans la plaine céréalière de Limagne, en Auvergne, où deux mégabassines sont en projet. Elle y assistera à un « bal trad de rentrée » du collectif BNM63. Le lendemain, direction Grenoble, où le collectif Stop Micro dénonce la consommation d’eau et les rejets polluants dans les nappes de l’Isère d’une entreprise franco-italienne (STMicroelectronics) et d’une société française (Soitec) qui prévoient une extension de leurs usines de puces électroniques.

La délégation prévoit d’être le soir même aux abords du lac artificiel de Serre-Ponçon, dans les Hautes-Alpes, où Emmanuel Macron avait annoncé son Plan eau le 30 mars 2023, quelques jours après la manifestation de Sainte-Soline. Elle y retrouvera le collectif NO JO, opposé aux Jeux olympiques (JO) d’hiver 2030 dans les Alpes — dont la candidature, la seule, a été choisie par le Comité international olympique (CIO) — pour dénoncer « l’échec des politiques sur l’eau » et échanger sur « l’état de la montagne dont les glaciers fondent à vue d’œil », détaille Noé, des Soulèvements de la Terre.

Traversée transfrontalière

La journée du 4 septembre sera consacrée à la traversée frontalière de la vallée de Briançon, avec la coordination de soutien aux exilés (Tous migrants, Refuges solidaires, Médecins du monde, Asso EKO !). Les organisateurs annoncent un pique-nique au poste-frontière du Montgenèvre, à proximité d’un terrain de golf international et d’une station de ski. Ils y seront rejoints par une délégation italienne. Les militants y dénoncent l’usage de l’eau pour l’arrosage du golf et des retenues collinaires qui servent notamment à alimenter les pistes de ski en neige de culture.

« Les pouvoirs publics ont préféré trouver les moyens pour arroser le golf et produire de la neige artificielle plutôt que pour accueillir dignement des personnes qui tentent de fuir la misère, les pénuries d’eau, la guerre et les catastrophes climatiques, à l’instar des personnes venues du Soudan et du Maroc », dénoncent les organisateurs dans un communiqué.

Direction le projet de LGV Lyon-Turin

La délégation se dirigera dans l’après-midi vers le val de Suse, en Italie. L’occasion de retrouver le mouvement italien No Tav, contre la ligne à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin, qui a déjà mobilisé Les Soulèvements de la Terre en juin 2023 dans la vallée de la Maurienne. Le projet de la LGV est désigné comme un « grand ouvrage inutile dont les chantiers assèchent désormais la montagne, répandent des matières toxiques dans l’air, polluent les rivières, exproprient les habitant⸱es et rasent des forêts ». Il implique le drainage de dizaines de millions de m3 d’eau souterraine qui s’écoulent des montagnes.

La LGV Lyon-Turin entraîne des perturbations du cycle de l’eau en Maurienne.
Flickr/CC BYNCND 2.0/Stefano Maffei

Le convoi rejoindra le « presidio » historique de Venaus, où le réseau italien Écologie politique organise un campement. L’occasion pour les Italiens d’apprendre à leurs camarades français l’histoire du « presidio », une cabane qui sert à la fois de vigie pour surveiller le chantier et de lieu de réunion pour les opposants à la LGV Lyon-Turin. Une première assemblée se tiendra sur place en présence des collectifs organisateurs italiens, ainsi que des militants français de Bassines non merci, des Soulèvements de la Terre, et d’une délégation d’activistes opposés à la LGV Bordeaux-Toulouse qui préparent une mobilisation en octobre dans le sud-ouest de la France ; une des prochaines dates de la saison 8 des Soulèvements de la Terre.

Le soir, les militants se rendront dans un autre « presidio », à San Didero, face à un chantier « militarisé » du Lyon-Turin de plusieurs hectares. Les militants prévoient de manifester autour du chantier. Une seconde manifestation est prévue le 5 septembre, près d’un autre chantier de la LGV, celui du percement du tunnel, à Chiomonte, un petit village dans le fond de la vallée de la rivière de la Clarea. Une habitante y a mis à disposition de No Tav un hameau d’anciens moulins à eau, que le mouvement a rebaptisé « presidio Mulini ». « L’idée est de montrer une solidarité entre nos luttes face au durcissement de la répression des militants écologistes et défenseurs de l’eau », soutient Noé.

Un camp climat dans les bois italiens

Au matin du 5 septembre, les militants français et italiens sont invités à participer à la cinquième édition du camp climat de Venise, baptisée Woods Climate Camp, à Vicence, pour y rester jusqu’au dimanche 8 septembre. Ce camp annuel est né de la lutte victorieuse pour empêcher le passage des navires de croisière au cœur de la lagune de Venise. Depuis, il ouvre de nouveaux fronts, comme celui du projet de LGV entre Turin et Venise.

Les militants ont choisi de se rassembler au cœur de la Vénétie, où la pollution industrielle aux « polluants éternels » (PFAS) de l’eau et des sols s’étend sur plus de 200 km2 et toucherait jusqu’à 350 000 personnes. Le campement vise à apporter un appui à l’occupation populaire qui s’est installée depuis mai dans des bois et un centre social autonome menacés de destruction et d’expulsion dans un quartier populaire, au profit de la LGV Turin-Venise.

Les organisateurs espèrent faire de ce camp « une opportunité unique pour les militants de toute l’Europe de converger » et de « créer un agenda commun des principales échéances à partir de l’automne prochain, en recherchant des stratégies à long terme ». « L’objectif est de créer des alliances transnationales, entre la France et l’Italie, car l’eau n’a pas de frontières », explique Stella, l’une des organisatrices du camp italien. Une manifestation est annoncée à Vicence le samedi 7 septembre au soir, après une journée de formations, assemblées et débats sur le campement. Le lendemain, deux autres manif-actions tenues secrètes doivent se dérouler en parallèle.

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