• jeu. Sep 19th, 2024

« La révolution, c’est de l’eau », par Wendy Delorme


Reporterre vous propose chaque samedi du mois d’août une nouvelle de science-fiction inédite. Nous avons donné carte blanche à des autrices et auteurs pour écrire des textes qui nous transportent vers des futurs écologiques désirables. La nouvelle du jour est signée Wendy Delorme. Romancière féministe, membre du collectif d’autriX RER Q, son dernier ouvrage, Le Chant de la rivière, est paru en avril 2024 aux éditions Cambourakis. Le texte d’aujourd’hui est issu de son travail sur son prochain roman, à paraître également aux éditions Cambourakis. Bonne lecture.

  • Fiction 2 : Rongeurs, par Sylvie Lainé

Iels sont sept à habiter là, au rez-de-chaussée d’un bloc de deux étages, ancien entrepôt surmonté de bureaux vides. Au début, iels ne sont que quatre : Bernard, Lucie et ses deux filles, Mia et Léonie. Bernard, paysagiste à la retraite, a rencontré Lucie, institutrice, via l’école où elle travaille. Il aidait, parmi les bénévoles, à transformer les bordures de la cour de récré en jardin partagé. Leur amitié s’est nouée de cafés dans le préau en bêchage de plates-bandes. Et puis les dîners, qu’il cuisine avec joie et inventivité. Lucie voyait la solitude du bonhomme depuis sa retraite et son besoin de lien, son respect aussi pour son autonomie. Mia et Léonie l’ont adopté comme le grand-père qu’elles n’avaient plus. Alors, quand elle a quitté le centre-ville pour l’ancienne banlieue industrielle et ce bâtiment désaffecté, Lucie a proposé à Bernard de les suivre.

Iels ont refait le plancher, monté des cloisons et isolé les murs de ciment, transformant l’entrepôt en nouveau foyer de vie. Iels sont nombreuxses, à l’époque où se déroule notre histoire, à s’organiser ainsi, de chantiers participatifs en cuisines collectives. Le premier étage était déjà occupé par un collectif de trois familles, qui cherchait à s’agrandir. Lucie, ses enfants, Bernard sont arrivées pour aider au chantier du bas, et y sont resté.es. Puis, trois jeunes sont venu.es s’y réfugier : Rima, la nièce de Lucie et un couple de camarades — Javier et Abel. Trois étudiantes en décrochage scolaire (quel intérêt de faire des études dans un monde qui brûle et qui se noie ?), qui trouvent plus de motivation à monter des actions contre les centrales à béton, qu’à user les bancs de la fac de Bron. Iels sont fichées E, pour « Écoterrorisme ». Pour avoir saboté une bétonneuse, versé du sucre dans le réservoir.

Les trois jeunes suppléent à la mise en commun des revenus en faisant de la récup’ sur les marchés. Iels sont rompues au système débrouille, comme la plupart des jeunes de leur génération. Iels n’ont pas peur de monter sur le toit pour réparer le dispositif de filtrage d’eau de pluie, caché là-haut malgré l’interdiction aux particuliers de détenir des collecteurs d’eau. Mais l’eau est devenue si chère, parce que si difficile à décontaminer des polluants et bactéries qui s’y concentrent à cause du réchauffement et du raccourcissement du cycle de l’eau douce, que beaucoup de citoyennes récoltent l’eau de pluie pour les usages courants. Les agro-industriels qui financent le parti au pouvoir concentrent la quasi-totalité des ressources en eau du territoire, mais ce sont les populations qui sont accusées d’en faire mauvais usage, et à qui on impose des forfaits hors de prix, au nom de la Sobriété. Alors, les populations braconnent l’eau.

Le bâtiment où vivent Bernard, Lucie, Mia, Léonie, Rima, Abel et Javier, est à proximité du canal de Jonage, caché derrière un ancien centre commercial. Le lieu est désaffecté depuis son évacuation armée et sa fermeture après les grandes Émeutes du Prix de l’eau, deux ans auparavant. Il fait face à ce qui reste d’un terrain de foot encombré de carcasses de voitures brûlées, et de caddies rouillés. C’est à partir de ce terrain vague que Bernard emmène les enfants, puis Lucie et les jeunes, explorer les bords de l’ancien Chemin de halage, le long du canal. Il leur montre la partie exhumée de la Rize : l’endroit où l’on peut encore suivre cet ancien cours d’eau sur quelques centaines de mètres [1], avant que ses eaux se perdent sous le canal puis dans les égouts de Lyon.

La Rize est ainsi enterrée depuis deux siècles, au moment où a lieu notre histoire. Mais Bernard a suivi ses traces, tellement enfouies dans le paysage urbain que plus personne ne sait que la végétation le long de tel rebord de bitume, telle déclivité de terrain, signale le cours de son ancien lit. Là où on ne voit qu’un fossé empli de détritus, la Rize coulait autrefois de son flux paisible de petit affluent du Rhône.

– Son origine exacte, raconte Bernard aux enfants, est encore un mystère. Certaines disent qu’elle est un ancien bras du Rhône. D’autres affirment que ses eaux sourdaient des marais qui autrefois s’étendaient au-delà de Villeurbanne, avant que tout soit construit. On ne sait plus que, sous le béton, elle traverse toujours le cours Émile Zola et le cours Tolstoï. On a même oublié que la Petite rue de la Rize a été nommée ainsi parce qu’elle longeait le ruisseau. 

Ça leur fait quelque chose, aux enfants, de savoir qu’un ruisseau fantôme coule dans ces quartiers en manque d’espaces verts, sous les bitumes, dans les égouts.

Bernard poursuit, la voix chargée d’émotion :

– Réputée autrefois pour la clarté de son eau, la Rize a connu la souillure des industries textiles à l’avant-dernier siècle. Le pourrissement du chanvre, les rejets des tanneries ont rendu ses eaux puantes, on ne pouvait plus la boire ni même s’en approcher. Infectée, accusée de transporter la fièvre typhoïde, elle tombe en disgrâce.

Lucie alors comprend, au fil des paroles de Bernard, que la Rize est une sorcière, mise au ban par les hommes qui, à chaque nouveau malheur l’accusent des pires maux, après l’avoir salie. Jusqu’à ce qu’ils décident de sa mise à mort, par un procès public qui la condamne d’avance.

– Le 6 avril 1875, le conseil municipal de Lyon vote la suppression de la Rize à l’intérieur de la ville, pour assainir les quartiers. Personne ne proteste. 

Noyer les sorcières ou bien les brûler était autrefois considéré comme un acte d’utilité publique, songe Lucie, attristée.

– C’est ainsi que la Rize a été enfouie sur la majorité de son parcours, après avoir été avilie par ceux-là mêmes qui l’enterrent. Depuis, son cours lyonnais s’écoule dans les tréfonds nauséabonds de la ville, avec les ordures, les chasses d’eau et les rats. Mais elle est toujours là, glissant sous le bitume, chuchotant dans les caves. 

Les enfants s’endorment en rêvant au ruisseau fantôme, enterré de mains d’hommes. Oui, les humains font cela, pense Lucie : ensevelir les ruisseaux, vider les lacs et assécher les terres, inonder des villages en montant des barrages, comme les enfants construisent leurs châteaux de sable en bord de mer, creusant des douves, des bassins, des galeries. Jusqu’à ce que la marée vienne lisser la plage, effacer toute trace de leurs pas. L’humain parfois oublie qu’il est seulement de passage. Ni propriétaire, ni même locataire, il est l’une des espèces temporaires de la planète, celle qui aura œuvré à sa propre destruction.

« Elle aussi, elle veut manier une des machines à casser le béton »

Après le coucher des enfants, Lucie s’endort en pensant que l’eau était là avant l’homme. Elle sera là après. Bien longtemps après. Lucie, au fond, n’est pas inquiète pour l’eau. La Rize, pour l’instant, rampe dans les sous-sols, chargée d’immondices et de produits toxiques. Pour l’instant.

Car Bernard leur a transmis son unique obsession : réhabiliter la Rize. La voir couler en surface sur tout son ancien tracé. Faire revenir l’eau claire qu’elle a été, courant de sa belle onde vive de Meyzieu jusqu’à Lyon, en passant par Décines, Vaulx et Villeurbanne.

Bernard explique aux enfants comment repérer, des décennies après qu’un ruisseau a disparu sous terre, les ripisylves qui, au détour d’un terrain vague, en bordure d’une route, indiquent la présence d’un ancien cours d’eau. Il leur apprend les espèces qui croissent près des eaux vives : aulnes, frênes, saules, peupliers, noisetiers… Il leur montre les endroits où il sait que la Rize coule encore sous terre.

C’est souvent à l’aube que Bernard, Lucie et les enfants font leurs maraudes. Leurs repérages, comme dit Bernard. Parce qu’il est convaincu, après plus de quarante ans de carrière au service de l’agglomération, que si on continue d’attendre les autorisations officielles pour creuser, ouvrir le béton, les humains vont crever la gueule ouverte. Iels seront de plus en plus nombreuxses à penser comme Bernard, à l’époque où se déroule notre histoire. À commencer par la génération de Mia et Léonie.

Les enfants et Lucie, Bernard, Rima, Javier et Abel se communiquent leur joie, leur force et leur envie. L’envie de faire revenir l’eau dans cette zone bétonnée, aux grands bâtiments gris, où peu à peu la végétation des pays secs est venue s’installer. Cactées poussant entre les failles de ciment. Callistemons aux fleurs rose vif — dont le nom courant, « rinces-bouteilles », ravit les enfants. Liserons qui s’emmêlent gracieusement aux grillages. Coronilles d’un jaune explosif, que Lucie a repiquées sur les bords de la cour de leur bâtiment — enfin l’ancien parking à l’arrière qu’elle appelle « cour », parce que les enfants y jouent. Euphorbes vigoureuses, d’où se déploient d’étonnantes inflorescences vert bleuté. Hélichryses au parfum de curry, dont Lucie aromatise ses plats, et qui porte le nom courant si magique d’Immortelle. Et le lavandin bien sûr, que Mia et Léonie cueillent en bordure de la route qui longe le terrain vague, pour orner la table des repas collectifs. Lucie et ses enfants cultivent depuis leur emménagement dans ce lieu toutes les plantes fleuries qui poussent dans les sols secs, et donnent à ce bloc austère de béton des couleurs et parfums qui font du baume au cœur.

Iels se mettent à penser qu’un autre monde est possible. À commencer par la cour de leur bâtiment, le parking à l’arrière de l’ancienne zone commerciale.

Ça commence par un casse. Rima, Abel et Javier font une descente de nuit dans les hangars d’une entreprise de BTP. Lucie les engueule d’abord, alertée par le bruit, les voyant défoncer la cour bétonnée à l’arrière du bâtiment, équipées de casques, de masques de protection et de tenues molletonnées de travailleurs du bâtiment qu’iels ont volé avec les machines. Puis, elle comprend, en voyant la terre surgir sous le béton brisé. Les jeunes savent ce qu’iels font. Et surtout, elle surprend le regard de sa fille aînée : Léonie a les yeux qui brillent, en voyant ça. Elle aussi, elle veut manier une des machines à casser le béton.

Il fait chaud ce jour-là, au début des canicules de printemps. Les combinaisons de travail sont étouffantes. Abel, Rima et Javier remontent leurs pantalons et retroussent leurs manches, mais continuent l’ouvrage. Léonie supplie pour qu’on la laisse manier une des deux machines. « Allez maman, allez ! Laisse-moi faire ! » Lucie finit par céder. De toute façon, quand sa grande a une idée en tête, impossible de la dissuader. Léonie est têtue, et grande pour ses 15 ans. Cheveux courts sous son casque orange, mèches en bazar, collées de sueur sur son front, marteau-piqueur en mains, elle s’attaque à la partie la plus proche du bâtiment, élargissant la plate-bande dédiée aux Immortelles.

La machine infernale éclate, fend le béton. Le corps de Léonie tressaute, elle a beau être haute et musclée pour son âge, ça vibre dans tous ses membres. Lucie observe, inquiète que sa fille se blesse. Javier tente de la rassurer : « Rima lui a montré comment faire, tu as bien vu. Laisse-la, ça lui fait du bien. Ça la défoule, et puis imagine tout ce qu’on va planter ! » Lucie remonte en courant à l’étage chercher des bottes en caoutchouc pour protéger les pieds de sa fille, trop exposés dans ses baskets de toile, parmi les éclats de béton. Mais Léonie n’en a cure, des bottes de protection. Elle rit aux éclats sous son casque, elle exulte. Lucie ne l’a jamais vue ainsi.

« L’eau finit toujours par échapper aux contenants, s’infiltrer, grossir et faire masse »

Défoncer la cour ne leur prend pas si longtemps. Le plus long, c’est d’entasser les brisures au fond de l’ancien parking, avant de les évacuer. D’abord, les adultes les empilent le long des murs. Bernard grimace, sa sciatique le fait souffrir mais pour rien au monde il ne s’arrêterait. Et puis Abel s’exclame qu’il sait où trouver des sacs à gravats. Dans la cave de l’appartement de son oncle, à la lisière de Vaulx et Villeurbanne. Abel ne lui parle plus, mais il a toujours un double des clefs de la cave. Il ne lui parle plus, car cet oncle est, comme tant d’autres, parti rejoindre les rangs de la gendarmerie quelques années plus tôt. Recrutement massif. Assurer la sécurité du pays, où se multiplient les poches de guerre civile. Mais, malgré leurs effectifs augmentés, leurs armes mutilantes, les policiers, les gendarmes, les militaires ne peuvent pas être partout. On ne peut pas tout surveiller, tout le temps.

La révolution, c’est de l’eau.

Elle finit toujours par échapper aux contenants, s’infiltrer, grossir et faire masse. Abel, Rima et Javier le savent bien, qu’on ne peut pas tous et toutes les contenir et les surveiller indéfiniment, partout. Que des éléments échappent toujours au contrôle, que la Révolution est fluide, labile, qu’elle se fomente et veille dans tous les interstices. Malgré les téléphones mobiles géolocalisables, la vidéosurveillance, la répression armée. Iels sont devenues expertes dans l’art de caillasser anonymement les caméras de surveillance, le visage couvert d’un masque sanitaire, après avoir laissé leurs smartphones à la maison. Personne pour les surveiller, donc, en train de défoncer le béton de cet ancien parking, en ces jours de printemps.

Quelqu’une du voisinage pourrait les filmer. Pourrait envoyer la vidéo aux flics et les dénoncer. Un voisin ou une voisine, agacée par le bruit, pourrait le faire. Il y a bien des têtes qui pointent depuis les fenêtres du bâtiment voisin, l’ancien centre commercial condamné. Mais les gens qui habitent là ne veulent rien avoir à faire avec la police. Car iels aussi ont investi ces bâtiments vides pour échapper à la vie intenable en centre-ville, tout en restant dans une zone raccordée au réseau d’eau potable. Certaines même, encouragent, applaudissent. Rima et Léonie, rivées à leurs machines, n’entendent pas, le casque antibruit sur les oreilles, enveloppées des ondes des marteaux-piqueurs. Et puis leurs tenues oranges les protègent aussi bien des éclats de béton que des éventuels passages de la police, qui de loin n’y verra que de jeunes travailleurs du BTP, occupés à reconfigurer l’ancienne zone industrielle. Le voisinage retourne vaquer à ses occupations. Lucie se détend, laisse faire sa fille.

Ce premier jour où elle saisit un marteau-piqueur est un jour de joie pure, pour Léonie. Un jour spécial, dont elle se souviendra toujours.

Un peu avant 18 heures, les jeunes s’arrêtent de défoncer le sol et les adultes d’entasser les gravats. Léonie lâche sa machine à regret. C’est elle qui a abattu le plus de travail. Elle sent les vibrations dans tout son être, comme si les molécules dans tout son corps s’agitaient tandis que la croûte de béton cède sous les assauts de la machine, et que la terre brune, étouffée, revoit le jour pour la première fois depuis des décennies. Léonie se sent vivante, vivante comme jamais.

Mais il faut faire une pause, le soir vient. C’est l’heure où les robinets s’ouvrent. Chacune file récupérer gourdes, bidons et bassines à remplir. C’est l’heure où l’on fait des réserves, décrasse les enfants, met le linge à tremper.

Chaque jour de cette semaine de printemps-là, Léonie sort du collège en trombe et consacre tout son temps libre à casser le béton avec Rima, tandis que les autres empilent les gravats. Sous la croûte de béton de l’ancien parking, il y a du remblai, de la caillasse qu’il faut ramasser. C’est long, on a très chaud, mais toustes ont envie de voir la terre dessous respirer à nouveau. Il faut desceller aussi une grille d’égout, devenue inutile maintenant que l’eau peut s’infiltrer, irriguer cette terre qu’iels ont libérée. Béton et grille d’égout ont été posés là un siècle plus tôt, quand on traitait l’eau de pluie en ville comme un déchet. Un déchet à ramener aux égouts.

Léonie éclate de joie, à la fin des travaux : iels ont enfin libéré un érable, resté là des années, plus mort que vif, à quelques pas de la grille d’égout, où l’eau ruisselait sans atteindre ses racines sous le béton. Mais les racines tenaces, fortes, intelligentes, ont soulevé peu à peu les couches de bitume, formé des crêtes. Et l’arbre a survécu jusqu’à ce jour, celui de sa libération. En contemplant leur œuvre, Léonie, Mia, Rima, Javier et Abel font vœu de libérer les racines de tous les arbres prisonniers du béton.

Alors, la Rize se remet à espérer, ses clapotis souterrains se font de plus en plus fort et son écho résonne à travers les grilles d’égouts. Car, malgré tout ce qu’on lui a fait, la Rize n’est pas morte. Et quand ses eaux resurgiront, sous le bitume brisé par le marteau-piqueur manié par une gamine suante, échevelée, vibrante et exaltée, elle sera bien la preuve qu’un autre monde est possible, un monde dans lequel l’homme sait que ruisseaux et rivières, lacs, mers et océans, plantes, bêtes et humains, ne forment qu’un seul tout.


Le cataclysme écologique que nous vivons a écrasé l’avenir. Le futur a disparu. Il est comme « replié sur le présent », pris en étau entre une perspective d’effondrement et les fantasmes d’élites politiques tentées par l’autoritarisme et les promesses technosolutionnistes.

Pour sortir du marasme et redonner du souffle à un avenir asphyxié, il nous faut développer des imaginaires audacieux, oser les utopies radicales, indomptables et révolutionnaires. Le potentiel subversif de la science-fiction a pour cela un rôle crucial à jouer, pour « désincarcérer le futur ».

En ouvrant ses pages à ces autrices et auteurs, Reporterre agrandit de son pied-de-biche éditorial cette brèche vers de nouveaux récits émancipateurs, et publiera leurs récits au fil de l’été et à la rentrée.

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