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Que faire contre la chaleur en ville ? Ces collégiens répondent devant la caméra


Vous lisez la 4e partie de notre série « L’écologie à l’école ».


Montreuil (Seine-Saint-Denis), reportage

Dans l’ambiance aseptisée de cette salle de SVT du collège Jean Moulin à Montreuil, les élèves s’installent tranquillement derrière les paillasses, la mine encore endormie, en ce matin du 19 juin. Mais l’évocation du concours des Jeunes reporters pour l’environnement (JRE) a pour effet d’illuminer chacun de leur visage. Et pour cause. Emmenée par sa professeure principale Pauline Vallez, la classe de 4ᵉ F a reçu, le 5 juin 2024, le deuxième prix du jury dans la catégorie des 11-14 ans, ainsi qu’une mention spéciale.

Chaque année, l’association des JRE décerne des prix pour récompenser des reportages écrits, vidéo ou audio réalisés par des jeunes. Des classes du primaire et du secondaire ainsi que des étudiants en journalisme provenant d’établissements de toute la France peuvent participer à la compétition. « Ce qui caractérise vraiment ce concours, c’est le journalisme de solutions », explique Pauline Vallez, professeur des sciences de la vie et de la terre (SVT). Elle a proposé à ses 4ᵉ de traiter le sujet de l’artificialisation des sols et les solutions pour y pallier.

Apporter des solutions à leur échelle

« Il a fallu réfléchir à rendre le sujet attractif, surtout pour des 4e, se rappelle la jeune professeure. Ce qui a fonctionné, c’est le fait d’apporter des solutions, à leur échelle. » Présentatrice, invités, reportages et interviews d’experts sur le terrain… Tous les ingrédients sont là pour faire d’« Un temps pour l’environnement » une émission télévisuelle crédible et informative, tout en présentant des pistes de solutions.

L’émission « Un temps pour l’environnement » a été réalisée par des élèves du collège Jean Moulin, à Montreuil.
Capture d’écran

« Commençons par quelques chiffres », introduit Dalva, présentatrice d’un jour, après avoir lancé l’émission. « Entre 2009 et 2019, ce sont plus de 276 000 hectares qui ont été artificialisés en France », enchaîne Éva, une camarade invitée sur le plateau. Une information simple et concrète destinée à retenir l’attention, comme on le conseille dans les écoles de journalisme. « Finalement, j’ai accepté de faire la présentatrice parce que personne d’autre ne voulait. Ça m’a pas trop dérangée », confie Dalva, quelques mois après le tournage, un petit sourire en coin.

5 000 arbres plantés à Montreuil d’ici à 2026

Tout est fait pour rendre le sujet attrayant. Dès le début de l’émission, il est abordé le cas de Montreuil où vivent les élèves avec leur famille. Comme beaucoup d’autres en Île-de-France et ailleurs, cette commune est victime de la modification de la nature des sols liée à la bétonisation uniforme et massive des espaces. Longue rue commerçante, traversant le nord de la ville, l’artère principale qu’est la rue de Paris compte, avec les abords du périphérique parisien, parmi les espaces montreuillois où se concentrent des commerces, des habitations et un trafic routier important.

C’est ce cocktail d’activités denses et émettrices de gaz à effet de serre qui accroît les températures lors de fortes chaleurs et qui entretient les phénomènes de microclimats artificiels que sont les îlots de chaleur, ces zones où les fortes chaleurs se font particulièrement ressentir. « On devait montrer que les sols étaient dégradés, pourquoi et parler des solutions pour empêcher la dégradation », résume Lassana.

La rue de Paris, à Montreuil.
Wikimedia Commons/CC BYSA 4.0/Chabe01

Au moment du projet porté par Mme Vallez et ses élèves, Montreuil était en pleine concrétisation de son plan arbres, qui prévoit de végétaliser différentes zones de la ville. Près de 200 arbres ont été plantés entre octobre 2023 et mars 2024. L’objectif est de parvenir à 5 000 arbres plantés en 2026. « [Le plan arbres] répondait très bien à notre problématique », se rappelle l’enseignante.

Interviews et expériences scientifiques

En partenariat avec le programme pédagogique Labomédia de la Cité des sciences et de l’industrie, située à Paris, les collégiens ont pu interviewer des scientifiques qui leur ont expliqué et montré au moyen d’expériences scientifiques comment se traduisait concrètement le phénomène des îlots de chaleur.

« J’avais une idée de ce qu’était le changement climatique, mais je ne connaissais pas le phénomène de l’artificialisation, se rappelle Dalva. J’ai trouvé intéressant de faire des expériences au laboratoire de la Cité des sciences puis d’échanger avec les chercheurs. » Les élèves de Mme Vallez ont ainsi découvert des métiers qu’ils ne connaissaient pas ou pas bien. « Ça se voit que les chercheurs aiment ce qu’ils font », poursuit la jeune fille, encore admirative.

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Ce qui a davantage retenu l’attention d’Anna, c’est la démarche journalistique. « Tu sais qu’en partant sur le terrain, tu vas apprendre de nouvelles choses. Tu ne sais pas toujours ce qui t’attend. » Outre les échanges avec des experts et la recherche documentaire, le maniement des caméras a contribué au succès du projet auprès des élèves. Ils ont été aidés par deux journalistes professionnelles, intervenues bénévolement au titre de l’association d’éducation aux médias et à l’information La Chance. « C’était cool d’apprendre à se poser pour bien cadrer », se remémore Anna.

« Un avant et un après »

Si sa classe a été récompensée par deux prix du concours des JRE, Pauline Vallez y voit surtout un argument supplémentaire pour organiser d’autres projets pédagogiques les années suivantes. « C’est de ça dont les élèves se rappellent des années après », juge l’enseignante, qui n’en est pas à son premier essai. « On a découvert plein de choses, ça nous a permis de sortir un peu du collège », rebondit Anna.

« C’est pas des textes écrits, on voit des preuves à l’écran, et ce sont des jeunes qui expliquent, continue Anna. On retient mieux. » Il a fallu cinq grosses séances de travail pour aboutir à l’émission concoctée par les élèves de Mme Vallez. Si cette dernière admet que le timing était assez restreint, elle salue néanmoins la cohésion au sein de la classe. « J’ai vraiment vu un avant et un après le projet. Chacun a trouvé sa place en fonction de ce dans quoi il se sentait le plus à l’aise. »

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