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Quand le président « Lula » attendait son arrestation, par Fernando Morais (Le Monde diplomatique, septembre 2024)

ByVeritatis

Sep 10, 2024


Quand le président « Lula » attendait son arrestation

En 2018, le juge Sergio Moro ordonne la détention de l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva — dit « Lula » — à la suite de sa condamnation dans l’affaire de corruption « Lava Jato ». Accablé, l’entourage du dirigeant est divisé : doit-il se soumettre ou non ? Pour la première fois, un livre retrace cet épisode méconnu d’un calvaire judiciaire dont il sortira blanchi au bout de cinq cent quatre-vingts jours d’emprisonnement.

Jeudi 5 avril 2018, siège du syndicat des métallurgistes de São Bernardo do Campo dans l’État de São Paulo.

Au deuxième étage, où l’on amène Lula, la seule décision prise à l’unanimité des personnes présentes est qu’il dormira au siège. Le président du syndicat des métallurgistes de l’ABCD [ensemble de municipalités industrielles faisant partie de la région métropolitaine de São Paulo] Moisés Selerges se charge d’improviser un hébergement pour qu’il puisse y passer la nuit. Dans une pièce d’accès difficile (…) au sous-sol du bâtiment (…) il installe un sommier et un matelas double, un oreiller, des draps rayés et un édredon en coton imprimé aux fleurs vertes et bleues. Le syndicaliste fait également un saut jusqu’à l’appartement du dirigeant, où il rassemble deux vêtements de rechange dans un petit sac en plastique brun. Dans la chambre voisine de celle réservée à l’ex-président, on dispose une petite table avec des sandwichs au jambon et au fromage, des canettes de boisson gazeuse, de la bière et de l’eau.

Quant à la décision la plus grave et la plus importante — comment réagir à l’ordre d’arrestation —, le proche entourage de Lula est clairement divisé. Les sénateurs Lindbergh Farias, Gleisi Hoffmann, l’avocat Luiz Eduardo Greenhalgh, compagnons de l’ex-président depuis plus de trente ans, et João Pedro Stédile et Guilherme Boulos, respectivement du Mouvement des sans-terre (MST) et du Mouvement des sans-toit (MTST), soutiennent l’idée selon laquelle la sentence du juge Sergio Moro devrait être tout simplement ignorée, renvoyant ainsi le problème aux adversaires. Leur seul mot d’ordre : « résister ». D’après eux, les forces de sécurité ne commettraient jamais la folie de massacrer la foule qui protège le siège du syndicat. Transformée en nouvelle planétaire, l’impasse donnerait, selon l’opinion des partisans de la résistance, l’occasion de dénoncer au monde la persécution de leur camarade entreprise par Moro, le ministère public et la police fédérale. Or, même si cette proposition émane de deux chefs (…)

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Fernando Morais

Auteur de Lula. De la lutte syndicale au combat politique (biographie, tome 1), dont est tiré ce texte, Les Éditions d’Ithaque, Paris, 2024.



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