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Anéantir l’éducation, par Angélique Mounier-Kuhn (Le Monde diplomatique, septembre 2024)

ByVeritatis

Sep 11, 2024


Dossier : Proche-Orient, l’abîme

D’après l’Organisation des Nations unies (ONU), entre le 4 juillet et le 10 août, l’armée israélienne a bombardé au moins vingt et une écoles de Gaza, qui hébergeaient toutes de nombreux civils déplacés. Outre le carnage humain, l’anéantissement méthodique du système éducatif obscurcit un peu plus l’avenir de la jeunesse palestinienne. Certains experts dénoncent un « scolasticide ».

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Nasser Almulhim. — « Only the Now Is Real, Future Promise Is an Illusion » (Seul le présent est réel, les promesses d’avenir sont une illusion), 2022

© Nasser Almulhim – Tabari Artspace, Dubaï

Il n’y aura pas de rentrée des classes à Gaza. Pour les écoliers et les étudiants de l’enclave palestinienne, une nouvelle année blanche s’annonce, la deuxième d’affilée qui les verra privés d’éducation formelle. Il y a tout juste douze mois, le samedi 26 août 2023, ils étaient 625 000, tous niveaux confondus, aux côtés de leurs 22 000 enseignants, à reprendre le chemin des cours. Ils ignoraient alors que le retour de la guerre les obligerait bientôt à ranger leurs cahiers. Le 7 octobre, le Hamas provoquait un bain de sang dans le sud d’Israël, massacrant 1 200 personnes et kidnappant 251 otages. Aussitôt déclenchée, la riposte sans merci, qui vaut aujourd’hui à Tel-Aviv d’être accusé de génocide et place le premier ministre Benyamin Netanyahou sous la menace d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), avait contraint les autorités de Gaza à suspendre l’année scolaire le 6 novembre.

Au bout de dix mois d’opérations aériennes et terrestres de la part d’Israël, le ministère de la santé gazaoui évaluait, mi-août, à plus de 91 000 le nombre des blessés et à plus de 40 000 celui des tués, dont 15 000 n’étaient encore que des enfants. Des milliers d’autres sont portés disparus, leurs corps probablement ensevelis sous les ruines. Eux non plus n’ouvriront plus jamais un livre. Quant à l’espoir que ceux qui survivront aux balles et aux missiles, à la faim, à la soif et aux épidémies causées par le blocus israélien retournent un jour sur les bancs d’une école à Gaza, il se consume à mesure que le conflit s’éternise. Aucune infrastructure n’est épargnée par le déluge de feu : ni les immeubles d’habitation, ni les hôpitaux, ni les installations électriques ou de gestion des eaux. Ni les bâtiments scolaires.

Le sort des établissements du supérieur a été scellé dès les premiers mois de la guerre. Au nombre des grandes universités, celle d’Al-Israa (centre de l’enclave) — et le musée archéologique qu’elle abritait — a été dynamitée le 17 janvier après avoir été occupée plusieurs semaines par des troupes (…)

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