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Le sabotage est-il efficace ?, par Dominique Pinsolle (Le Monde diplomatique, septembre 2024)

ByVeritatis

Sep 13, 2024


« Utilisez votre jugement et l’action directe »

Fin juillet, la SNCF a déploré « une attaque massive pour paralyser le réseau » ferroviaire. Si l’opération n’a guère fait dérailler les Jeux olympiques, elle met en lumière l’attrait d’un certain nombre de militants pour le sabotage. Avant eux, une partie du mouvement ouvrier américain l’avait pratiqué et en avait tiré des enseignements.

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Gideon Kiefer. — « Le Chat rouge », 2020

Déçus par les moyens d’action traditionnels, certains militants se tournent vers des tactiques plus radicales : le sabotage attire ainsi de plus en plus l’attention, notamment depuis la parution du livre que lui a consacré Andreas Malm, en 2020. S’agit-il d’une fuite en avant stérile ? Ou plutôt d’interrompre le ronron parfois désespérant des mouvements sociaux ? Dans les années 1910, les syndicalistes révolutionnaires américains de l’Industrial Workers of the World (IWW) se posaient déjà la question. En passant à l’acte, ils ont expérimenté la portée et les limites du sabotage.

Petite organisation de quelques dizaines de milliers de membres, l’IWW, fondée à Chicago en 1905, décide à partir de 1911 de gripper la machine. L’idée vient de France. L’anarchiste Émile Pouget l’a introduite au sein de la Confédération générale du travail (CGT) en 1897. Le principe de départ est simple : faire pression sur le patron en travaillant volontairement mal, pour diminuer ses profits. Dans l’Est industriel américain, la méthode se heurte aux dispositifs de surveillance usiniers. Mais dans l’Ouest agricole des années 1910, les perspectives du sabotage semblent très prometteuses. Face à la violence patronale, parfois armée, nombre d’ouvriers itinérants prônent une riposte musclée.

En août 1913, dans la localité californienne de Wheatland, des cueilleurs de houblon s’insurgent contre leurs conditions de travail. L’affrontement vire à l’émeute : on dénombre quatre morts, dont sont rendus responsables deux militants de l’IWW, Richard Ford et Herman Suhr. Leur condamnation à perpétuité, le 31 janvier 1914, donne le signal d’une mobilisation qui met le sabotage à l’honneur. La tactique a pour symbole le sabot mais aussi le « sab cat », un chat noir pioché dans le folklore des superstitions et de la sorcellerie par le dessinateur Ralph Chaplin. Puisque les piquets de grève classiques ne suffisent pas à obtenir la libération des deux hommes, les Wobblies (nom donné aux membres de l’IWW) lancent une campagne (…)

Taille de l’article complet : 2 273 mots.

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