La présidente de la Commission européenne a promis à Kiev un prêt de 35 milliards d’euros, financé grâce à la confiscation des intérêts des fonds russes gelés dans l’UE. La procédure d’octroi de ces fonds, dont Kiev sera libre de disposer comme bon lui semble aux dires de la dirigeante allemande, fera l’objet d’une procédure accélérée.
Depuis Kiev, où elle était en visite, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé que l’UE prévoyait de prêter 35 milliards d’euros à l’Ukraine.
«Je suis heureuse d’annoncer que la Commission a adopté les propositions qui vont permettre à l’Union européenne de prêter 35 milliards d’euros» à l’Ukraine, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse avec Volodymyr Zelensky. «Ce sera à vous de décider comment utiliser au mieux ces fonds», a assuré la fonctionnaire européenne, ajoutant que ce prêt irait directement dans le budget national ukrainien.
Ce «prêt exceptionnel d’assistance macrofinancière» s’inscrit dans un plan d’aide des membres du G7 «pouvant atteindre 45 milliards d’euros», a précisé de son côté la Commission européenne.
«Les fonds seront fournis sous la forme d’un prêt hautement concessionnel, qui sera disponible éventuellement encore en 2024, avec un décaissement en tranches régulières jusqu’à fin 2025, à rembourser sur une période maximale de 40 ans», a ajouté la Commission. Depuis le début du conflit, «l’UE et ses États membres ont mobilisé 118,3 milliards d’euros d’aide humanitaire, financière et militaire» en faveur de Kiev, a-t-elle encore souligné.
Les Vingt-Sept doivent encore approuver cette proposition, mais la procédure sera accélérée, a précisé un responsable européen à une agence de presse française, sous couvert d’anonymat. «Ce prêt n’est soumis à aucune condition et pourra être directement intégré au budget national ukrainien», a confirmé la même source.
Une démarche loin de faire consensus
Ledit prêt sera financé par les bénéfices dégagés par les avoirs russes gelés en Europe. Quelque 200 milliards d’euros d’avoirs ont en effet été gelés dans l’UE dans la foulée du déclenchement de l’offensive russe en février 2022, dont 191 milliards, appartenant à la Banque de Russie, sont placés auprès d’Euroclear Bank (EB), un organisme international de dépôts de fonds siégeant à Bruxelles.
Fin mai, les représentants des Vingt-Sept s’étaient entendus sur la confiscation des intérêts générés par ces fonds souverains russes, en l’occurrence, 4,4 milliards d’euros en 2023. Cet accord faisait suite à des mois de pression de l’administration Biden pour que ses partenaires du G7 saisissent les fonds russes eux-mêmes, le tout au profit de l’Ukraine.
Toutefois, avait rapporté plus tôt le Financial Times, cette piste plébiscitée par Washington avait été écartée après une forte opposition rencontrée au sein du G20. En effet, plusieurs ministres des Finances auraient fait part de leurs craintes quant aux investissements de leurs propres pays au sein de l’UE si un tel précédent était créé, selon le quotidien financier britannique.
Le Kremlin, qui avait averti à plusieurs reprises que des mesures symétriques seraient prises en cas de confiscation de ses actifs en Occident, avait dénoncé une «expropriation» suite à l’annonce de cette décision européenne. Dans la foulée, Vladimir Poutine avait signé un décret visant à autoriser les tribunaux à confisquer des actifs en Russie appartenant aux États-Unis ou à des entités et individus leur étant «associés».