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Gouvernement Barnier : la biodiversité portée disparue


24 septembre 2024 à 16h29

Durée de lecture : 3 minutes

C’est une disparition discrète mais inquiétante. La biodiversité s’est volatilisée de l’organigramme du nouveau gouvernement Barnier. Plus de secrétariat d’État ni de ministre délégué. La préservation du vivant n’apparaît pas non plus officiellement dans le portefeuille d’Agnès Pannier-Runacher, nouvelle locataire de l’Hôtel de Roquelaure. « La biodiversité est orpheline de la République », constate, amer, Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux.

Il y a pourtant du pain sur la planche, à l’heure de la sixième extinction de masse. Après des années de gestation, la Stratégie nationale biodiversité (SNB) avait finalement été présentée fin novembre 2023. Avec quelque 200 actions à mettre en œuvre pour « stopper et inverser l’érosion du vivant » d’ici à 2030, selon l’ancienne secrétaire d’État Sarah El Haïry.

Las, depuis un an, « rien n’a avancé, voire on a reculé », peste le vice-président de France Nature Environnement Nicolas Richard. En cause, notamment : l’entourloupe des macronistes sur la réduction des pesticides.

Pesticides, artificialisation des sols… La biodiversité n’a pas été favorisée par les choix du pouvoir, et cela risque de continuer.
© P-O. C./ Reporterre

Pour plusieurs observateurs, la biodiversité a ainsi été sacrifiée sur l’autel de la croissance verte. En clair : il faut continuer de produire, quoi qu’il en coûte — prière aux « peine-à-jouir » de repasser plus tard. Et histoire de prendre en compte (tout de même) le changement climatique, il s’agit de tout miser sur l’électrification de nos usages. Autrement dit, pour Emmanuel Macron et ses acolytes, la mutation écologique de notre société se résume désormais à un mot : le nucléaire.

« La transition énergétique a absorbé la transition écologique »

« La transition nucléaire bénéficie d’une attention présidentielle sans commune mesure avec celle accordée à la nature », constate, sur X (ex-Twitter), l’avocat spécialisé Arnaud Gossement. L’énergie bénéficiera d’ailleurs d’un secrétariat d’État dédié auprès de Mme Pannier-Runacher… contrairement à la protection de l’environnement. « C’est un message politique évident », note cet expert.

Pour lui, « la transition énergétique a absorbé la transition écologique ». Un avis partagé par Allain Bougrain Dubourg : « Agnès Pannier-Runacher a clairement donné sa priorité à l’énergie, sans se préoccuper des conséquences sur la biodiversité, dénonce-t-il. Je trouve que ça relève d’un mépris inacceptable. »

Outre la biodiversité, cette vision étriquée de l’écologie a fait d’autres victimes collatérales. « Même si le nom du ministère s’est agrandi, son périmètre s’est rétréci, remarque Nicolas Richard. Il n’y a plus la mer, ni le logement. Donc le ministère perd tout effet de levier possible sur des sujets plus larges. » L’économie circulaire a également perdu son secrétariat d’État. Quant à l’artificialisation des sols, nul ne sait pour l’heure qui devra traiter ce sujet brûlant.

Selon nos confrères de Contexte, la nouvelle ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques devrait bien hériter de la biodiversité dans ses attributions. Agnès Pannier-Runacher a d’ailleurs mentionné le sujet lors de sa première déclaration, samedi 21 septembre : « Sortir des énergies fossiles, adapter notre pays aux effets du dérèglement climatique, stopper l’effondrement de la biodiversité et inverser la tendance : ce sont les défis du siècle », a-t-elle tweeté.

Reste à savoir si elle joindra les actes à la parole, notamment lors de l’examen du budget 2025. Dans ses premières versions, celui-ci esquissait de nouvelles coupes drastiques dans les caisses du ministère de l’Écologie, en particulier sur le volet biodiversité, qui pourrait être amputé d’un quart de ses financements.

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