• mer. Sep 25th, 2024

À Londres, le retour de l’extrême centre, par Oliver Eagleton (Le Monde diplomatique, septembre 2024)

ByVeritatis

Sep 25, 2024


Les effets pervers d’un mode de scrutin

Après quatorze ans de pouvoir conservateur, les travaillistes l’ont emporté aux élections du 4 juillet. Mais personne ne croit à la rupture. Comme son prédécesseur, le nouveau premier ministre professe la modération après la bataille du Brexit. Néanmoins, les émeutes racistes de l’été autant que les réactions qu’elles ont suscitées confirment la droitisation du champ politique national.

Défaites, les forces de déstabilisation ; confirmée, la suprématie du centrisme : les élections générales britanniques du 4 juillet ont exaucé les vœux de l’establishment. Après un long règne émaillé de scandales de corruption et de convulsions économiques (2010-2024), le Parti conservateur a subi le pire revers de son histoire avec 121 sièges sur les 650 à pourvoir à la Chambre des communes. Reform UK, la formation de droite radicale conduite par M. Nigel Farage, n’en a décroché que 5 ; le Parti national écossais passe de 48 à 9. Surtout, le Parti travailliste, sous la nouvelle direction de M. Keir Starmer, a fait élire 411 députés sur un programme de discipline fiscale, de défense du libre marché et de loyauté atlantiste.

Le scrutin a cependant enregistré la plus faible participation — 60 % — depuis 2001. Avec 34 % des suffrages exprimés, le Labour n’a rallié que 9,7 millions de votants, soit moins qu’en 2017 (12,9 millions) et en 2019 (10,3 millions), lorsqu’il était dirigé par le socialiste Jeremy Corbyn. Sa stratégie de se présenter comme le nouveau parti conservateur afin d’attirer les supporteurs de l’ancien n’a pas fonctionné. Seule une infime proportion des électeurs tories a basculé ; bien davantage ont préféré s’abstenir ou voter Reform UK, qui a recueilli 4 millions de voix. En réalité, M. Starmer doit son triomphe par défaut aux effets pervers du scrutin uninominal majoritaire à un tour.

Du reste, malgré les efforts bipartisans pour effacer son héritage, M. Corbyn demeure une référence centrale pour la gauche britannique. Empêché de concourir sous les couleurs travaillistes, il s’est présenté en tant qu’indépendant dans sa circonscription du nord de Londres et y a battu à plate couture le candidat de M. Starmer. Quatre autres indépendants positionnés à la gauche du Labour ont été élus après avoir axé leur campagne sur la dénonciation du génocide en cours à Gaza. De son côté, le Parti vert, qui milite pour un accroissement des investissements pour le climat et une renationalisation des (…)

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