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Le nouveau ministre de la Mer Fabrice Loher inquiète les défenseurs des océans


26 septembre 2024 à 10h12
Mis à jour le 26 septembre 2024 à 10h34

Durée de lecture : 3 minutes

Fabrice Loher, le fraîchement nommé ministre délégué à la Mer et à la pêche, n’est pas un grand fan des écologistes. En témoignent ses prises de parole offensives en juin dernier, par exemple, lors des Assises de la pêche et des produits de la mer dans sa ville de Lorient (Morbihan). Le maire de Lorient et président de Lorient Agglomération avait critiqué les « actions d’associations écologistes radicales ».

« Il est clairement anti-ONG et son objectif est de satisfaire la pêche chalutière », résume Laëtitia Bisiaux, chargée de projet chez Bloom. « En 2006, lors des quotas sur la pêche en eau profonde, il s’est opposé à ce qu’il avait appelé les “écolos intégristes” ».

Dans la (très à) droite lignée de la nomination d’Annie Genevard à l’Agriculture, l’arrivée surprise de Fabrice Loher inquiète les ONG et le milieu de la pêche artisanale.

Lorient est le deuxième port de pêche français et une importante base militaire, en plus d’être un chantier naval d’armement.
© Guy Pichard / Reporterre

La cause ? Ses liens étroits avec le très influent Olivier Le Nézet, l’actuel président du Comité national des pêches et chantre de la pêche industrielle. « Le comité sera le porte-voix de la politique maritime du gouvernement », s’inquiète Dimitri Rogoff, président du comité régional des pêches de Normandie et défenseur des « petits » pêcheurs.

À fond sur les questions sécuritaires

Âgé de 57 ans et Lorientais depuis toujours, Fabrice Loher a longtemps incarné la droite perdante dans ce fief socialiste. La ville était aux mains du PS depuis 1965 quand il parvient à se faire élire à sa tête en 2020, via l’Union des démocrates et indépendants (UDI) et Les Républicains. « L’un de ses sujets de prédilection à la mairie, c’est la question sécuritaire », détaille Damien Girard, qui a perdu aux municipales face à Fabrice Loher en 2020 et est aujourd’hui député Les Écologistes du Morbihan. « Il a doublé les effectifs de la police municipale, fait installer des caméras avec un centre de surveillance. »

Dès le lendemain de sa nomination, c’est par SMS que Fabrice Loher a fait savoir aux journalistes locaux qu’il ne quitterait pas ses postes de président de l’Agglomération et de maire. Depuis son élection, plusieurs polémiques ont émaillé son mandat : par exemple, Mediapart a révélé l’existence d’une milice d’extrême droite à Lorient. « Il a aussi engagé des projets pharaoniques comme une tribune au stade du Moustoir à 40 millions d’euros ou la thalasso de Larmor-Plage » qui sera construite sur un champ agricole et une zone humide, explique un ancien élu d’opposition, qui préfère taire son nom.

Brièvement aux commandes du port de Lorient en 2020 pour finalement laisser la place à Olivier Le Nézet (encore lui), c’est via son mandat de maire que le Breton a acquis des connaissances sur le monde marin, Lorient étant le deuxième port de pêche français et une importante base militaire, en plus d’être un chantier naval d’armement avec Naval Group. « Je suis pas convaincue qu’il connaisse les tenants et les aboutissants du monde de la pêche et qu’il sache ce qu’est un pêcheur-artisan », déplore Caroline Roose, ex-députée européenne écologiste et membre de la commission de la pêche à l’Union européenne.

La pêche artisanale sera-t-elle la grande oubliée du mandat du nouveau ministre ? « Le modèle artisanal n’est pas celui qui fait vivre le port de Lorient. Pour Fabrice Loher, quelles que soient les conditions et quelle que soit la façon dont on travaille, il faut amener du poisson sur le quai », conclut Dimitri Rogoff.

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