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Meurtres, viols… Au Mozambique, des soldats protégeant TotalEnergies accusés d’atrocités


26 septembre 2024 à 17h48

Durée de lecture : 3 minutes

Les révélations sont glaçantes. Le média Politico a publié le 26 septembre une enquête affirmant que des soldats mozambicains, qui travaillent pour un site de production de gaz naturel exploité par le groupe français TotalEnergies, ont enlevé, torturé, violé et tué des dizaines de personnes.

TotalEnergies est depuis 2019 l’opérateur principal d’un projet gazier au Mozambique particulièrement climaticide. Le terrain, situé au nord du pays dans une zone de conflits avec les rebelles islamistes, est protégé par de gigantesques clôtures de sécurité. Il est surveillé par « quelque 700 soldats mozambicains, commandos et policiers paramilitaires, payés, équipés et logés par Total », souligne l’enquête de Politico. La construction du projet a été mis à l’arrêt en 2021, date à laquelle les rebelles islamistes ont envahi la région, massacrant plus de 1 000 personnes.

La justice française avait déjà ouvert une enquête sur la gestion de TotalEnergies à la suite de la mort de sous-traitants lors de cette attaque. Mais l’enquête de Politico révèle aujourd’hui un second bain de sang, perpétré non pas par des islamistes mais par un commando mozambicain, dirigé par un officier qui a affirmé avoir pour mission de protéger « le projet de Total ».

Des hommes retenus dans des conteneurs pendant trois mois

Selon le média en ligne, à l’été 2021, des soldats ont enlevé des dizaines de villageois qui se cachaient dans la brousse pour échapper aux rebelles. Les militaires ont accusé les civils de faire partie des milices rebelles, avant de séparer les hommes (un groupe de 180 à 250 personnes) de leurs femmes et de leurs enfants. Les femmes ont été parfois violées, puis libérées au bout de quelques jours, tandis que les hommes ont été emmenés et entassés dans deux conteneurs situés de part et d’autre de l’entrée du site de production de gaz naturel de TotalEnergies. « Les soldats ont détenu ces hommes pendant trois mois. Ils les ont battus, affamés, torturés puis finalement exécutés. Seuls vingt-six prisonniers ont survécu », écrit Politico.

Les survivants décrivent des journées épouvantables, passées dans des conteneurs métalliques sans fenêtre, sous une chaleur de 30 °C. Ils affirment qu’ils n’avaient pas assez de place pour s’asseoir, ni d’endroit pour aller aux toilettes. Ils ont été privés d’eau et de nourriture pendant plusieurs jours. Un homme qui a tenté de s’enfuir « a été abattu et décapité », raconte un homme auprès de Politico, ce qui a dissuadé les autres de faire de même. Les hommes ont ensuite été emmenés par groupe, au fur et à mesure des jours, pour être exécutés à l’extérieur. Les survivants ont été libérés en septembre lorsqu’ils ont été découverts par l’armée rwandaise.

Le commando affirme défendre Total

Politico révèle qu’un brigadier anonyme du commando meurtrier a déclaré à la télévision publique du Mozambique, le 3 juillet, que sa mission était de défendre TotalEnergies. « L’ennemi est arrivé avec l’intention d’attaquer, d’entrer et d’occuper Afungi, le projet de Total. Nous avons avancé pour riposter à l’ennemi [qui] était encore dans la brousse et cherchait à s’abriter dans ses cachettes », a-t-il affirmé.

Interrogé par Politico, Maxime Rabilloud, directeur général de Mozambique LNG, la filiale de TotalEnergies dans le pays, a déclaré que son entreprise n’avait « aucune connaissance des événements présumés décrits » ni « aucune information indiquant que de tels événements ont eu lieu ».

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