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Qui est Teresa Ribera, future patronne de l’écologie à Bruxelles ?


25 septembre 2024 à 16h44
Mis à jour le 25 septembre 2024 à 18h14

Durée de lecture : 4 minutes

Madrid (Espagne), correspondance

La nouvelle a été chaudement accueillie, à Bruxelles, chez les défenseurs de l’environnement. La ministre de la Transition écologique espagnole, Teresa Ribera, a été proposée il y a dix jours comme vice-présidente à la Transition propre, juste et compétitive à la Commission européenne. Un poste clé pour cette juriste qui devrait ainsi devenir le bras droit d’Ursula von der Leyen.

La présidente de « l’exécutif européen » place une femme reconnue pour son leadership sur les politiques climatiques et environnementales à un poste qui pourrait être le plus influent du nouveau collège de commissaires européens. L’équipe proposée devrait être soumise à l’approbation du Parlement en novembre.

« C’est une très bonne négociatrice, qui maîtrise les sujets environnementaux à fond et comprend l’Union européenne (UE) », estime Ariadna Rodrigo, responsable de campagnes politiques européennes pour la branche dédiée de Greenpeace. « En plaçant Ribera à la tête de ce portefeuille, von der Leyen envoie un message fort : l’Europe va poursuivre le Pacte vert. Ce n’était pas évident avant les élections du 9 mai. Nombre d’analystes disaient qu’il ne survivrait pas au scrutin », se félicite Neil Makaroff, directeur du groupe de réflexion européen Strategic Perspective.

« Ursula von der Leyen envoie un message fort »

Nommée en 2018 au ministère de la Transition écologique par le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, Teresa Ribera a déjà un CV bien garni. En 2004, elle a pris la direction du Bureau espagnol du changement climatique. Entre 2008 et 2011, elle a été secrétaire d’État au Changement climatique du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero. En 2013, elle est entrée à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), groupe de réflexion français sur les politiques climatiques. En 2014, l’Espagnole est devenue directrice de ce laboratoire d’idées, jusqu’à son retour à Madrid.

Habileté diplomatique aux COP

« Elle a probablement été la meilleure ministre à ce poste. Dans une période difficile. Le gouvernement y a donné une haute priorité, permettant des avancées substantielles sur la transition énergétique, la lutte contre le changement climatique et la conservation de la biodiversité. Teresa a été dans la bonne direction, même si, peut-être pas avec le rythme et l’ambition suffisante », résume Eva Saldaña, directrice de Greenpeace Espagne.

En 2020, elle est promue au rang de vice-présidente du gouvernement espagnol, chargée de la Transition écologique. Cheffe de chantier efficace du Premier ministre dans son pari sur les énergies renouvelables, elle a joué un rôle de premier plan lors de la flambée des prix de l’énergie due à la guerre en Ukraine. Aux élections générales de 2023 en Espagne, elle était « numéro 2 » sur la liste du Parti socialiste espagnol à Madrid. Juste derrière Pedro Sánchez.

La ministre espagnole de l’Environnement (et ancienne directrice de l’Iddri) Teresa Ribera lors de la COP25 à Madrid.
© Alban Elkaïm / Reporterre

À l’international, elle s’illustre pour son habileté diplomatique aux COP, sommets annuels de l’ONU sur le climat. En Europe ? « Les deux dernières années, il y avait une certaine négativité sur les politiques environnementales et climatiques. Ribera était celle qui semblait capable de comprendre les points de blocage et d’arriver à des accords un minimum ambitieux », souligne Ariadna Rodrigo. À la COP28, l’an passé, l’Espagne avait la présidence tournante du Conseil de l’UE. La ministre espagnole y a accompagné le commissaire européen au Climat pour représenter les 27. Peu commun.

« L’Europe doit faire de la transition un plan d’industrialisation »

Vu l’ensemble des tâches qui lui sont confiées, officieusement, elle est déjà perçue comme la « première vice-présidente de facto » de la Commission européenne. Pour Ursula von der Leyen, c’est aussi un message sur sa stratégie verte : « L’Europe doit faire de la transition un plan d’industrialisation, qui peut être un avantage compétitif face à la Chine et aux États-Unis », estime Neil Makaroff. Mais l’influence réelle de Ribera dépendra de ses relations avec la présidente et les autres membres de la Commission dont les compétences s’imbriquent avec les siennes. Particulièrement le Français Stéphane Séjourné, à la Stratégie industrielle. Alors que des dents grincent à Paris, où l’Espagnole est vue comme antinucléaire. 

Dans un Parlement européen où écologistes et centristes ont reculé face à l’extrême droite, Teresa Ribera devra lutter contre des « vents contraires », selon Ariadna Rodrigo. Notamment au sujet de la législation sur la déforestation : « Elle est déjà approuvée, mais le Parlement dit qu’il faudrait le revoir, car c’est une trop grosse charge administrative pour les entreprises. » Enfin, des élections à venir dans les pays de l’UE pourraient tirer le Conseil vers des positions moins favorables au climat. Face ces difficultés, Ursula von der Leyen a choisi une personnalité réputée tenace et pragmatique. Pourra-t-elle tenir la barre ?

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