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Affaire Telegram, la France asservie, par Matt Taibbi (Le Monde diplomatique, octobre 2024)

ByVeritatis

Sep 27, 2024


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René Magritte. — « Sans titre », 1956

© ADAGP, Paris, 2024 – Bridgeman Images

Le lundi 21 octobre 2013, l’ambassadeur des États-Unis en France est convoqué au ministère des affaires étrangères. Le Monde vient de publier divers extraits des révélations du lanceur d’alerte Edward Snowden qui mettent en lumière l’interception, en un mois, de « 70,3 millions d’enregistrements de données téléphoniques de Français » par l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) : une surveillance « à grande échelle ».

Premier ministre à l’époque, M. Jean-Marc Ayrault exige des « réponses claires » de Washington et insiste pour que les États-Unis travaillent avec la France à créer « les conditions de la transparence pour qu’il soit mis fin [à ces pratiques] ». En amont d’un rendez-vous avec le secrétaire d’État américain John Kerry, qui se trouve à Paris au moment de la publication des extraits, M. Laurent Fabius, alors ministre des affaires étrangères, bout de colère. Il convient, explique-t-il, de « s’assurer, très rapidement », que cette surveillance « totalement inacceptable » cesse. Une semaine plus tard, M. Kerry admet que l’espionnage américain « est allé trop loin ».

Environ dix ans avant l’arrestation par la France (le 24 août) de M. Pavel Durov, le fondateur de la messagerie Telegram, les dirigeants européens feignent donc l’outrage face au régime de surveillance de leur allié, qui a pris des proportions considérables sous la direction du vice-président Richard (« Dick ») Cheney (2001-2009). Après les attentats du 11-Septembre, de nombreux hauts fonctionnaires américains ont en effet décrété que le respect de la vie privée était un luxe qu’ils ne pouvaient plus se permettre de protéger. Ceux qui, aux États-Unis, restaient attachés à cette valeur — le plus souvent des progressistes — se réjouissaient alors que l’Europe couvre Washington de honte. Peut-être un tel traitement ramènerait-il leur pays à la raison ?

Quand l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel découvre que le gouvernement de M. Barack Obama fouine dans son téléphone portable en (…)

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