Un article de The Atlantic précise que le prince héritier saoudien aurait fait savoir à Antony Blinken qu’il ne se souciait pas de la cause palestinienne mais qu’il devait en tenir compte. En effet, la société civile saoudienne est profondément opposée à toute forme de normalisation avec l’État hébreu.
Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, aurait déclaré au secrétaire d’État américain Antony Blinken qu’il ne se souciait pas personnellement de ce qu’il a appelé la «question palestinienne», selon un rapport de The Atlantic, publié le 25 septembre.
Le document dresse un tableau des 11 mois de négociations menées par Washington dans la région depuis le déclenchement de la guerre à Gaza, citant «deux douzaines de participants aux plus hauts niveaux du gouvernement en Amérique et à travers le Moyen-Orient».
Le rapport a déclaré que lors d’une visite en Arabie saoudite en janvier, Blinken et le prince héritier s’étaient rencontrés dans la ville saoudienne d’al-Ula pour discuter de la perspective d’une normalisation des relations du royaume du Golfe avec Israël dans le contexte de la guerre israélienne en cours contre Gaza.
MBS ne veut pas se faire assassiner
Peu de temps avant le conflit à Gaza, le prince héritier saoudien n’avait pas caché son intention de normaliser ses relations avec l’État hébreu. «Nous nous en approchons chaque jour», avait-il dit lors d’une rare interview accordée le 21 septembre 2023 à la chaîne américaine Fox News.
Selon The Atlantic, Antony Blinken avait demandé si les Saoudiens pouvaient tolérer qu’Israël rentre périodiquement sur le territoire pour frapper la bande de Gaza assiégée. «Ils peuvent revenir dans six mois, un an, mais pas après avoir signé quelque chose comme ça», aurait répondu Mohammed ben Salmane.
Selon le rapport, le prince héritier saoudien aurait également précisé que «la plupart d’entre eux n’avaient jamais vraiment eu connaissance de la question palestinienne. C’est la première fois qu’ils y sont confrontés à travers ce conflit. C’est un énorme problème. Est-ce que je me soucie personnellement de la question palestinienne ? Moi non, mais mon peuple oui, donc je dois m’assurer que cela a du sens».
En public, Mohammed ben Salmane a déclaré que l’Arabie saoudite ne normaliserait pas ses relations avec Israël sans la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale. «Le Royaume ne cessera pas ses efforts diligents pour établir un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale», a-t-il déclaré lors d’un récent discours annuel devant le Conseil de la Choura à Riyad, nous apprend un article de Middle East Eye.
Selon The Atlantic, en échange d’un accord de normalisation avec Israël, l’Arabie saoudite chercherait à conclure un traité de défense mutuelle avec Washington.
Mohammed ben Salmane a déclaré à Blinken que la recherche d’un accord de normalisation avec Israël lui coûterait très cher sur le plan personnel. Il a cité l’exemple du président égyptien Anouar el-Sadate, assassiné en 1981, quelques années après avoir signé un accord de paix avec Israël. «La moitié de mes conseillers estiment que l’accord ne vaut pas le risque», a déclaré le dirigeant saoudien de facto. «Je pourrais finir par me faire tuer à cause de cet accord».
De plus, un sondage du Washington Institute paru en décembre 2023 montrait que près de 96% de la société civile saoudienne était opposée à toute forme de normalisation avec l’État hébreu.