• ven. Oct 4th, 2024


4 octobre 2024 à 16h10
Mis à jour le 4 octobre 2024 à 17h19

Durée de lecture : 3 minutes

Couper des chênes centenaires pour en faire des pellets qui finiront brûlés dans des poêles à bois. Voici ce qui pourrait arriver aux arbres de la forêt de Chabrières à côté de Guéret, dans la Creuse. Pour protester contre le développement de ces « méga-usines à bois », plusieurs milliers de personnes sont attendues samedi 5 octobre à Guéret.

Le groupe Biosyl souhaite y construire une usine à granulés d’un montant de 26 millions d’euros, dont 5 millions d’euros de subventions apportés par l’État et la région Nouvelle-Aquitaine, selon le journal La Montagne. L’objectif : produire 85 000 tonnes de granulés à bois par an.

Biosyl assure avoir une gestion durable de la ressource. « Aujourd’hui, on ne récolte que la moitié de ce qu’il serait bien de récolter dans le cadre d’une bonne gestion de la forêt feuillue en Limousin. Et le besoin de Biosyl ne représente que 3,6 % de ce potentiel total. Ce qui est tout à fait raisonnable par rapport à la ressource », assure Antoine de Cockborne, PDG de Biosyl, dans une interview à La Montagne.

Ce n’est pas l’avis des opposants. Dans son usine située à Cosne-Cours-sur-Loire, dans la Nièvre, Biosyl débite des hêtres, du charme, du frêne de toutes tailles et de toutes qualités, ainsi que des chênes centenaires, comme l’a révélé une enquête de l’association Canopée.

Canopée craint que ce même processus se reproduise à Guéret. « Dans la Creuse, on perd chaque année 0,2 million de m3 de bois. C’est-à-dire qu’on prélève plus que l’accroissement naturel de la forêt, explique à Reporterre Bruno Doucet, chargé de campagnes forêts françaises chez Canopée. Si l’on continuait ainsi pendant des années, au bout d’un moment il n’y aurait plus de forêt dans cette région. Surtout si l’on ajoute de nouvelles usines, comme celle de Biosyl ou de Farges Bois. »

Coupes rases et pertes d’emplois

L’agrandissement de la scierie Farges Bois, à Égletons, en Corrèze, située à une centaine de kilomètres de Guéret, est l’autre projet qui inquiète les militants. « Cela augmenterait considérablement la pression sur la ressource en bois en Limousin. Et ferait concurrence aux petites scieries locales, dont certaines ont du mal à être reprises », explique Jean-Yves Lesage, responsable de l’union locale de la CGT d’Aubusson, dans un article de La Montagne.

En 1960, on comptait 15 000 petites scieries en France. Elles ne sont plus que 1 500. « C’est une perte d’emplois dans les territoires ruraux et une perte de capacité de fabriquer des objets, des meubles, des charpentes, des parquets. Ces petites et moyennes scieries ont une capacité d’adaptation à la ressource, mais elles se font peu à peu manger par les grandes », déplore Bruno Doucet de Canopée.

Et d’ajouter : « Ces deux projets de Biosyl et Farges sont des symboles d’une mauvaise gestion forestière plus générale. Des milliers de gens vont venir. Ils habitent en zone rurale et voient très bien l’augmentation des coupes rases pour alimenter ces usines. Nous devons faire changer les pratiques pour aller vers un autre type de sylviculture plus douce, qui ne détruit pas l’écosystème forestier et les animaux qui y vivent. »

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