• sam. Oct 5th, 2024

Kamala Harris ou l’illusion du changement, par Thomas Frank (Le Monde diplomatique, octobre 2024)

ByVeritatis

Oct 5, 2024


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Robin Kid. — « We Too Have a Job to Do ! » (Nous aussi, nous avons un travail à faire !), de la série « Searching for America » (À la recherche de l’Amérique), 2023-2024

© Robin Kid, galerie Templon

S’exprimant il y a quelques semaines devant la convention démocrate, Mme Michelle Obama a décrit « l’impatience, l’enthousiasme, l’euphorie de voir renaître la perspective d’un avenir plus radieux ». Dans l’ensemble, le public a apprécié. Mais certains ont jugé ces mots terriblement maladroits, voire insultants. Un partisan démocrate ne devrait-il pas estimer que le présent est déjà radieux ? L’actuel locataire de la Maison Blanche, M. Joseph Biden, venu la veille prononcer sur cette même scène un discours un peu moins fignolé, est un fidèle du parti depuis toujours. Sa présidence n’est-elle pas censée incarner une apothéose politique ?

D’une certaine manière, Mme Obama ne faisait pourtant que constater l’évidence. Il était indéniable que la salle omnisports de Chicago qui accueillait l’événement débordait d’énergie et d’excitation. On était bien loin du rassemblement futile et soporifique longtemps annoncé ; se retrouver au milieu de ces démocrates subitement optimistes avait quelque chose d’enivrant. Chaque soir à l’heure du prime time, le bâtiment était plein à craquer, une cohue de militants surexcités glapissaient et applaudissaient à tout rompre entre deux standing ovations. Manifestement, remplacer M. Biden par sa vice-présidente, Mme Kamala Harris, avait été le coup du siècle.

Un mois plus tôt seulement, ces mêmes démocrates traînaient le boulet du passé et s’énervaient devant leur télévision en voyant leur candidat, bouche béante et bras ballants, se laisser distancer par son adversaire. Et quel adversaire ! Cet effroyable républicain de Donald Trump, la pire des canailles, hybride de bouffon, de criminel, de ploutocrate, d’imbécile et de tyran, était en train de laminer le pauvre vieux Joe devant les caméras et dans les sondages.

Et puis tout s’était inversé. Désormais, c’était M. Trump qui faisait du surplace, interdit et désemparé devant ce nouveau défi. Et Mme Harris qui avançait ses pions pour occuper le vaste terrain du centre et prendre l’avantage dans les enquêtes d’opinion. Elle (…)

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