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En Amazonie bolivienne, les autorités dépassées par des feux incontrôlables


3 octobre 2024 à 15h43
Mis à jour le 5 octobre 2024 à 08h30

Durée de lecture : 4 minutes

Chili, correspondance

Maux de tête, difficultés respiratoires, démangeaisons des yeux… Les symptômes s’accumulent pour les habitants de l’est de la Bolivie, qui vivent depuis trois mois sous un épais nuage de fumée, provoqué par les incendies de forêt incontrôlables. Selon les autorités locales de la région de Santa Cruz, la plus peuplée et la plus dévastée par les flammes, plus de 7 millions d’hectares de l’Amazonie ont brûlé, soit la surface de l’Irlande. C’est huit fois plus que les grands incendies de 2022 en Europe.

« Santa Cruz est passée d’un paradis à l’enfer », a déclaré Jhonny Rojas, coordinateur des opérations d’urgence de cette région bolivienne. Les fumées ont atteint plusieurs villes du pays, comme Cochabamba ou La Paz, où la qualité de l’air a été qualifiée de « très mauvaise », obligeant les écoles à fermer pour protéger la santé des élèves. Les pompiers, qui manquent de moyens, luttent quotidiennement pour éloigner les flammes des maisons, et sont rejoints par des habitants qui prêtent main-forte, souvent sans équipement ni protection.

« Depuis trois mois, nous luttons contre les feux avec nos propres forces, en mettant nos vies en danger avec des moyens limités. Ça n’a pas été suffisant, nous sommes débordés », indique la communauté autochtone Monte Verde, l’un des territoires assiégés par les feux. La moitié de leurs terres ancestrales a brûlé et plusieurs familles ont perdu leur maison, leur bétail, leur potager et ont dû être évacuées. C’est cette communauté qui, le 25 septembre dernier, a exigé du président Luis Arce qu’il déclare l’état de catastrophe nationale, un décret qui facilite le transfert de ressources économiques du gouvernement vers les régions, et l’appui de l’aide internationale.

Des spécialistes sont venus du Brésil, du Chili ou encore de France pour aider à définir la stratégie de combat des feux, mais les autorités restent dépassées par l’ampleur des incendies. Le gouverneur régional de Santa Cruz, Mario Aguilera, appelle à « une action plus puissante », car la Bolivie, pays le plus pauvre d’Amérique du Sud, manque de « spécialistes et d’équipements pour endiguer ces incendies ».

Les brûlis agricoles en cause

Début septembre, à La Paz, capitale bolivienne perchée à 3 600 mètres d’altitude dans les Andes, des communautés indigènes et organisations environnementales se sont réunies pour manifester contre la pratique des brûlis, qui serait à l’origine des incendies. Ces brûlages (supposément) contrôlés sont utilisés sur les propriétés agricoles et forestières pour brûler la terre avant les semences.

« Si la sécheresse aggrave la propagation des incendies, la plupart des feux sont d’origine criminelle », a affirmé une manifestante. En réponse à cette crise, le gouvernement de Luis Arce a suspendu pour une durée indéterminée la loi qui autorise les brûlis, en déclarant une « pause écologique ».

D’autres pays de la Région, comme le Brésil et le Pérou, font face à des incendies de grande ampleur, provoqués par de mauvaises pratiques agricoles et les effets du dérèglement climatique. Selon l’Observatoire régional de l’Amazonie, au cours des cinq dernières années, le feu a détruit près d’un demi-million d’hectares de la plus grande forêt tropicale de la planète.

Les organisations environnementales sud-américaines considèrent que les dommages sur la faune et la flore sont irréversibles. Selon l’observatoire européen Copernicus, ces incendies ont entraîné une forte augmentation des émissions de gaz à effet de serre depuis l’Amazonie, la plus importante depuis vingt ans.

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